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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Thieffrain, église Saint-Mammès

 

La dédicace de l’église rappelle que le village appartenait autrefois au diocèse de Langres dont Mammès est le saint patron. Le bâtiment a été bâti en deux grandes phases : la construction du chevet date de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe, tandis que le transept a été édifié au XVIe siècle. La nef et l’auvent semblent, cependant, de construction encore plus récente.

Entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe il est fréquent, en Champagne, que des familles de grandes lignées ou de petite noblesse interviennent dans l’extension des édifices du culte. Ces interventions concernent souvent les transepts, comme nous pouvons encore le voir à Montier-en-l’Isle, à Villacerf, etc. C’est aussi le cas de l’église de Thieffrain et plus précisément de son croisillon sud. Dans cette partie de l’édifice nous remarquons la trace d’une porte aujourd’hui condamnée. Son linteau est orné d’un écu appartenant à la famille d’Amboise (armoirie 1), représenté accroché au mur par le biais d’une courroie. Il pourrait appartenir à Marie d’Amboise († 1519) qui possédait la seigneurie des Riceys et Bagneux-la-Fosse et très vraisemblablement celle de Thieffrain, proches les unes des autres.

Thieffrain, église Saint-Mammès, croisillon sud, détail du décor héraldique de la porte.

Au-dessus de ce linteau, protégé par un larmier, figure un relief présentant encore deux écus armoriés encadrés par des branches végétales chargées de fleurs et de feuilles charnues. Il s’agit sans doute d’un remploi dont l’origine est difficile à entrevoir (le château de Thieffrain ?). L’armoirie principale, placée au centre de la composition et de plus grande taille, a été bûchée (armoirie 2). La présence d’une couronne fleurdelisée ne laisse pourtant pas de doutes sur le fait que l’écu portait les armes du roi de France. Il était tenu en vol par deux anges, disposés d’une part et d’autre de l’écu. Comme il arrivait souvent à la Révolution, l’action des destructeurs d’armoiries se concentra surtout sur les armes fleurdelisées, considérées comme signes par antonomase de la royauté haïe, épargnant à la fois les ornements extérieurs de l’écu et les armories, même les plus proches, qui ne portaient pas de fleurs de lys. C’est ici le cas de l’écusson visible en contrebas, suspendu par une courroie au bras gauche de l’ange qui porte l’armorie du roi (armoirie 3). A travers cet expédient, cette deuxième armoirie résulte elle aussi portée par l’ange et est donc mise particulièrement en valeur. Malgré l’absence de couleurs, nous n’avons pas de difficultés à l’attribuer à la famille d’Amboise.

Thieffrain, église Saint-Mammès, croisillon sud, détail du relief aux armes du roi et d’Amboise portées par deux anges.

Peut-il s’agir ici aussi des armoiries de Marie d’Amboise, déjà vues sur le linteau ? L’hypothèse nous semble plausible. Il est d’ailleurs possible que l’armoirie d’Amboise étaient accompagnée, par de questions de symétrie assez communes dans ce genre de représentations, par un deuxième écusson, dont il ne reste pourtant aucune trace, placé à dextre de l’armoirie du roi. Suivant un schéma bien attesté, la composition aurait donc présenté les armes d’un couple avec l’armoirie du mari à dextre (la place la plus valorisante) et celle de l’épouse à senestre. Deux personnages pouvaient avoir été ici représentés. Marie d’Amboise a été en effet mariée deux fois : à Robert de Sarrebruck-Commercy, comte de Roucy († 1504) tout d’abord, puis à Jean VI de Créquy († 1513), ensuite (Liez 2024, p. 254).

Auteurs : Jean-Luc Liez, Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Jean-Luc Liez, Matteo Ferrari, Thieffrain, église Saint-Mammès, https://armma.saprat.fr/monument/thieffrain-eglise-saint-mammes/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie études

Liez Jean-Luc, « Autour de la famille d’Amboise-Saint-Belin : un aperçu de la sculpture en Barrois-Bassigny (1475-1535) », dans A. Marchandisse, G. Docquier (dir.), Ecclésiastiques, intellectuels et artistes au service du prince, en pays bourguignons et italiens (XIVe-XVIe siècles), Turnhout 2024, p. 253-270.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Thieffrain, église Saint-Mammès. Armoirie Amboise (armoirie 1)

Palé d'(or) et de (gueules) de six pièces.

  • Attribution : Amboise Marie de ; Amboise, famille
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Transept (bras sud)
  • Emplacement précis : Porte
  • Support armorié : Linteau de porte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Thieffrain, église Saint-Mammès

Thieffrain, église Saint-Mammès. Armoirie roi de France (armoirie 2)

D'(azur) à trois ? fleurs de lys d'(or).

Tenants : deux anges.

Timbre : une couronne fleurdelisée.

  • Attribution : Roi de France
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Transept (bras sud)
  • Emplacement précis : Mur sud
  • Support armorié : Pierre sculptée
  • Structure actuelle de conservation : Pièce remployée
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Thieffrain, église Saint-Mammès

Thieffrain, église Saint-Mammès. Armoirie d’Amboise (armoirie 3)

Palé d'(or) et de (gueules) de six pièces.

Tenant : un ange.

  • Attribution : Amboise Marie de ; Amboise, famille
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Transept (bras sud)
  • Emplacement précis : Mur sud
  • Support armorié : Pierre sculptée
  • Structure actuelle de conservation : Pièce remployée
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Thieffrain, église Saint-Mammès

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