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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Poitiers, fontaine du Pont Joubert

 

Des trois fontaines médiévales du faubourg sur la rue de la Croix Rouge, seule celle dite du Pont Joubert a survécu, même si elle a été déplacée en 1899 en raison de l’élargissement de la rue. Placée en bord de route elle est formée par une arcade surmontée d’un fronton triangulaire protégeant le bassin de l’eau qui s’avance en direction du fleuve. Caractérisée par un décor sobre qu’on reconnait comme typique du XVe siècle, elle fut manifestement construite avant 1443, date à laquelle nous savons que des travaux de réparations y furent réalisés (Poitiers. Sainte-Radegonde 1999, p. 25) par le maire Jean Mourant (Ginot 1936-1938, p. 272).

Fontaine du pont Joubert, Poitiers.

Fontaine du pont Joubert, Poitiers.

Le 8 août 1476, l’échevinage donna l’autorisation pour procéder à de nouvelles réparations de la fontaine et, en même temps, concéda au maire Nicolas Boiliève « de faire mectre ses armes audict bastiment de la fontaine, en telle façon qu’il advisera » (Ginot 1936-1938, p. 274). Nous sommes portés à croire que l’écu qui apparaît sur le pignon latéral sud de la fontaine (armoirie 1) fut sculpté à cette occasion, car l’élément semble un ajout à la structure d’origine. Placée au centre d’un encadrement gothique en relief délimité dans la partie supérieure par une accolade dont le profil inférieur est orné par des petites arcatures aveugles, l’armoirie était disposée de façon à être vue de la rampe d’accès – qui était droite à l’époque  –  et de la route (Viollet-le-Duc 1861, p. 527 ; Ginot 1936-1938, p. 272) : le pont Joubert, principale voie d’accès à la ville sur ce coté, était à quelques mètres seulement. Malheureusement, le relief est depuis longtemps illisible (Viollet-le-Duc 1861, p. 527 ; Ginot 1936-1938, p. 272) parce que la pierre a été creusée par l’action des agents atmosphériques.

Nous pouvons seulement supposer la présence des armes de Nicolas Boilève, connues d’après le couvercle de son sarcophage conservé dans les dépôts du Musée Sainte-Croix de Poitiers : « d’argent au chevron de gueules et trois merlettes écornées de sable en devise » (Thibaudeau 1840, p. 378 ; Paris, BnF, Ms. Fr. 20157, p. 171; Beauchet-Filleau 1891, p. 578).

Fontaine du pont Joubert, Poitiers, détail du pignon latéral avec armoirie de Nicolas Boilève (?).

Il est donc plausible que l’écu ne portait pas les armes du premier commanditaire de l’œuvre – comme on a pu le croire (Gionot 1936-1938, p. 274; Le patrimoines des communes, t. I, p. 815) mais celles d’un de ses restaurateurs. D’ailleurs, d’autres écus armoriés furent successivement insérés dans la fontaine, avec les armes d’autres maires qui promurent la restauration de la structure. C’est un témoignage important d’une pratique courante parmi les maires de la ville, qui obtenaient le droit – probablement à la suite d’une autorisation de la part du conseil municipal – d’exposer leurs armes sur les structures d’utilité publique qu’ils avaient fait construire ou réaménager pendant leur mandat, comme on le voit sur les tours et les remparts de l’enceinte urbaine (remparts de Blossac, tour du parc de la Villette, Tour du Cordier).

Sur le fronton de la fontaine, protégée par un larmier, fut ainsi encastrée l’armoirie de Gaucher de Sainte-Marthe (d’argent à cinq fusées de sable en pal) qui avait commandité des travaux de réparation lorsque il était maire de Poitiers en 1579, comme l’indique la date gravée en dessous de l’écu. Une délibération municipale l’avait autorisé à apposer ses armes sur la fontaine (Ginot 1936-1938, p. 274). Sur le fond de l’arcade, enfin, une troisième armoirie, aujourd’hui illisible, fut insérée. Disposée sur le fond d’un riche feuillage, elle était probablement timbrée d’un casque et soutenue par deux animaux (un lion et un cerf ?).

Fontaine du pont Joubert, Poitiers, détail de l'armoirie de René Citoys (1663).

Fontaine du pont Joubert, Poitiers, détail de l’armoirie de René Citoys (1663).

Sur la base, une inscription en lettres capitales fournit le nom du personnage qui commandita d’autres réaménagements : SIRE RENE CITOYS MAIRE (De Longuemar 1863, p. 354). Il s’agit de René Citoys qui fut maire en 1663 (« Quelques questions » 1857, p. 245-247) et qui portait d’argent au chevron de gueules accompagné de trois pommes de pin d’azur (Ginot 1936-1938, p. 272, note 4 ; les armoiries de deux maires « restaurateurs » sont reproduite dans la gravure publié dans Viollet-le-Duc 1861, p. 528). Un statue était probablement placée dans la niche creusée dans la paroi du fond.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Poitiers, fontaine du Pont Joubert, https://armma.saprat.fr/monument/fontaine-du-pont-joubert-poitiers/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie sources

Paris, BnF, Ms. Fr. 20157, Recueil certain des noms et armoyries des mayres de la ville de Poitiers depuis l’an 1200, f. 165r-178v.

Bibliographie études

A.-R.-H. Thibaudeau. Histoire du Poitou. Nouvelle édition continuée jusqu’en 1789, Niort 1840.

« Quelques questions archéologiques traitées à Paris au congrès des délégués des sociétés savantes (session de 1857), dans Bulletin monumental, s. 3, 23, 1857, p. 241-281.

E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française, t. V, Paris 1861.

A. le Touzé de Longuemar, « Épigraphie du Haut-Poitou », dans Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 1, t. 28, 1863, p. 43-399.

B. Ledain, « Les maires de Poitiers », dans Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 2, 20, 1897, p. 215-774.

E. Ginot, « Le Pont Joubert et ses fontaines », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 3, t. 11, 1936-1938, p. 268-285.

H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 1, Poitiers 1891.

Poitiers. Sainte-Radegonde, sous la dir. de R. Favreau, Poitiers 1999.

Le patrimoines des communes de la Vienne, Paris 2002.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Poitiers, fontaine du Pont Joubert. Armoirie Nicolas Boilève (armoirie 1)

(D’argent au chevron de gueules accompagné de trois merlettes de sable, deux en chef, une en pointe).

  • Attribution : Boilève, Nicolas
  • Position : Extérieur
  • Emplacement précis : Toiture
  • Support armorié : Pignon
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500
  • Dans le monument : Poitiers, fontaine du Pont Joubert

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