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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Tours, pièce erratique (5, rue de la Bazoche)

 

Une plaque armoriée est intégrée au-dessus d’une porte moderne s’ouvrant sur la rue au 5 de la rue de la Bazoche à Tours. Malgré l’état de conservation peu satisfaisant, nous pouvons tout de même reconnaître dans l’écu portée par les deux anges une armoirie à trois fleurs de lis à la cotice brochant sur le tout (armoirie 1), que nous pouvons aisément identifier avec les armes des Bourbon. Notre lecture est confirmée par la description de la pierre sculptée faite par Henri Lambron de Lignim (1799-1863), le seul à l’avoir mentionné jusqu’à présent. Dans un recueil compilant des notes sur les rues de la ville de Tours, rédigé en 1856, l’érudit de la Société archéologique de Touraine affirme en effet qu’« au-dessus du linteau d’une petite porte murée, se trouve une pierre sur laquelle est sculptée un écu à 3 fleurs de lis, 2 et 1, et une barre nilée brochante sur le tout » (Tours BM, ms. 1243, f. 2v). Même si la description fournie par Lambron de Lignim s’avère erronée du fait qu’il qualifie génériquement la brisure de « barre » (donc, une pièce allant du coin supérieur dextre de l’écu au coin inférieur sénestre), alors que nous pouvons encore clairement distinguer la présence d’une bande, l’identification de la pièce avec celle visible encore aujourd’hui ne pose aucun doute.

Tours, 5 rue de la Bazoche, vision d’ensemble de l’emplacement occupé par la pierre aux armes des Bourbon-Vendôme.

Les caractéristiques stylistiques, ainsi que la similitude de cette pierre avec celle de l’ancien couvent des Cordeliers et celle remployée sur le pignon Est de la sacristie de la cathédrale Saint-Gatien, nous permettent de dater cet élément du XVe siècle. Sa provenance et les raisons de son remploi, à situer donc avant le milieu du XIXe siècle en raison du témoignage d’Henri Lambron de Lignim, nous restent cependant inconnues. Il convient de noter que la rue de la Bazoche se situe à l’intérieur de l’ancienne clôture canoniale qui, au XVIIe siècle, s’étendait, d’Ouest en Est, de la cathédrale Saint-Gatien à l’ancienne collégiale Saint-Martin-de-la-Bazoche, démolie à la fin du XVIIIe siècle (Lefebvre 2009, fig. 1). Le quartier canonial abritait principalement les résidences des chanoines, ainsi que la chapelle Saint-Nicolas des Quatre Coins dont ils ne subsistent que quelques vestiges.

Il est intéressant de noter que la cathédrale, la collégiale et la chapelle ont toutes été remaniées au XVe siècle, période à laquelle la plaque en question a été sculptée. Alors que l’appartenance originaire de cette pierre aux deux premiers édifices cités pose problème, sa relation avec la cathédrale Saint-Gatien semble plus plausible. S’il paraît improbable que les armes des Bourbon aient été représentées à Tours (Antoine Robin, communication orale), nous savons que les Vendôme, branche cadette de la famille qui porte des armes à la cotice chargée de trois lionceaux, sont implantés dans la ville au XVe siècle.  Bien que l’état de conservation de la pierre rende impossible de vérifier si la cotice était bien ornée des lionceaux des Vendôme, il faudra tout de même relever que les armes de la famille sont encore visibles sur les vitraux offerts par Louis de Bourbon-Vendôme à la cathédrale Saint-Gatien vers 1447 (Corpus vitrearum 1981, p. 125) et, dans le même édifice, sur l’une des clefs de voûte de la nef, dont le couvrement est achevé dans le troisième quart du XVe siècle (Fleury 2016, p. 8).

Pierre erratique aux armes Bourbon-Vendôme. Tours, 5 rue de la Bazoche.

À en juger par la qualité de la pierre remployée rue de la Bazoche, il est fort probable que celle-ci était positionnée dès son origine à l’extérieur. Peut-être alors que les armes de cette famille donatrice ornaient l’un des contreforts de la sacristie terminée au XVe siècle, au sud de la cathédrale. L’on aperçoit sur trois d’entre eux des pierres de comblement modernes dont la fonction est de cacher l’ancien emplacement bûché où on avait peut-être initialement apposé des pierres armoriées. Pour soutenir notre hypothèse, nous rappellerons que d’autres pièces erratiques de la cathédrale ont été remployées à d’autres endroits au cours des travaux d’aménagement de la ville de Tours dans la première moitié du XIXe siècle. Parmi eux, on retrouve une pierre armoriée, tout à fait similaire dans sa composition à celle que l’on vient de décrire, remployée au pignon de la sacristie qui aurait pu également orner l’un des contreforts de ce même édifice.

Auteur : Sarah Héquette

Pour citer cet article

Sarah Héquette, Tours, pièce erratique (5, rue de la Bazoche), https://armma.saprat.fr/monument/tours-piece-erratique-5-rue-de-la-bazoche/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie études

Fleury Gérard, Le gothique fantastique à la cathédrale de Tours au XVe siècle : les œuvres sculptées et imagées de la nef et de l’avant-corps occidental, Chemillé-sur-Indrois 2016.

Lefebvre Bastien, « L’organisation parcellaire et la voirie du quartier canonial de la cathédrale de Tours, du XVIIe au XVIIIe siècles », Histoire & mesure, 24, 2, 2009, p. 221-246.

Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, Paris 1981 (Corpus Vitrearum. France).

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Tours, pièce erratique (5, rue de la Bazoche). Armoirie Bourbon-Vendôme ? (armoirie 1)

D’(azur) à trois fleurs de lis d’(or) à la cotice de (gueules) (chargée de trois lionceaux d’argent ?) brochant sur le tout.

  • Attribution : Bourbon-Vendôme famille
  • Tenants / Supports : Deux anges
  • Position : Inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Inconnu
  • Support armorié : Pierre sculptée
  • Structure actuelle de conservation : Tours, 5 rue de la Bazoche
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Tours, pièce erratique (5, rue de la Bazoche)

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