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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Vincennes, château

 

Mentionnée dans les textes à partir du Xe siècle, la forêt de Vincennes, acquise par le roi en raison de la proximité de Paris, était utilisée sous Louis VII († 1180) comme lieu de chasse et comme réserve de bois (Erlande-Brandenburg, Jestaz 1989, p. 7). Philippe Auguste prit l’initiative de construire un château à cet endroit, protégé par une enceinte de pierre rectangulaire, dotées aux angles de tours circulaires et d’une porte d’accès, sur le côté est, encadrées par deux tours. Plusieurs bâtiments, dont un donjon, s’élevaient à l’intérieur de la courtine. Cette structure, rapidement devenue un des hauts lieux de la vie de la famille royale, avait été également dotée d’une chapelle, dédiée à saint Martin, pour abriter une épine de la couronne du Christ. Devenue inutile, elle fut abattue par la suite (mais elle est encore visible sur le plan de Le Vau de 1654 : Fossa 1913, pl. s.n.), alors que d’autres corps de bâtiment n’ont été rasés qu’au milieu du XIXe siècle (ibid., p. 8-9).

Vincennes, château, le donjon.

Vincennes, château, vue d’ensemble des murs et du donjon.

Le château de Vincennes avait d’ailleurs déjà connu une phase de restructuration profonde sous Charles V, qui y était né. L’édification d’une nouvelle forteresse, contemporaine de grands travaux entrepris par le même roi au Louvre, fait partie d’un plus large projet de reconstruction des défenses de la ville de Paris, avec l’édification d’une nouvelle enceinte urbaine et de la forteresse de la Bastille Saint-Antoine. Se plaçant dans la prolongation des travaux lancés par Jean le Bon, son père, son projet prévoyait la construction d’un donjon et d’une Sainte-Chapelle. D’après les sources d’archives, nous savons que la commission à Jean Goupil en 1361 (Heinrichs-Schreiber 1997, p. 20) – au lendemain donc du retour du roi à Paris – d’entreprendre des travaux à « la tour neuve du Bois de Vincennes » fut suivie par une phase assez intense de travaux entre 1363 et 1369, quand la tour fut achevée (Erlande-Brandenburg, Jestaz 1989, p. 10-12). De la même époque date l’immense enceinte du château (378m x 175m), dont les travaux se concentrèrent notamment vers 1373-1377 pour s’achever avant la mort du roi en 1380 (ibid., p. 13-14). Renforcée par des tours de défense tout au long de son périmètre, elle était percée par trois portes surmontée par des tours hautes de 42 mètres : une au nord (c’est la seule qui a conservé son élévation d’origine), une à l’est et une au sud (ibid., p. 20-21).

Même si une partie des reliefs et sculptures héraldiques jadis jalonnant la résidence fortifiée ont été bûchés à la Révolution, des vestiges d’une mise en signe emblématique assez soignée sont encore visibles à plusieurs endroits et mettent en exergue le rôle de cette résidence fortifiée dans programme de renforcement de la personne du roi voulu par Charles V. Le châtelet d’entrée au donjon, les voûtes de certaines salles du donjon et la partie la plus ancienne de la chapelle constituent les nœuds de cette mise en signe héraldique de l’espace. Nous pouvons également présumer que le mur extérieur des trois portes fortifiées donnant accès au château portait, selon une pratique habituelle, les armoiries du souverain. Il est plausible que des éléments héraldiques étaient notamment représentés sur la porte nord, dite du Village, la seule des trois entrées du château à avoir conservé son aspect d’origine. Placée sur la route de Paris et précédée par un autre élément de défense, elle était dotée d’un pont dormant et percée par deux passages (utilisés encore de nos jours), l’un piétonnier, l’autre charretier. Les éléments héraldiques éventuels accompagnaient même à cet endroit un décor figuré, rentrant peut-être en dialogue avec les statues aujourd’hui perdues placées dans des niches juste en-dessus du portail (sur leur fonction voir Monnet 2007 § 26). L’armoirie royale, couronnée et soutenue par deux anges, apposée par Violet-le-Duc à l’époque de la restauration du monument (Fossa 1913, p. 58), semble évoquer cette ancienne présence.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Vincennes, château, https://armma.saprat.fr/monument/vincennes-chateau/, consulté le 06/12/2024.

 

Bibliographie études

Erlande-Brandenburg, Alain et Jestaz, Bertrand, Le Château de Vincennes, Paris 1989.

Fossa, Fançois de, Le château de Vincennes, Paris 1913.

Heinrichs-Schreiber, Ulrike, Vincennes und die höfische Skulptur. Die Bildhauerkunst in Paris 1360-1420, Berlin 1997.

Monnet Pierre, « « Paris 1377-78 ». Un lieu de pouvoir et sa visibilité entre Moyen Âge et temps présent », Médiévales, 53, 2007, p. 123-142.

Armoiries répertoriées dans ce monument

Aucune armoirie n'a été répertoriée dans ce monument.

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