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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Vignory, église Saint-Étienne

 

Avec son château en cours de restauration et sa superbe église, Vignory offre l’aspect d’un village au patrimoine remarquable. Un atelier de sculpture réputé, appelé « Joinville-Vignory », y a par ailleurs laissé de nombreux témoignages. Au sein du village, l’église Saint-Étienne a été repérée très tôt par Prosper Mérimée qui la fait classer Monument Historique dès 1846 (base Mérimée). Elle se distingue par trois périodes de construction : la nef date du XIe siècle, le clocher est ajouté au XIIe et les chapelles du bas-côté sud sont érigées entre les XIVe et XVIe siècle. Émile Bœswilwald restaura une partie de l’édifice entre 1844 et 1860 (façade et premières travées).

Retable de la Passion. Vignory, église Saint-Étienne.

A l’ntérieur, l’église conserve deux témoignages concernant Guillaume Bouvenot († 11 septembre 1424), bailli de Guillaume de Vergy, seigneur de Vignory. Il s’agit d’un retable où il figure en donateur avec son épouse et de la pierre tombale du couple et de leur fille.

Le retable posé sur l’autel de la chapelle Sainte-Barbe, la cinquième du bas-côté sud, attribué à l’atelier de Joinville-Vignory (Hofman 1969, p. 209-222 et Schmoll 1994, p. 137-151), représente la Passion du Seigneur et déroule une sélection d’épisodes du récit, qu’aucune séparation physique n’isole. De gauche à droite, on voit : l’Arrestation du Jésus au jardin des oliviers, la Crucifixion, les Saintes femmes au tombeau et le Noli me tangere. Spectateurs de ces épisodes, les donateurs sont pourtant dissimulés derrière un pilier. Guillaume Bouvenot figure à gauche, en prière, présenté non pas par son saint patron, mais par Jean-Baptiste. Ses armes (des armes parlantes à trois têtes de bœuf) sont reproduites sur un écusson posé à ses genoux (armoirie 1) (un écu portant la même armoirie accompagne la figure de Guillaume Bouvenot dans le retable de la Passion, daté vers 1425 par Isabella Stewart, du Isabella Stewart Gardner Museum de Boston, en fait avant 1424). Nous remarquons que des traces de la polychromie originaire sont encore visibles. En particulier, des fragments d’un pigment jaune se trouvent dans le champ de l’armoirie, tandis qu’aucun élément ne subsiste sur les têtes de bœuf. Nous remarquerons le fait que Guillaume ne porte pas de tabard armorié, mais est vêtu d’un riche vêtement révélateur de sa condition bourgeoise qui ne masque cependant pas une origine modeste. Cette impression se confirme par l’absence d’armoirie de l’épouse. Celle-ci, Eudelette (version féminine du prénom masculin Eudes), a choisi comme patronne Catherine, représentée couronnée et tenant une épée dans sa main droite.

Tombeau de Guillaume Bouvenot, de son épouse et de sa fille. Vignory, église Saint-Étienne (© Monumentum.fr)

Dans la même chapelle sont conservées également deux dalles funéraires. La première pierre tombale présente trois personnages : Guillaume au centre, son épouse Eudelette à droite, et la fille du couple à gauche. Les trois personnages ont les yeux fermés. Un phylactère portant une inscription partiellement effacée court autour la tête des époux. La partie supérieure est occupée par des anges accueillant au Paradis les âmes des trois défunts. Des écussons sont gravés sous les pieds de ces personnages. Ceux posés au-dessous des époux portent les armoiries de l’homme (armoiries 2a-b), tandis que celui de la jeune fille est resté vierge, peut-être en l’attente d’un mari qui n’eut pas le temps de se manifester à elle (armoirie 2c). La deuxième est celle d’Eudelette, représentée sous une arcade, mais sans éléments héraldiques (Base Mérimée). Morte après son époux, elle choisit de se faire inhumer dans un caveau particulier.

Auteur : Jean-Luc Liez

Pour citer cet article

Jean-Luc Liez, Vignory, église Saint-Étienne, https://armma.saprat.fr/monument/vignory-eglise-saint-etienne/, consulté le 06/12/2024.

 

Bibliographie études

Hofmann, Helga D., « L’atelier de sculpture de Joinville-Vignory (1393-1442) », Bulletin Monumental, 1969, 127, 3, p. 209-222.

Palasi, Philippe, Armorial historique et monumental de l’Aube, Chaumont 2008.

Schmoll gen. Eisenwerth, Josef Adolf, « Die lothringische Skulptur des 14. Jahrhunderts. Eine Skizze zum neuesten Forschungsstand », dans J. Schroeder (dir.), Productions et échanges artistiques en Lotharingie médiévale, actes des journées d’études (Luxembourg 1992), Luxembourg 1994, p. 115-135.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Vignory, église Saint-Étienne. Armoirie Guillaume Bouvenot (armoirie 1)

D'(or ?) à trois têtes de bœuf de…

  • Attribution : Bouvenot Guillaume
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Bas-côté sud ; Chapelle
  • Emplacement précis : Autel
  • Support armorié : Retable
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1401-1425
  • Dans le monument : Vignory, église Saint-Étienne

Vignory, église Saint-Étienne. Armoirie Guillaume Bouvenot (armoirie 2a-b)

D'(or ?) à trois têtes de bœuf de…

  • Attribution : Bouvenot Guillaume
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Bas-côté sud ; Chapelle
  • Support armorié : Plate-tombe
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Image gravée
  • Période : 1401-1425
  • Dans le monument : Vignory, église Saint-Étienne

Vignory, église Saint-Étienne. Armoirie vierge (armoirie 2c)

Armoirie vierge (armoirie d’attente ?).

  • Attribution : Armoirie d'attente ; Armoirie vierge
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Bas-côté sud ; Chapelle
  • Support armorié : Plate-tombe
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Image gravée
  • Période : 1401-1425
  • Dans le monument : Vignory, église Saint-Étienne

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