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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Saint-Jouin-de-Marnes, abbaye (église abbatiale)

 

Bâtie sur un promontoire dominant la pleine de la Dive, l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes vante des origines très anciennes. Un premier monastère bénédictin, établi sur lieu où avait vécu le saint ermite Jovinus, est connu en ce lieu depuis le VIe siècle. Ses structures furent rénovées et augmentées à la fin du IXe siècle par l’abbé Rainaldus (Crozet 1942, doc. 30), mais l’église abbatiale actuelle ne fut construite qu’entre le début du XIe et la première moitié du XIIe siècle. L’édifice devait être presque achevé en 1130, lorsque l’autel principal fut consacré. D’autres travaux furent réalisés dans les siècles suivants. Notamment, les voûtes en style angevin furent réalisées au XIIIe siècle et des travaux de fortification furent accomplis, à l’extérieur, vers la fin du XIIIe siècle (Camus 2004).

Saint-Jouin-de-Marnes, église abbatiale, voûtes de la nef (du chevet vers le mur pignon ouest)

Saint-Jouin-de-Marnes, église abbatiale, voûtes de la nef (du chevet vers le mur pignon ouest)

Comme nombre d’églises et d’abbayes de la région (voir Notre-Dame-de-Celles, Saint-Maixent …), l’église abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes fut endommagée en 1568 par les protestants. Il est probable qu’à la suite de cet épisode l’église nécessita de réparations importantes. Les travaux intéressèrent, au moins partiellement, les voûtes de la nef, comme le documente l’écu armorié d’un abbé (il est cimé d’une mitre et accolé à une crosse) que l’on voit sur la clef de voûte centrale de la dernière travée avant la croisée du transept (armoirie 1). Même si elle a été visiblement manipulée et déplacée pendant les restaurations du XIXe siècle – l’armoirie et la crosse ne sont pas dans l’axe ni de la nervure centrale de la voûte, ni de l’abside –, il est plausible que cette pièce ait été destinée à cet emplacement dès l’origine. Datable, par sa forme, entre la seconde moitié du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe, l’écusson qui l’orne est chargé d’une bande et encadré par une guirlande de feuilles, à laquelle est accrochée une croix pattée. Désormais dépourvu de sa polychromie originale, il devait porter les armes de la famille d’Escoubleau de Sourdis qui utilisait un parti d’azur et de gueules, à la bande d’or brochant sur le tout (Beauchet-Filleau 1905, p. 285).

Saint-Jouin-de-Marnes, église abbatiale, voûte de la dixième travée.

Saint-Jouin-de-Marnes, église abbatiale, voûte de la dixième travée.

Ce lignage, originaire du Thouarsais et tirant son nom de ses fiefs situés près d’Argenton-Château et de Moncontour (ibid.), paraît avoir monopolisé la charge d’abbé de Saint-Jouin-de-Marnes pendant la première moitié du XVIe siècle (Gallia cristiana 1720, col. 1276-1277). Trois abbés défilèrent sous ses voûtes : Henry d’Escoubleau de Sourdis, fils de Jean, qui fut évêque de Mallezais et mourut en 1615 (Beauchet-Filleau 1905, p. 289) ; François I d’Escoubleau de Sourdis, fils de Françoin, qui fut évêque de Bordeaux (1599-1629) et mourut en 1629 (selon Gallia cristiana 1720, col. 1277) ; Henry d’Escoubleau de Sourdis, son frère, évêque de Maillezais (1623-1629), puis de Bordeaux (1629-1645), commandeur de l’Ordre de Saint-Esprit, mort en 1645 (Beauchet-Filleau 1905, p. 289). En l’absence de documents d’archives et compte des caractères formels, la réparation de l’église après les dégâts causés par la guerre, est à notre avis l’œuvre du premier, Henry d’Escoubleau.

Un décor héraldique plus important caractérise en revanche les voûtes du cloître attenant l’église.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Saint-Jouin-de-Marnes, abbaye (église abbatiale), https://armma.saprat.fr/monument/saint-jouin-de-marnes-eglise-abbatiale/, consulté le 06/12/2024.

 

Bibliographie sources

Gallia christiana in provincias ecclesiasticas distributa, t. 2, Parisiis 1720.

Bibliographie études

H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 3, Poitiers 1905.

B. Ledain, « Notice historique et archéologique sur l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes », dans Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 2e s., 6, 1883, p. 49-136.

J. Berthelé, « L’église de Saint-Jouin-de-Marnes », dans Bulletin monumental, 1885, p. 263-272, 393-401.

R. Crozet, Textes et documents relatifs à l’histoire des arts en Poitou (Moyen âge – Début de la Renaissance), Poitiers 1942.

M.-Th. Camus, « Saint-Jouin-de-Marnes. Réflexion sur les chantiers romans de l’abbatiale », dans Congrès Archéologique de France. Monuments des Deux-Sèvres, Paris 2004, p. 247-261.

 

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Saint-Jouin-de-Marnes, abbaye (église abbatiale). Armoirie Henri ? Escoubleau de Sourdis (armoirie 1)

(Parti, d’azur et de gueules), à la bande d'(or) brochant sur le tout.

  • Attribution : Escoubleau de Sourdis Henri
  • Timbre : Une mitre ; Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1601-1700
  • Dans le monument : Saint-Jouin-de-Marnes, abbaye (église abbatiale)

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