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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Salles-Curan, château des évêques

 

Située dans l’est du département de l’Aveyron, la ville de Salles-Curan, dont la seigneurie appartenait initialement aux comtes de Rodez, est au XIIIe siècle la propriété des évêques de Rodez (de Barrau 1853, p. 337). En 1442 Guillaume de La Tour d’Olliergues, évêque de Rodez (1429-1457), y fait construire en un nouveau château adossé à l’enceinte du bourg pour servir de résidence de campagne. Le bail à besogne est passé avec le maître lapicide Pierre Combettes, originaire de Saint-Bauzély en Levézou (Aveyron) (Bion de Marlavagne 1875, p. 356 ; Bauchal 1887, p. 130), qui s’engage à bâtir la demeure avec trois tours, trois portes, fenêtres et lucarnes. Le château demeure l’une des résidences d’été des évêques de Rodez jusqu’à la Révolution. L’édifice est alors vendu comme bien national et subit ensuite des réaménagements pour le rendre plus fonctionnel, comme en témoignent les façades pourvues de larges fenêtres. Propriété privée encore de nos jours, entre 1922 et 2012 le château a abrité un restaurant dans son aile nord, alors que l’aile est a accueilli l’école privée catholique du village jusqu’en 2017.

Salles-Curan, château des évêques, vue générale de la porte d’entrée (© Drac Occitanie).

Le château de Salles-Curan se présente sous la forme de deux corps de logis disposés en L, articulés par une puissante tour ronde. La porte d’entrée, couverte d’un arc en tiers-point, conserve une herse dissimulée en partie haute dans l’épaisseur du mur. Au-dessus du portail, inséré dans une niche peu profonde et protégé par un larmier, un relief armorié est sculpté dans une pierre plus claire et tendre (armoirie 1). Il est surmonté par un petit oculus avec des remplages rayonnants en forme d’étoile qui donne du jour vers l’intérieur (la porte d’entrée, l’écu qui la surmonte ainsi que l’oculus au-dessus sont classés Monuments Historiques depuis le 27 juin 1928 : base POP). Dans cet écu (armoirie 1) nous pouvons aisément reconnaitre les armes de Guillaume de La Tour d’Olliergues (branche principale du lignage également connu sous le nom de La Tour d’Auvergne : base SIGILLA ; Jougla de Morenas 1948, p. 330-331) (Baudoin 2003, p. 63), par la présence de la crosse épiscopale. Dans les pratiques de mise en signe de l’espace architectural, la porte d’entrée est d’ailleurs l’endroit dans lequel figure d’habitude l’armoirie du constructeur et/ou du propriétaire de l’édifice.

Salles-Curan, château des évêques, détail du relief aux armes de Guillaume de La Tour d’Olliergues, au-dessus de la porte d’entrée (© Drac Occitanie).

À l’intérieur une cheminée armoriée est le témoin des propriétaires successifs du lieu et des aménagements réalisés au fil du temps. Sur son arcade est en effet sculptée une autre armoirie d’évêque, elle aussi posée sur une crosse (armoirie 2). Nous pouvons y reconnaitre les armes de François d’Estaing, évêque de Rodez (1505-1529) (Dubuisson 1757, p. 140).

D’autres éléments armoriés censés provenir du château des évêques, avant que celui-ci soit reconstruit en 1442 par Guillaume de La Tour d’Olliergues (de Barrau 1853, p. 337), se trouvent aujourd’hui encastrés dans le mur extérieur d’un des bâtiments qui resserrent la cour qui jouxte la collégiale Saint-Géraud. L’un en grès grisâtre, l’autre en grès rouge, ils portent les armes de deux évêques de Rodez du XIVe siècle. Le premier (armoirie 3), chargé d’un château, porte les armoiries de Bernard d’Albi († 1350) (Duchesne 1660, p. 449), qui fut évêque de Rodez (1336-1338) avant de devenir cardinal-prêtre de Saint-Cyriaque (1338) et cardinal-évêque de Porto et de Sainte-Ruffine (1349). En revache, la seconde pierre est sculptée (armoirie 4) des armes d’Aigrefeuille (Duchesne 1660, p. 665 ; Jougla de Morenas 1934, p. 128). Elles appartiendraient à Raymond d’Aigrefeuille, qui fut évêque de Rodez en 1349-1361, plutôt que à son frère Faydit († 1391), qui le fut entre 1361 et 1368 (mais il prit possession du diocèse seulement en 1365). En tant qu’ainé, celui-ci ajoutait en effet aux armes familiales une bordure chargée de seize besants (Combarieu 1900, p. 156), comme nous pouvons le constater d’après son grand sceau datant d’après son élévation au rang de cardinal en 1383 (Sigilla). La raison de l’emplacement actuel des deux pierres armoriées dans cette façade qui remonte à l’époque moderne n’est pas connue.

Auteur : Emmanuel Moureau

Pour citer cet article

Emmanuel Moureau, Salles-Curan, château des évêques, https://armma.saprat.fr/monument/salles-curan-chateau-des-eveques/, consulté le 23/11/2025.

 

Bibliographie études

Bauchal Charles, Dictionnaire biographique et critique des architectes français, Paris 1887.

Baudoin Jacques, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, Nonette 2003.

Bion de Marlavagne Louis, Histoire de la cathédrale de Rodez, Rodez-Paris 1875.

Combarieu Louis, Archives départementales antérieures à 1790. Lot, t. 3, Cahors 1900.

De Barrau Hyppolyte, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, t. 1, Rodez 1853.

Dubuisson Pierre-Paul, Armorial des principales maisons et familles du royaume, Paris 1757.

Duchesne François, Histoire de tous les cardinaux françois de naissance, Paris 1660.

Jougla de Morenas Henri, Grand armorial de France, t. 6, Paris 1948.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Salles-Curan, château des évêques. Armoirie La Tour d’Olliergues (armoirie 1)

D'(azur) semé de fleurs de lis d'(or) à la tour d'(argent) maçonnée de (sable), au bâton de (gueules) en bande brochant sur le tout.

  • Attribution : De La Tour d’Olliergues Guillaume
  • Timbre : Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Salle
  • Emplacement précis : Cheminée
  • Support armorié : Manteau de cheminée
  • Structure actuelle de conservation : Déplacée dans le même monument
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1426-1450
  • Dans le monument : Salles-Curan, château des évêques

Salles-Curan, château des évêques. Armoirie d’Estaing (armoirie 2)

D’(azur) à trois fleurs de lis d’(or) au chef de (même).

  • Attribution : Estaing François de
  • Timbre : Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Corps de bâtiment nord ; Salle
  • Emplacement précis : Cheminée
  • Support armorié : Arc ; Clef d'arc
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Salles-Curan, château des évêques

Salles-Curan, château de évêques. Armoirie d’Albi (armoirie 3)

D'(azur) au château sommé de trois tours d'(argent).

  • Attribution : Bernard d'Albi
  • Position : Inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Inconnu
  • Support armorié : Relief
  • Structure actuelle de conservation : Salles-Curan cour jouxtant l'église Saint-Géraud
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1326-1350
  • Dans le monument : Salles-Curan, château des évêques

Salles-Curan, château de évêques. Armoirie d’Aigrefeuille (armoirie 4)

D’(azur) à trois étoiles d’(or) de six rais posées 2 et 1, au chef de (gueules).

  • Attribution : Aigrefeuille Raymond de
  • Timbre : Une mitre ; Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Inconnu
  • Support armorié : Pierre sculptée
  • Structure actuelle de conservation : Salles-Curan cour jouxtant l'église Saint-Géraud
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1326-1350 ; 1351-1375
  • Dans le monument : Salles-Curan, château des évêques

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