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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Montbrison, Porte de la Madeleine

 

Capitale politique du Forez et centre du pouvoir comtal, Montbrison fait l’objet d’une vaste campagne de réappropriation symbolique après l’union de Louis II de Bourbon et d’Anne-Dauphine en 1371, scellant l’intégration du comté de Forez aux territoires de la principauté bourbonnaise. Les fortifications de la ville datent de cette période ducale : elles sont envisagées dès le règne du duc Louis II († 1410) aux suites des incursions anglaises, mais ne se concrétisent que sous la supervision de la duchesse Marie de Berry († 1434), qui autorise en 1428 le départ des travaux, lesquels se poursuivent pendant près d’une décennie, jusqu’en 1437 (Mathevot 2011, p. 78). La charte de clôture de 1428 mentionne d’ailleurs déjà – parfois par leurs noms – les quatre portes monumentales de la ville (La Mure 1868, t.3, p. 191), dont la construction semble donc avoir précédé celle des fortifications. Elles portaient les noms de portes de la Madeleine, de Saint-Jean, de Moingt et de la Croix (celle-ci encore connue sous le nom de porte du Colombier en 1428) et furent démolies avec la majeure partie des remparts de Montbrison en 1792, lors de la Révolution (Mathevot 2011, p. 78). La porte de la Madeleine, au nord de la cité, n’a malheureusement été représentée sur aucune des vues médiévales et modernes de la ville aujourd’hui connues.

E. Martellange, Vue de la ville de Montbrison, 1611. Paris, BnF, dép. est. et photo., RESERVE UB-9-BOITE FT 4 (© Gallica).

Nous savons en revanche que la porte exhibait un décor héraldique, brièvement évoqué par le chanoine La Mure dans son Histoire des ducs de Bourbons, qui indique que « se voit en relief l’écuffon de Bourbon » (armoirie 1) (La Mure 1868, t. 2, p. 144) sur les quatre portes principales de la ville. Il précise également que l’écu de la porte de la Madeleine « a pour supports deux anges » et qu’il surplombe un autre écusson « chargé du dauphin de Forez » (armoirie 2) (ibid.). L’association de ces deux armoiries peut trouver plusieurs explications. Tout d’abord, les deux écussons ont pu être réalisés de manière contemporaine, soit du vivant d’Anne-Dauphine – dernière héritière du comté de Forez et porteuse des armes dynastiques –, soit après sa mort en 1417, les Bourbons devenant alors chef de nom et d’armes du lignage forézien et en capacité d’associer les armoiries comtales aux leurs, comme on peut encore le voir aujourd’hui sur la face nord du clocher de la collégiale Notre-Dame d’Espérance. Une autre possibilité serait que la porte, dont l’existence précède peut-être l’arrivée des Bourbons en Forez, ait d’abord exhibé l’écusson de Forez seul, auquel aurait été ajouté tardivement l’écusson ducal. Dans un cas comme dans l’autre cette composition illustre parfaitement l’importance et la maitrise du langage emblématique chez les Bourbons, insistant sur l’alliance entre les deux dynasties et rappelant subtilement, par le positionnement des armoiries – l’écu ducal au-dessus de l’écu comtal – la hiérarchie des pouvoirs et le prestige de leur nom. Leur coexistence sur la porte nord renforçait également le discours politique des fortifications de la cité, désormais sous protection princière, et illustrait aux yeux de tous la continuité et la passation du pouvoir forézien entre les mains des ducs de Bourbon.

Auteur : Antoine Robin

Pour citer cet article

Antoine Robin, Montbrison, Porte de la Madeleine, https://armma.saprat.fr/monument/montbrison-porte-de-la-madeleine/, consulté le 16/10/2024.

 

Bibliographie sources

La Mure, Jean-Marie de, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, en forme d’annales, sur preuves authentiques, Paris 1868.

Bibliographie études

Mathevot Christophe, « Montbrison », dans P-Y. Laffont (dir.), L’armorial de Guillaume Revel, Lyon 2011, p. 78-90.

Armoiries répertoriées dans ce monument

Montbrison, Porte de la Madeleine. Armoirie Bourbon (armoirie 1)

(D’azur à trois fleurs de lys d’or, au bâton de gueules en bande brochant).

  • Attribution : Bourbon famille de
  • Tenants / Supports : Deux anges
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Mur
  • Support armorié : Inconnu
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1351-1375 ; 1376-1400 ; 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Montbrison, Porte de la Madeleine

Montbrison, Porte de la Madeleine. Armoirie Forez (armoirie 2)

(De gueules au dauphin d’or).

  • Attribution : Forez de famille
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Mur
  • Support armorié : Inconnu
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1376-1400 ; 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Montbrison, Porte de la Madeleine

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