ArmmA

ARmorial Monumental du Moyen-Âge
Afficher la recherche

Rechercher dans le site

Recherche héraldique

Surin, logis du Breuil-de-Surin

 

Situé à quelques mètres au nord de l’église Saint-Hilaire, le logis du Breuil-de-Surin se présente comme un édifice composite, fruit de plusieurs campagnes de construction et de transformations successives (Surreaux 2001). Il est constitué par un corps de bâtiment principal à deux étages accolé à une tour qui contient un escalier en colimaçon. L’intérieur de cette dernière est éclairé par de grandes fenêtres probablement ouvertes à la moitié du XVIII siècle, dans le cadre d’un plus vaste chantier intéressant l’intégralité de la bâtisse, à la place peut-être d’ouvertures plus petites à caractère défensif (Luc Téqui, communication orale).

Sur la façade orientale, au premier étage, se lisent encore les vestiges d’une grande fenêtre à meneaux. Nous reconnaissons notamment la présence d’un linteau à double accolade, surmonté d’un médaillon dans lequel était gravée une tête humaine de profil. Les deux accolades encadrent en revanche deux écussons armoriés, aujourd’hui très abîmés : l’un, à dextre, est chargé d’une seule fleur de lis (armoirie 1) ; l’autre, à senestre, présente deux éléments en chef, placés de part et d’autre de l’axe du bouclier, dans lesquels il semble possible de distinguer, avec Luc Téqui (communication orale), le profil de deux fleurs de lis (armoirie 2). Comme ce deuxième écusson semble avoir été délibérément bûché afin de rendre illisible l’armoirie qui le chargeait, on peut supposer qu’il portait à l’origine des armes à trois fleurs de lis, détruites à la Révolution parce qu’elles avaient été identifiées, à tort ou à raison, avec les armes de France. Il reste cependant difficile de dire si cet écu était effectivement chargé des armes du roi, pour signifier l’allégeance à la couronne du propriétaire du lieu (peut-être identifié par le premier écusson armoriés), ou bien si les deux armoiries désignaient le couple qui avait fait ériger le logis. À ce propos, Luc Téqui rappelle que la famille d’Argence, qui avait des liens avec le bourg de Surin, portait des armes à une fleurs de lis (Paris, BnF, ms. Fr. 32254, p. 269, 271). L’armoirie à senestre pourrait donc appartenir à l’épouse du commanditaire de l’édifice.

Surin, logis du Breuil-de-Surin, vestiges d’une fenêtre à meneaux ornée d’un linteau armorié (photo : L. Téqui).

La tour située de l’autre côté de l’édifice a été percée par l’ouverture d’une nouvelle porte d’entrée. Celle-ci fut probablement aménagée dans les années 1860, au moment de l’ouverture de la route départementale longeant le logis, lequel avait entre-temps été partagé en deux propriétés distinctes. Ces aménagement durent en effet suggérer un changement d’orientation de l’habitation. La porte, accessible par un perron dont les marches ont été au moins en partie réalisées avec des pierres de remploi, est surmontée d’un linteau sculpté que l’on peut dater de la première moitié du XVIe siècle, époque à laquelle le goût pour la Renaissance italienne s’affirme dans la région. Une riche frise végétale, fleurie et peuplée de petites figures humaines ainsi que d’un oiseau, encadre un écu armorié en chanfrein portant une armoirie à la fasce surmontée d’un bâton noueux (alias écot ou chicot) péri en bande (armoirie 3). L’écu est soutenu, à l’arrière, par un ange ou un chérubin, et, de part et d’autre, par deux figures hybrides – des sortes de tritons – dont le corps semble surgir des rinceaux. Les deux salamandres sculptées sous la pointe de l’écu pourraient constituer une allusion à la personne du roi François Ier dont cet animal était l’emblème. Il est certain que ce linteau sculpté n’appartenait pas à l’origine au logis du Breuil-de-Surin mais rien ne confirme cependant la tradition locale qui en attribue la provenance de l’abbaye de Charroux, utilisée comme carrière pour la construction de nombreux édifices de la région après la Révolution.

Surin, logis du Breuil-de-Surin, porte de la tour à l’arrière de l’édifice (photo : L. Téqui).

Des indications sur l’origine de cette pièce pourraient venir de l’identification de l’armoirie qui, malheureusement, demeure pour l’instant inconnue. Notons toutefois que, d’après les recherches menées par Luc Téqui (communication orale), Jean Bouillon entra en possession du logis du Breuil-de-Surin à la suite de son mariage, en 1760, avec Marie-Anne Dunoyer dont la famille possédait l’édifice au moins depuis la fin du XVIIe siècle. L’armoirie figurant sur la porte pourrait donc représenter une variante des armes des Dunoyer, famille notable de Civray connue depuis le XVe siècle (Beauchet-Filleau 1905, p. 218), à laquelle l’Armorial d’Hozier attribue deux armoiries différentes : l’une, partie d’argent et de gueules au noyer de sinople brochant sur la partition (Isaac Dunoyer, 1644-1710) (Paris, BnF, ms. Fr. 32254, p. 590), l’autre, de gueules à la fasce d’argent, au noyer de sinople brochant sur le tout. Cette dernière appartenait à Marie Dunoyer, membre de la branche principale de la famille, qui épousa Fulgent Rabeau en 1679 à Poitiers (Paris, BnF, ms. Fr. 32254, p. 610).

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Surin, logis du Breuil-de-Surin, https://armma.saprat.fr/monument/surin-logis-du-breuil-de-surin/, consulté le 15/09/2025.

 

Bibliographie sources

Paris, BnF, ms. Fr. 32254, Ch. D’Hozier, Armorial général de France dressé en vertu de l’édit de 1696, t. 27, Poitiers I.

Bibliographie études

Beauchet-Fillerau Henri et alii, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 3, Poitiers 1905.

Surreaux René, La commune de Surin, Vienne, Civray 2001.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Surin, logis du Breuil-de-Surin. Armoirie d’Argence ? (armoirie 1)

De… à une fleur de lis de…

  • Attribution : Armoirie inconnue ; famille
  • Position : Extérieur
  • Étage : 1er étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Fenêtre
  • Support armorié : Accolade ; Linteau de fenêtre
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Surin, logis du Breuil-de-Surin

Surin, logis du Breuil-de-Surin. Armoirie roi de France ? (armoirie 2)

D'(azur ?) à trois fleurs de lis d'(or ?).

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Roi de France
  • Position : Extérieur
  • Étage : 1er étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade
  • Emplacement précis : Fenêtre
  • Support armorié : Accolade ; Linteau de fenêtre
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Surin, logis du Breuil-de-Surin

Surin, logis du Breuil-de-Surin. Armoirie inconnue (armoirie 3)

De… à la fasce de…, au bâton noueux de…, péri en bande brochant sur le tout.

  • Attribution : Armoirie inconnue ; Armoirie remployée
  • Tenants / Supports : Deux hommes ; Un chérubin
  • Devise : Deux salamandres ?
  • Position : Extérieur
  • Étage : Rez-de-chaussée
  • Pièce / Partie de l'édifice : Tourelle d'escalier
  • Emplacement précis : Porte
  • Support armorié : Linteau de porte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550 ; 1551-1600
  • Dans le monument : Surin, logis du Breuil-de-Surin

Recherche

Menu principal

Haut de page