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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Bonnes, église Saint-André

 

A l’origine érigée comme prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine de Déols et consacrée à saint André (Beauchet-Filleau 1868, p. 214; Semur 1984, p. 135), l’église de Bonnes conserve presque intégralement sa structure romane (Crozet 1967, p. 25) : façade, nef, travée sous clocher et chevet remontent au XIIe siècle. Seulement le clocher a été reconstruit en 1892, après avoir été endommagé par un tremblement de terre au XVIIIe siècle et s’être définitivement effondré en 1889 (Le patrimoine 2002, t. 2, p. 894).

Les modifications plus importantes à la structure originaire sont donc concentré sur le coté sud de l’édifice où, au XVe siècle, une chapelle seigneuriale à deux travée fut accolée à la nef. Construite quelques mètres plus à l’est par rapport au plan de la façade, elle est accessible à travers une porte ouverte dans le mur qui donne vers la place, ornée d’un encadrement avec les piliers et le linteau à moulurations prismatiques. La chapelle, restaurée en 1908, est mise en communication avec la nef par des arcs en ogive, larges et épais, qui reposent sur un grand pilier à section circulaire. L’ouverture de ces passages comporta la démolition partielle d’une des  colonnes adossées au mur gouttereau sud, qui soutenait à une primitive voûte en pierre (probablement à berceau) couvrant la nef. De cette époque daterait donc la réfection de la couverture de la nef en bois (base Gertrude).

Bonnes, église Saint-André, intérieur, chapelle latérale.

Bonnes, église Saint-André, intérieur, chapelle latérale.

Les présences héraldiques sont concentrées dans la chapelle latérale, sur les clefs de voûte et sur les clefs des arcs formerets qui la mettent en communication avec la nef. Signalés dans la littérature sur l’édifice, les armoiries figurant sur ces éléments architecturaux ont été attribuées aux seigneurs de Touffou, un des fiefs situés dans les alentours du village. D’après cette hypothèse, ces armoiries identifieraient s’agirait soit les Montléon, soit les Chasteingner qui se succédèrent dans cette seigneurie : en 1519 Jean Chasteigner, signeur de la Roche-Posay, épousa claude de Montléon, dame de Touffou, et emmena le fief dans le propriété de sa famille (Beauchet-Filleau 1895, p. 277; les deux furent enterrés dans l’église de la Roche-Posay : Duchesne, Briot, Picart 1634, p. 254). Les deux familles portaient des armes tout à fait similaires : d’or, à un lion passant de sinople, armé et lampassé de gueules, les Chasteigner (Beauchet-Filleau 1895, t. 2, p. 273) et de gueules au lion passant d’argent, armé et lampassé de gueules les Montléon (comme l’on voit dans le décor peint, daté vers 1270, d’une salle du donjon du château de Touffou). En réalité seulement une des armoiries aujourd’hui visibles peut être attribuée à l’une des ces familles (armoirie 2). Trois autres écus, désormais également dépourvus de couleurs, présentent en effet seulement une fasce haussée (armoiries 1a-c). Un dernier écusson, surement plus tardif comme l’indique la forme arrondie de la pointe de l’écu, est en revanche totalement vierge (armoirie 3). Il n’est cependant pas exclu que celui-ci ait été ajouté au cours des travaux de restauration effectués au début du XXe siècle, à l’instar de celui placé à l’extérieur de l’édifice dans une console qui soutien la gouttière.

La perte de la polychromie originaire sur l’armoirie au lion (armoirie 2) empêche de reconnaître quelle des deux familles commandita la construction de la chapelle, en dérivant le droit d’exposer son armoirie, et, par conséquent, réduit la possibilité d’identifier le porteur de l’autre enseigne, qui sera de toute évidence à rechercher parmi les conjoints du patron de la chapelle. Si la forme de l’écu reste en usage jusqu’au début du XVIe siècle, des autres éléments nous invitent à dater la construction de la chapelle dans la seconde moitié du XVe siècle, tels que l’aspect encore gothique du lion, avec son contour frémissant (armoirie 2), ou la forme de la couronne végétale qui encadre les deux écus sur les clef de voûte. Par conséquent, l’armoirie au lion pourrait bien appartenir au Montléon.

Bonnes, église Saint-André, chapelle latérale, clef de voûte armoriée.

Bonnes, église Saint-André, chapelle latérale, clef de voûte armoriée.

L’autre armoirie (armoiries 1a-c) reste en revanche énigmatique. Puisqu’il nous semble irréel d’avancer l’hypothèse que les trois enseignes ont été partiellement bouchées tout en sauvegardant la fasce dans la partie supérieure de l’écu – d’ailleurs aucune trace de bûchage est actuellement visible -, il faudra chercher cette armoirie parmi celles portées par les familles proches des Montléon. Malheureusement, aucun des lignages liées à eux semble avoir eu une armoirie à la fasce haussée, soit qu’elle composait toute seule l’enseigne, soit qu’elle était accompagnée par des autres éléments (nous pouvons imaginer que des meubles étaient peintes sur la surface de l’écu et ont été tout simplement effacés ou badigeonnés). L’hypothèse la plus plausible, à cet état de la recherche, est que l’armoirie appartenait à Jeanne Pot de Rhodes, femme de Joachim de Montléon, dont la famille portait d’or à la fasce d’azur. Cette identification, encore à prouver, permettrait de dater la construction de la chapelle avant (ou peu après) 1490, année de la mort de Joachim.

Malheureusement, on ne connait pas le lieu de sépulture de la couple, mais il faut considérer que les Montléon avaient probablement le patronat de l’église de Bonnes déjà vers la fin du XIIIe siècle (Duchesne, Briot et alii 1634, p. 232). Par contre, on sait que le fils aîné du susdit Jean Chasteigner meurt en 154o nagé dans la Vienne et fut inhumé à Bonnes (Duchesne, Briot et alii 1634, p. 235 ; Beauchet-Filleau 1895, t. 2, p. 277), mais il est difficile de reconnaître des liens avec le programme héraldique de la chapelle (Jean n’était pas marié).

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Bonnes, église Saint-André, https://armma.saprat.fr/monument/eglise-saint-andre-bonnes/, consulté le 02/04/2025.

 

Bibliographie études

A. Duchesne, I. Briot et alii, Histoire généalogique de la maison des Chasteigners, Paris 1634.

H. Beauchet-Filleau, Pouillé du diocèse de Poitiers, Niort-Poitiers 1868.

Henry Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. II, Poitiers 1895.

R. Crozet, Dictionnaire des églises de France, III. Poitou, Saintonge, Angoumois, Paris 1967.

F. Semur, Abbayes, prieurés et commanderies de l’ancienne France vers IVe siècle-vers XVIIIe siècle en Poitou-Charentes-Vendée, Bannalec 1984.

T. Allard, J, Debelle, N. Faucherre,Le château de Touffou.Vienne, La Crèche 2002.

Le patrimoine des Communes de la Vienne, Paris 2002.

https://gertrude-diffusion.poitou-charentes.fr/gertrude-diffusion/dossier/prieure-aujourd-hui-eglise-saint-andre-de-bonnes/8ea33041-e173-47c9-b239-0325e927a9ee

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Bonnes, église Saint-André. Armoirie Pot ? (armoirie 1a)

D'(or ?) à la fasce haussée d'(azur ?).

  • Attribution : Pot, Jeanne
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale sud
  • Emplacement précis : travée Ière ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Bonnes, église Saint-André

Bonnes, église Saint-André. Armoirie Pot ? (armoirie 1b)

D'(or ?) à la fasce haussée d'(azur ?).

  • Attribution : Pot, Jeanne
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale sud
  • Emplacement précis : Arc formeret ; travée Ière
  • Support armorié : Clef d'arc
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Bonnes, église Saint-André

Bonnes, église Saint-André. Armoirie Pot ? (armoirie 1c)

D'(or ?) à la fasce haussée d'(azur ?).

  • Attribution : Pot, Jeanne
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale sud
  • Emplacement précis : Arc formeret ; travée IIème
  • Support armorié : Clef d'arc
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Bonnes, église Saint-André

Bonnes, église Saint-André. Armoirie Montléon (armoirie 2)

De (gueules) au lion passant d'(argent).

  • Attribution : Montléon, Joachim de
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle latérale sud
  • Emplacement précis : travée IIème ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Bonnes, église Saint-André

Bonnes, église Saint-André. Armoirie vierge (armoirie 3)

De…

  • Attribution : Armoirie vierge
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : Arc formeret
  • Support armorié : Clef d'arc
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525 ; 1526-1550 ; 1801-1900 ; 1901-2000
  • Dans le monument : Bonnes, église Saint-André

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