Paris, Chartreuse de Vauvert (petit cloître)

Situé au sud de l’église des Chartreux, le petit cloître était limité par les bâtiments communs (le chapitre, la sacristie, la secrétairerie, le réfectoire), par la cellule du sacristain et par le logis du prieur. Les galléries, réalisées vers 1350, étaient composées de sept travées, celles parallèles à l’église, et de six travées, les deux autres. Les murs de fond de ces espaces couverts avaient été peints avec des épisodes de la vie de saint Bruno, puis remplacés par des toiles du même sujet en 1510 (Raunié 1901, p. 16 ; aujourd’hui conservées au Louvre). Le prolongement d’une de ces gallérie mettait en communication le petit cloître avec le grand. Des aménagements importants furent réalisés dans cet espace au cours du XVIIe siècle : les arcades gothiques furent alors remplacées par des arcades en plein cintre, fermées par des vitraux peints ; les peintures sur toile furent protégées par des panneaux en bois ; des nouvelles peintures furent ajoutées (ibid., p. 17). Le sol des galléries était parsemé de dalles funéraires qui, au moment de la destruction du monastère, furent mélangées aux autres matériaux issus de la démolition, réutilisés par la suite dans la construction d’autres édifices. Elles étaient si nombreuses que, « vers 1825, les maisons voisines de l’ancienne Chartreuse étaient remplies de fragments de dalles funéraires » (Guilhermy 1873, p. 484).

Paris, chartreuse de Vauvert, petit cloître, tombeau de Robert et Jeanne Gobelin (Collecta).

D’après Raunié (1901, p. 71 et s.), qui fit l’inventaire des tombeaux jadis situés dans le cloître, il s’agissait surtout de tombes datant de l’époque moderne (XVIIe siècle) ou d’exemplaires plus anciens (notamment du XIVe siècle) mais en mauvais état de conservation, avec quelques exceptions. À la fin du XVIIe siècle, la pierre tombale « de marbre blanc » de Robert Gobelin († 1411) et Jeanne Le Bourguignon († 1436) était encore visible au milieu de la gallérie du cloître adossée à l’église, « vis-à-vis la porte de la Pissine » (Oxford, Bodleian library, Gough drawings Gaignières 5, f. 107 : Collecta ; Raunié 1901, p. 74). Trois écussons armoriés accompagnaient les portraits des défunts, représentés sous des arcades polylobées (armoiries 1-3). Les deux gravés dans la bordure portant l’épitaphe portaient l’un, à dextre, les armes des Gobelin (armoirie 1), l’autre, à senestre, à celles des Le Bourguignon, famille de l’épouse (armoirie 3). Un écu mi-parti aux armes du couple était enfin gravé sur le pilier qui séparait les images des deux époux (armoirie 2).

Les salles donnant sur le cloître étaient elles aussi utilisés comme lieu de sépulture. Le chapitre notamment constituait de toute évidence un lieu privilégié (et convoité) pour enterrer, vraisemblablement, les bienfaiteurs du monastère. La plate tombe de Marguerite de Châlon († 1378) – dont l’authenticité a été parfois mise en doute (Lebeuf 1753, p. 275-276) – se trouvait en effet dans le chapitre « devant les marchepied de l’autel » (Oxford, Bodleian library, Gough drawings Gaignières 5, f. 106 : Collecta ; Raunié 1901, p. 69). Les armories de la dame étaient gravées d’un côté et d’autre de la dalle, dans la bordure portant l’épitaphe, insérées dans des cadres polylobés (armoiries 4-5). Malheureusement, déjà à l’époque où Boudan fit le relevé du tombeau, les écus ne présentaient plus aucune trace des armoiries qu’ils avaient portées : nous ignorons donc s’ils étaient chargés des armes pleines des Châlon ou de celles parties aux armes de Savoie (Marguerite étant mariée à Jean de Savoie, mort en 1339).

Paris, chartreuse de Vauvert, salle du chapitre, inscription célébrant la construction de la chapelle de Saint-Pierre-et-Saint-Paul (Collecta).

Dans la même salle capitulaire, une inscription était plaquée contre le mur « entre deux fenestres a droite » : elle célébrait la construction, en 1332, de la chapelle Saint-Pierre-et-Saint-Paul, qui servait de chapitre, et de la sacristie qui se trouvait à son côté par Pierre Loisel († 1343) et Marguerite († 1331), sa femme (Oxford, Bodleian library, Gough drawings Gaignières 5, f. 103 : Collecta). Dans la partie inférieure de la pierre inscrite, qui était placée en face du tombeau des deux donateurs (Mellin 1798, p. 58 ; Raunié 1901, p. 5, note 3), deux écus armoriés étaient représentés entre la figure d’un pèlerin et d’un ange, ce dernier offrant le model de l’édifice qui venait d’être construit grâce à la générosité du couple (armoiries 6-7). L’écu à senestre porte indiscutablement les armes de Pierre Loisel (Raunié 1901, p. 71) : elles présentent en effet, comme meuble principal, une botte qui fait allusion à son metier de cordonnier (armoirie 7). L’écu à dextre, présentant une Sainte Marguerite chevauchant le dragon, devrait ainsi porter les armes de sa femme, Marguerite, dont le nom de famille n’est pas connu (armoirie 6).

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Paris, Chartreuse de Vauvert (petit cloître), https://armma.saprat.fr/monument/paris-chartreuse-de-vauvert-petit-cloitre/, consulté le 01/06/2025.

Bibliographie études

Guilhermy Ferdinand de, Inscription de la France du Ve au XVIIIe, t. 1. Ancien diocèse de Paris, Paris 1873.

Lebeuf Jean, « Lettre de l’Abbé le Beuf sur une tombe qui se voit dans le Chapître du couvent des Chartreux de Paris », Suite de la clef ou journal historique sur les matières du tems, 74, 1753, p. 272-277.

Millin Aubin-Louis, Antiquités nationales ou recueil de monuments pour servir à l’histoire générale et particulière de l’empire françois, t. 5, Paris 1798.

Raunié Emile, Epitaphier du vieux Paris, t. 3, Chartreux – Saint-Etienne-du-Mont, Paris 1901.

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