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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Poitiers, logis de la Grande-Barre

 

Situé dans la partie sud-ouest de la ville de Poitiers, tout près d’une porte de l’enceinte urbaine romaine (dont l’arc brisé était encore visible au XIXe siècle), le logis de la Grande-Barre est formé par deux corps perpendiculaires, avec le mur pignon du bâtiment mineur qui donne sur la rue. Bâti dans la seconde moitié du XVe siècle (Hernier-Manson 1968, p. 508),  il faisait partie, au XVIIe siècle, des annexes du couvent de Sainte-Catherine, situé à quelques dizaines de mètres sur la même rue (Longuemar 1875, p. 567).

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, détail de la fenêtre du Ier étage avec angelot tenant un écu.

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, détail de la fenêtre du Ier étage avec angelot tenant un écu.

Des éléments héraldiques en ponctuent les façades, notamment en correspondance des ouvertures. La fenêtre à meneau en croix du deuxième étage, avec piédroits et linteau moulurés, est ornée de deux angelots qui tiennent respectivement un cartouche (celui à droite) et un écusson (armoirie 1) (celui à gauche, la place hiérarchiquement prééminente). Soigneusement gratté, ce dernier devait porter les armes de la famille propriétaire de l’immeuble. La cour du palais est fermée par un mur en pierre dans lequel s’ouvre un ample portail surmonté par une haute accolade terminant en un chou fleuri, typique du XVe siècle, et encadré par deux pinacles. À gauche, se trouve un tabernacle abritant jadis une statue protégée par un dais prismatique. Elle posait ses pieds sur une console où deux anges, sculptés en relief, soutiennent un écu (armoirie 2), malheureusement trop abîmé pour pouvoir être identifié (s’agissait-il d’une armoirie du roi de France ?).

Un dessin publié par Longuemar (1875, pl. VI) montre qu’à l’origine la niche ornée était placée sur la façade de la maison accolée à l’aile méridionale du logis et abritait une statue, aujourd’hui disparue. Faisant manifestement partie à l’origine de l’ornementation d’une église, cette niche sculptée a vraisemblablement été remontée à son emplacement actuel après la destruction de l’édifice auquel elle appartenait et la constitution d’une collection d’antiquité dans le logis de la Grande-Barre (Musée de la Grand’Barre 1821).

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, tabernacle avec console à deux anges tenants un écu.

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, tabernacle avec console à deux anges tenants un écu.

Au fond de la cour, l’accès au logis est rendu possible par un autre portail à l’accolade qui repose, à gauche, sur un animal (un singe) et, à droite, sur un élément végétal. Un grand écusson est sculpté au milieu du haut gâble qui surmonte le portail  (armoirie 3). S’il n’apparaît pas dans le dessin du palais, d’ailleurs plutôt sommaire, publié par Robuchon en 1890 (p. 150), nous n’avons pas de raisons de douter de sa pertinence à l’édifice originel. L’armoirie, qui a l’air d’avoir été bien grattée et dont le profil a été endommagé à plusieurs endroits, devait porter les armes des propriétaires de l’hôtel, comme d’habitude affichées au-dessus de l’entrée principale.

Au rez-de-chaussée, éclairée par deux fenêtres ouvrant sur le jardin, se trouve une salle dotée d’une cheminée dont la structure et le décor sont compatibles avec une datation à la fin du XVe siècle (Crozet 1971, p. 97). Le manteau est orné d’un écusson supporté par deux anges (armoirie 4). Si la nature des deux tenants avait fait croire qu’il s’agissait d’une armoirie du roi de France (Robuchon 1890, p. 150), Longuemar prétendait plutôt reconnaître sur la surface de l’écu « trois roses posées 2 et 1 » (Longuemar 1875, p. 567), alors que des traces de dorures y étaient encore visibles dans les années 1960 (Hernier-Manson 1968, p. 507). D’après le dessin publié par Longuemar un chef aurait complété l’armoirie (Longuemar 1875, pl. VIII).

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, salle au rez-de-chaussée avec cheminée armoiriée (Mémoires SAO, 1875, pl. VIII)

Poitiers, Logis de la Grande-Barre, salle au rez-de-chaussée avec cheminée armoriée (Longuemar 1875, pl. VIII).

Induit probablement en erreur par la présence des deux anges, Longuemar croyait que ces armes, à son avis à identifier avec celles des premiers propriétaires de l’édifice, appartenaient à une abbaye plutôt qu’à « une famille de robe ou d’épée » (ibid., p. 574). Au passage, on notera que François Doineau, maire en 1509, portait de gueules à trois roses d’argent boutonnées d’or » (Paris, BnF, Ms. Fr. 20157, f. 173r ; Thibaudeau 1840, p. 389) et que Joachim Rogier de Migné, maire en 1558, portait « d’azur à trois roses d’or, deux en chef et une en pointe » (Paris, BnF, Ms. Fr. 20157, f. 174r ; Thibaudeau 1840, p. 401).

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Poitiers, logis de la Grande-Barre, https://armma.saprat.fr/monument/logis-de-la-grande-barre-poitiers/, consulté le 02/04/2025.

 

Bibliographie sources

Paris, BnF, Ms. Fr. 20157, Recueil certain des noms et armoyries des mayres de la ville de Poitiers depuis l’an 1200, f. 165r-178v.

Bibliographie études

A.-R.-H. Thibaudeau. Histoire du Poitou. Nouvelle édition continuée jusqu’en 1789, Niort 1840.

A. De Longuemar, « Notice sur le Logis de la Grande-Barre», Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 39, 1875, p. 565-575.

J. Robuchon, Paysages et monuments du Poitou photographiés, I, Poitiers (Vienne), Paris 1890.

Musée de la Grand’Barre à Poitiers. Vente du Logis et des objets d’art qu’il renferme, Poitiers 1921.

D. Hernier-Manson, « Quelques édifices de l’époque flamboyante à Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 4, 1968, p. 499-524.

R. Crozet, « Recherches sur les maisons anciennes en Haut-Poitou (département de la Vienne) », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 4, 11, 1971, p. 89-101.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Poitiers, Logis de la Grande-Barre. Armoirie bûchée (armoirie 1)

De…

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Armoirie illisible
  • Tenants / Supports : Un ange
  • Position : Extérieur
  • Étage : 2ème étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade ; Mur pignon
  • Emplacement précis : Fenêtre
  • Support armorié : Statue
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, logis de la Grande-Barre

Poitiers, Logis de la Grande-Barre. Armoirie bûchée (armoirie 2)

De…

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Armoirie illisible
  • Tenants / Supports : Un ange
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Tabernacle
  • Support armorié : Console
  • Structure actuelle de conservation : Déplacée dans le même monument
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, logis de la Grande-Barre

Poitiers, Logis de la Grande-Barre. Armoirie bûchée (armoirie 3)

De…

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Armoirie illisible
  • Position : Extérieur
  • Étage : Rez-de-chaussée
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Porte d'entrée
  • Support armorié : Tympan
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, logis de la Grande-Barre

Poitiers, Logis de la Grande-Barre. Armoirie inconnue (armoirie 4)

De… à trois roses (?) de…, au chef (?) de…

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Tenants / Supports : Deux anges
  • Position : Intérieur
  • Étage : Rez-de-chaussée
  • Pièce / Partie de l'édifice : Salle
  • Emplacement précis : Cheminée
  • Support armorié : Manteau de cheminée
  • Structure actuelle de conservation : Lieu inconnu
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, logis de la Grande-Barre

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