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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Poitiers, Hôtel d’Evreux

 

Daté de l’époque julio-claudienne (49 avant J.-C.-70 après J.-C.), l’amphithéâtre de Poitiers était l’un des plus grands édifices publics de la Gaule, pouvant accueillir 30000 spectateurs (Favreau 1978, p. 22). Construit dans le secteur méridional de la ville romaine, il fut probablement utilisé comme carrière de matériaux dès le IIIe siècle. Progressivement saccagé à l’époque moderne, au point de susciter l’intervention du corps de ville à la fin du XVIe siècle (Crozet 1969, p.158), le monument fut pour en grande partie vendu et démoli en 1857  pour permettre l’ouverture de nouvelles rues et la construction de bâtiments résidentiels.

Au XVe siècle l’amphithéâtre était fractionné entre plusieurs propriétaires qui y avaient installé leurs habitations. En 1442, un hôtel dit des Arènes – dont le nom dérivait manifestement de sa proximité à l’édifice romain – était disputé entre tel Herbert Pineau et tel Henri Blandin (Dom de Montsabert  1911-1912, p. 262). C’est seulement après cette date que l’abbaye de Saint-Junien de Nouaillé (De Chergé 1851, p. 64), située à quelques kilomètres au sud de Poitiers sur le lieu de la célèbre bataille de 1356, devint propriétaire de l’amphithéâtre et de l’hôtel homonyme (Bourgnon de Layre, Lamotte 1844, p. 39). Abbé commendataire de Nouaillé, Raoul du Fou entra en possession de l’hôtel en 1486 (ibid.).  Il fit construire sur ces structures une nouvelle résidence, connue ensuite comme Hôtel d’Evreux (ou, par corruption, Des Vreux).

L. Boudan, Veüe du dedans de l’Amphithéatre de Poictiers, Bastie par les Romains pour les Spectacles, détail. Paris, BnF, Dép. Estampes et photographie, EST VA-86 5.

L. Boudan, Veüe du dedans de l’Amphithéatre de Poictiers, Bastie par les Romains pour les Spectacles, détail. Paris, BnF, Dép. Estampes et photographie, EST VA-86 5 (source Gallica).

Le palais tirait son nom de la charge principale recouverte par son propriétaire (Bellin de la Liborlière 1844, p. 184-185), évêque de ce diocèse normand de 1480 à 1511 (Favreau 2015) où il avait commandité d’autres œuvres monumentales marquées par ses armes (comme c’était le cas du cloître de l’abbaye Saint-Taurin documenté par Gaiginières dans Paris, BnF Latin 17034, f. 263 : Collecta). Il se dressait à l’extrémité nord de l’amphithéâtre, près d’une de ses entrées principales, tandis que son jardin en renfermait la moitié orientale  (Bourgnon de Layre, Lamotte, 1844, p. 65, 67). Un dessin de Louis Boudan (Paris, BnF, Dép. Estampes et photographie, EST VA-86 5) daté de 1699 montre le logis « des Evreux » construit directement sur les arcades romaines. Le corps  principal du bâtiment était flanqué par une tourelle contenant l’escalier qui desservait les différents étages de l’immeuble.

Ce palais, qui avait abrité en 1512 un fourneau destiné à la production d’armes (Favreau 1979, p. 437), passa, entre 1624 et 1630, de la propriété de l’abbé de Nouaillé à celle du monastère qui le destina à l’accueil des novices (Dom de Montsabert  1911-1912, p. 262). Cédé en bail par l’abbaye de Nouaillé en 1757 (Bourgnon de Layre, Lamotte 1844, p. 37), il fut totalement démoli peu avant le milieu du XIXe siècle, sans qu’un relevé général en fusse réalisé (Hablot 2015). Dans la collection Gaignères, un dessin montre toutefois la partie sommitale d’un arc, ouvert dans un mur composé par des grandes pierres de taille, qui correspondait probablement à l’accès principal de l’hôtel d’Evreux.

R. de Gaignières, Armes sculptées au-dessus d'une porte, timbrées d'une mitre, d'une crosse et d'un bourdon de pèlerin. Paris, BnF, Est. Reserve Pe-8-Fol.

R. de Gaignières, Armes sculptées au-dessus d’une porte, timbrées d’une mitre, d’une crosse et d’un bourdon de pèlerin. Paris, BnF, Est. Reserve Pe-8-Fol (source Gallica).

La légende précise en effet que le détail est pris « à Poitiers rue de la Paille, à l’hostel de Leuvreux ou loge de messager de Rochefort ». Dans le cadre rectangulaire qui surmonte l’arc nous reconnaissons un écusson aux armes des Du Fou (armoirie 1), collé à un crosse abbatiale et timbré, dans le coin gauche, par une mitre dont les fanons retombent sur les marges de l’écu. Comme cela devait être le cas pour le relief bûché qui  ornait jadis le tympan de la porte du logis abbatial de Nouaillé, un bourdon de pèlerin auquel sont accrochés la coquille de Saint-Jacques et une sacoche se trouve à la senestre de l’écusson. Ce document graphique nous confirme donc l’habitude de Raoul du Fou de « signer », par l’apposition de ses armes accompagnées par les insignes de sa fonction, les œuvres dont il était le commanditaitaire, tels le logis de l’abbaye de Nouaillé ou le portail du prieuré d’Availles.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Poitiers, Hôtel d’Evreux, https://armma.saprat.fr/monument/hotel-devreux-poitiers/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie sources

Paris, BnF, Dép. Estampes et photographie, EST VA-86 5.

Paris, BnF, Est. Réserve Pe-8-Fol.

Bibliographie études

L. Bellin de la Liborlière, « Notice sur Diane de Poitiers, et sur l’appartement que l’on prétend avoir été le sien dans la ville du même nom », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1844, p. 125-189.

A. Bourgnon de Layre, A. Lamotte, L’amphithéâtre romain ou les arènes de Poitiers avec des plans et une explication architectonique dressés, Poitiers 1844.

C. de Chergé, Le guide du voyageur à Poitiers, Poitiers 1851.

Dom de Montsabert, « État sommaire des fonds concernant l’histoire monastique conservés dans la série H des Archives départementales de la Vienne », dans Revue Mabillon, 7, 1911-1912, p. 76-119.

R. Crozet, Textes et documents relatifs à l’histoire des arts en Poitou (Moyen âge – Début de la Renaissance), Poitiers 1942.

R. Crozet, « L’empreinte de l’amphithéâtre de Poitiers sur le plan de la ville », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1969, p. 158-161.

R. Favreau, La ville de Poitiers à la fin du Moyen Âge. Une capitale régionale, Poitiers 1978 (Mémoires de la Société de Antiquaires de l’Ouest, 4ème série, t. XIV, 1977-1978).

J.-C. Golvin, J.-H. Golvin, « D’un « Palais Galien » à l’autre. Nouvelles recherches sur l’amphithéâtre de Poitiers (Lemonum Pictonum) », dans Hommage à Robert Etienne, Bordeaux 1988, p. 77-108.

L. Hablot, « Poitiers à la fin du Moyen Âge, une capitale artistique ? Le mécénat des frères Du Fou, de Jean Mérichon et de quelques amateurs éclairés du XVesiècle », dans Revue historique du Centre Ouest, 12, 2, 2015, p. 227-242.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Poitiers, hôtel d’Evreux. Armoirie Raoul du Fou (armoirie 1)

D'(azur) à la fleur de lis d’(or) sommée de deux éperviers affrontés d’(argent).

  • Attribution : Du Fou, famille ; Du Fou, Raoul
  • Timbre : Deux fanons ; Une mitre ; Une crosse épiscopale/d'abbé ; Bourdon de pèlerin avec coquille de Saint-Jacques et sacoche
  • Position : Extérieur
  • Étage : Inconnu
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Arc
  • Support armorié : Cadre
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, Hôtel d'Evreux

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