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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Plouescat, chapelle Notre-Dame de Kerzéan

 

À environ un kilomètre au sud-est du bourg de Plouescat, bordant le chemin du manoir de Gorréploué, la chapelle Notre-Dame de Kerzéan se niche dans un paisible vallon verdoyant où coule un petit affluent de la rivière Kerallé. Le pittoresque du lieu était déjà loué il y a un siècle : « son bosquet de hêtres, sa fontaine et son calvaire lui font un cadre délicieux » (Le Guennec, 1979, p. 272).

Plouescat, chapelle Notre-Dame de Kerzéan.

Au sein d’un enclos délimité d’un muret, l’édifice affiche des proportions modestes, n’atteignant pas dix-neuf mètres de longueur, pour un peu plus de six en largeur. Il présente toutefois un intérêt certain du fait de quelques éléments bien préservés, comme la façade à clocher-pignon à deux chambres ajourée d’un hexalobe, ou encore plusieurs statues polychromes de belle facture. Si on a pu le dater du XVIe siècle (ibid. ; Couffon, Le Bars 1988, p. 274), on s’accorde maintenant à l’examen des formes de la porte (base Gertrude) à placer sa construction dans la première moitié du XVe siècle.

Des reprises aux maçonneries des parois signalent une histoire mouvementée : aujourd’hui réduite à une nef unique aveugle au côté nord et ouverte de baies modernes au sud, elle présentait à l’origine un plan en tau et était dotée d’un transept, ou tout au moins de deux chapelles faisant transept, dont il semblerait qu’elles n’étaient pas symétriques. Le cadastre de 1837 la montre encore pourvue d’une aile au sud, depuis disparue, tandis que l’arrachement d’une imposte et d’un départ d’arcade engagés dans le mur nord conservent le souvenir d’une chapelle détruite, apparemment moins développée que la précédente. Le monument a fait l’objet de plusieurs campagnes de réfection, notamment en 1714, 1809 et 1962, voyant la reconstruction quasi-intégrale du mur sud (Couffon, Le Bars 1988, p. 274 ; base Gertrude). À l’intérieur, le chaulage des murs et un lambris neuf ne permettent plus de se rendre compte des dispositions originelles.

Brest, AD Finistère, 3 P 186/1/4, Plouescat. Cadastre napoléonien, section B du Gorré, 1837.

Le Bref estat des préminences de Kerman, exceptionnel inventaire de prééminences aquarellé dressé en 1614 par le peintre Jean Bourriquen, ainsi que des mentions de droits honorifiques annexées à des aveux seigneuriaux, permettent de restituer avec précision la parure héraldique disparue de Notre-Dame de Kerzéan, révélant une richesse insoupçonnable au premier abord.

Il ressort que le monument était une fondation des Kermavan, et que deux chapelles latérales accueillaient en second rang le patronage de deux branches cadettes, les seigneurs de Kergoual au nord et de Kerliviry au sud. Le réexamen des armoiries et des réseaux des anciennes fenêtres oriente la construction aux alentours de 1400. Malgré sa taille modeste, l’édifice devait être alors l’une des principales fondations du lignage, peu avant d’être supplanté par d’autres monuments plus importants, avec l’essor des grands chantiers flamboyants en Léon dans le second tiers du XVe siècle. La chapelle reçut ensuite, dans les premières années du XVIe, une vitrerie nouvelle commandée à l’atelier quimpérois Le Sodec, probablement par le couple Tanguy de Kermavan et Louise de La Forest et/ou par Jean de Kermavan, évêque de Léon (1503-1514).

S’il ne subsiste plus aujourd’hui que deux culots et quelques tombes armoriées en réemploi dans le chœur, la densité et la complexité d’analyse des éléments héraldiques disparus nécessite un traitement différencié des espaces. On remarquera par un examen dédié les décors armoriés de la maîtresse-vitre disparue aux armes de Kermavan, de la façade occidentale, de l’ancienne chapelle latérale au nord dépendant des Kergoal et de celle au sud, également disparue, qui était aux Kerliviry

Jean Bourriquen, vue d’une verrière au sud de la nef de la chapelle de Kerzéan, Bref estat… de 1614, calque du XXe, © Inventaire général.

Il faut enfin signaler une petite fenêtre armoriée à la paroi sud de la nef, en retrait sous la chapelle de Kerliviry, qui disparut après la réédification intégrale de cette zone. Autrefois dépendante des prééminences de Kermavan, elle est représentée au sein du Bref estat… munie d’un réseau on ne peut plus simple à deux lancettes surmontées d’un unique soufflet. Il s’y trouvait un écu en bannière aux armes de l’évêque Jean de Kermavan (1503-1514) (armoirie 1), brochantes sur une crosse et timbrées d’une mitre. Cet aménagement participait sans doute de la campagne d’embellissement de l’édifice sous son épiscopat, au tout début du XVIe siècle.

Auteurs : Marc Faujour, Paul-François Broucke

Pour citer cet article

Marc Faujour, Paul-François Broucke, Plouescat, chapelle Notre-Dame de Kerzéan, https://armma.saprat.fr/monument/plouescat-chapelle-notre-dame-de-kerzean-2/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie sources

Brest, AD Finistère, 3 P 186/1/4, Plouescat. Cadastre napoléonien, section B du Gorré, 1837, échelle 1 / 2500e.

« Chapelle Notre-Dame, Kerzéan (Plouescat) », dans Gertrude, Inventaire, 1985.

Jean Bouricquen, Bref estat des préminences du marquis de Kerman…, 1614, © Rennes, Service de l’Inventaire, jeu de calques de l’original ou d’une copie du Bref estat…, deuxième moitié du XXe siècle, calque de la planche  illustrant les verrières de la nef et des chapelles latérales disparues, f. 32.

Bibliographie études

Couffon, René, Le Bars, Alfred, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper 1988 (rééd.). (p. 293)

Le Guennec, Louis, « Prééminences de la famille de Carman », Bulletin archéologique de l’Association bretonne, 44, 1932, p. 98-137. (p. 134-135)

Le Guennec, Louis, Le Finistère monumental, t. 1, Morlaix et sa région, Quimper 1979.

Pérennès, Henri, Plouescat. Notice sur la paroisse, Brest 1941.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Aucune armoirie n'a été répertoriée dans ce monument.

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