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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

 

À quelques dizaines de mètres à l’est de l’abbaye de Saint-Mathieu, l’actuelle chapelle Notre-Dame de Grâces est l’ancienne église de la paroisse de Saint-Mahé, supprimée au Concordat.

Vue de l’abbaye Saint-Mathieu, détail montrant l’église paroissiale de Saint-Mahé, dans Paris, BnF, Ms. Lat. 11821, Matériaux du Monasticon Gallicanum de dom Germain, f. 124,

Une vue du Monasticon gallicanum (BnF, Ms. Lat. 11821, f. 124) et un plan de l’abbaye (Paris, AN, N III 3) et de ses abords en donnent un aperçu à la fin du XVIIe siècle. L’édifice présentait une nef rectangulaire, mesurant environ vingt-sept mètres sur neuf, terminée par un chevet plat. Elle s’ouvrait au nord par quatre arcades sur une vaste chapelle de dix sept mètres par neuf, dont le mur oriental était en léger retrait du chevet. Divisée par une double arcade dans le sens nord-sud, sa longère avait deux pignons, au premier duquel s’accrochait un porche, le second étant ajouré d’une grande baie et surmonté d’un clocheton. Menaçant ruine, l’église fut reconstruite en 1861 en supprimant la chapelle au nord, ce qui boucha les grandes arcades et rendit le porche autonome (Le Martret, Provost 2020). On réemploya largement les matériaux de démolition, dont beaucoup semblent datables du XIVe siècle. Réduit à sa seule nef principale, l’édifice ne connut plus d’évolution sensible dans la suite.

Le monument ne recèle aucun écusson d’origine, le maître-autel, seul armorié, ayant été transporté depuis la chapelle Saint-Jean en Plougonvelin à une date indéterminée (Couffon, Le Bars 1988, p. 284). Il est orné en son centre d’un écu en kersanton chargé d’un monogramme en « quatre-de-chiffre » (armoirie 1), qui devait appartenir à un roturier, peut-être un négociant ou un maître de barque, vers la première moitié du XVIe siècle.

Les prééminences des seigneurs de Roc’hdurant dans l’aile principale sont connues et consistaient en sept écussons aux armes pleines (armoirie 2) et en alliance (armoirie 3) dans la maîtresse-vitre, plus six tombes basses et un escabeau dans le chœur (Lulzac 2003, p. 212-213). Il est à supposer qu’une partie au moins de ces éléments devait dater de la fin du Moyen Âge ou du XVIe siècle. Les Mol, longtemps seigneurs de Roc’hdurant, portaient d’argent à trois ancres de sable.

Une mention de prééminences en annexe d’un aveu de 1687 apprend que les Du Drenec, seigneurs de Kerourien en Ploumoguer avaient des prééminences en la chapelle de l’aile nord, dédiée à la Sainte-Trinité. On y voyait « vis à vis à la première arcade du cœur au pignon qui soutient la tour une grande fenestre figurée de trente trois soufflets soutenue de cincq potteaux, au dixseptième desquels soufflets est un écusson fascé d’argent et d’azur du côté de l’occident qui sont lesdites armes de Kerourien » (Nantes, AD de Loire Atlantique, B 1054, fol. 597) (armoirie 4). Cette description fait songer à une verrière de la fin du XVe ou du XVIe siècle, dont le tympan arborait peut-être les armes de plusieurs familles. Il est à remarquer que les armes du Drenec, brisant les armes d’un autre lignage, semblent avoir été instables. L’Armorial Général de 1696 en recense deux versions, fascé d’argent et d’azur et d’argent à trois fasces d’azur (Paris, BnF, ms. Fr. 32235, f. 715 ; Paris, BnF, ms. Fr. 32156, f. 1005), et on leur prête également un fascé d’argent et d’azur de six pièces, au chef d’argent, en souvenir de « Jean, juveigneur de Keroulas, vivant en 1441 [qui], ayant épousé Marguerite, héritière du Drénec, en prit le nom, en conservant les armes de Keroulas, avec une brisure » (Potier de Courcy 1993, t. I, p. 345).

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces, vue du flanc nord et arases au sol de l’ancienne aile nord.

À l’été 2000, une opération de consolidation des sols aux abords de la chapelle dégagea les restes du dallage de l’aile nord, ainsi que quelques tombes d’un cimetière qui la flanquait. Sur une surface d’environ 50 m², ce dallage, en schiste et micaschiste, compte plusieurs pierres tumulaires armoriées ou gravées. L’ajustement précis des pierres tombales entre elles semble indiquer qu’avant la reconstruction de 1861, le pavement n’avait guère subi d’altération depuis l’Ancien Régime. Un rapport de visite archéologique signale que « la dalle de seuil du porche déposée est en réalité un fragment de pierre tombale en granite comprenant une croix fleurdelisée sous les branches de laquelle se trouvent deux blasons » (armoiries 5-6) (Le Faou, Centre dép. d’archéologie, Rapport de visite du 10 août 2000, merci à Ronan Pérennec qui a communiqué cette référence). Cet élément de facture assez soignée, sur lequel s’observent des arcatures à redents et un réseau à lancettes, est un réemploi ancien d’une tombe qui pourrait provenir de l’abbatiale voisine.

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces, cliché pris lors d’une opération de décapage à l’abord du flanc nord de la nef, été 2000 (cliché : Marie-Claire Cloître).

Des clichés pris avant le réenfouissement des vestiges montrent encore quatre sépultures ornées, dont deux d’un écusson. Sur la première d’entre elles, le contour de l’écu est simplement gravé en creux, de sorte qu’il pourrait ne jamais avoir été armorié (armoirie 7). La situation de la deuxième tombe, au centre d’une rangée située autrefois au pied du maître-autel disparu, dénotait un certain rang. Elle porte un écusson en relief gravé en creux, dont la forme et le caractère fruste sont datables du Moyen Âge, peut être avant le XVe siècle. Les armoiries (armoirie 8) ne sont référencées d’aucun armorial ou nobiliaire, mais appartenaient sans doute à une famille noble des environs, car elles se retrouvent localement sur une pièce erratique armoriée, probablement un nœud de fût de calvaire, vers la fin du XVe ou le début du XVI siècle. Il faut remarquer la présentation peu ordinaire des meubles, organisés symétriquement autour de l’abîme. Enfin, le décapage de l’été 2000 a permis de confirmer l’existence d’un cimetière ancien autour de la chapelle, qui pourrait possiblement compter d’autres tombes armoriées.

Auteur : Paul-François Broucke

Pour citer cet article

Paul-François Broucke, Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces, https://armma.saprat.fr/monument/plougonvelin-chapelle-notre-dame-de-graces/, consulté le 03/12/2024.

 

Bibliographie sources

Le Faou, Centre départemental d’archéologie du Finistère, rapport de visite de l’archéologue départemental Michel Le Goffic, 10 août 2000.

Nantes, AD Loire Atlantique, B 1054, f. 597, aveu de 1685 pour la seigneurie de Roc’hdurant en Lochrist.

Paris, BnF, ms. Lat. 11821, fol. 124, Matériaux du Monasticon Gallicanum de Dom Germain.

Paris, AN, N III 3, Plan de l’abbaye Saint-Mathieu, vers 1650-1670.

Bibliographie études

Levot, Prosper, « L’abbaye de Saint-Mathieu de Fine-Terre ou de Saint-Mathieu », Bulletin de la Société académique de Brest, 8, 1872-1873 (rééd. 1985).

Couffon, René, Le Bars, Alfred, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper 1988.

Lulzac, Yves, Chroniques oubliées des manoirs bretons, t. III, Nantes 2001, p. 201-213.

Mauguin, Michel, Broucke, Paul-François, Armorial de l’ancienne grande paroisse de Plougonvelin, comprenant Le Conquet, Lochrist et Saint-Mathieu, Brest 2003.

Le Martret, Rémy, Chapelle Notre-Dame de Grâcesview-source:https://www.phase-iroise.fr/spip.php?page=article-imprim&id_article=135 > (cons. le 16 octobre 2019).

Broucke, Paul-François, « Ruines abbatiales, ruines armoriées. Nouveau regard sur l’héraldique monumentale à Saint-Mathieu », dans A. Ybert (dir.), 25 ans de recherches à l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque (Plougonvelin 2019), 2020, sous presse.

Provost, Georges, Le Martret, Rémy, « Que peut-on dire de la paroisse de Saint-Mathieu aux XVIIe et XVIIIe siècles ?», dans A. Ybert (dir.), 25 ans de recherches à l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque (Plougonvelin 2019), 2020, sous presse.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie inconnue (armoirie 1)

De … à un monogramme de … .

  • Attribution : Armoirie de roturier ; Armoirie à monogramme ; Armoirie remployée
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chœur
  • Emplacement précis : Autel
  • Support armorié : Pierre sculptée
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie Mol de Roc’hdurant (armoirie 2)

D’argent à trois ancres de sable.

  • Attribution : Mol famille
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : Chœur
  • Support armorié : Verrière
  • Technique : Vitrail
  • Période : Datation inconnue
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie Mol-inconnu (armoirie 3)

Mi-parti, au 1 : d’argent à trois ancres de sable (Mol de Roc’hdurant) ; au 2 : …

  • Attribution : Mol-inconnu
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : Chœur
  • Support armorié : Verrière
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Vitrail
  • Période : Datation inconnue
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie du Drénec (armoirie 4)

Fascé d’argent et d’azur de six pièces (alias : fascé d’argent et d’azur de six pièces, au chef d’argent ; ou d’argent à trois fasces d’azur).

  • Attribution : du Drénec de Kerourien famille
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale nord
  • Emplacement précis : Mur pignon
  • Support armorié : Verrière
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Vitrail
  • Période : Datation inconnue
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoiries effacées (armoiries 5a-b)

Armoirie effacée.

  • Attribution : Armoirie effacée
  • Position : Inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Porche
  • Emplacement précis : Au pied des marches
  • Support armorié : Monument funéraire ; Plate-tombe
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1376-1400 ; 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie vierge (armoirie 6)

Armoirie vierge.

  • Attribution : Armoirie vierge
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale nord
  • Emplacement précis : Sol
  • Support armorié : Monument funéraire ; Plate-tombe
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1351-1375 ; 1376-1400 ; 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

Plougonvelin, chapelle Notre-Dame de Grâces. Armoirie inconnue (armoirie 7)

Écartelé, aux 1 et 4 : de… à une clé de… ; aux 2 et 3 : de… à une fleur de lys de… .

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale nord
  • Emplacement précis : Sol
  • Support armorié : Monument funéraire ; Plate-tombe
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1351-1375 ; 1376-1400 ; 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475
  • Dans le monument : Plougonvelin, chapelle Notre-Dame-de-Grâces

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