Troyes, maison (12, rue Linard Gonthier)

La rue Linard Gonthier longe le mur de l’ancien castrum du bas-empire. Cette maison de ville en pans de bois se situe face à l’emplacement du mur. Elle est composée de deux niveaux sur cave, plus les combles dotés d’une lucarne. Le rez-de-chaussée est scandé de quatre poteaux dont les deux du centre portent un décor figuré. Le poteau de gauche accueille une figure de saint brandissant un livre ouvert de sa main droite. Placée à l’intérieur d’une niche, elle pouvait avoir une fonction prophylactique, assurant la protection et la prospérité de la maison et de ses occupants.

Plus à droite, un autre poteau supporte un écu armorié, en forme de targe renversée, sans doute portant à l’origine les armoiries du propriétaire (armoirie 1).

Écu armorié suspendu par une guiche. Troyes, maison (12, rue Linard Gonthier).

Celles-ci, partiellement effacées à cause de l’action des agents atmosphériques, se composaient d’un chevron. Une sorte de bordure est visible dans la partie supérieure de l’écu, mais elle pourrait dériver soit du traitement du bois, soit d’une dégradation du support (en effet, elle n’est pas visible dans d’autres parties de l’écu, notamment aux extrémités du chevron).

Certains détails révèlent encore la qualité de l’entaille. C’est le cas de la guiche permettant de « suspendre » l’écu à la tringle sculptée dans la partie supérieure du poteau. On remarquera que cette ceinture est fermée, sur la gauche, par un fermail dont on devine encore très bien les composantes. Cette manière de représenter les écus armoriés, comme s’il s’agissait d’objet réel, est documentée depuis le XIIIe siècle et découle d’une pratique réelle de suspendre ces objets à certains endroits dans d’occasions spécifiques (voir, par exemple, les peintures de l’hôtellerie de Nanteuil-en-Vallée).

Auteur : Jean-Luc Liez

Armoiries répertoriées dans ce monument