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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Paris, couvent des Cordeliers (sépultures)

 

L’intérieur de l’église du couvent des Cordeliers était caractérisé, déjà à l’époque médiévale, par une surabondance de monuments funéraires. L’incendie qui endommagea lourdement l’édifice en 1580 provoqua la destruction d’un grand nombre des tombeaux qui y se trouvaient encore, réalisés en pierre et en bronze (Raunié 1901, p. 232 et note 3). Une partie non négligeable de ceux-ci put toutefois survivre à l’accident et nous est documentée par les descriptions et les dessins d’érudits et par les quelques vestiges monumentaux récupérés au moment de la destruction du couvent. Les monuments funéraires d’époque médiévale ornés d’éléments héraldiques étaient nombreux et devaient permettre l’identification des individus auxquels avait été octroyé le droit de sépulture dans un couvent aussi réputé. Malheureusement, il est aujourd’hui impossible d’établir si les tombeaux médiévaux documentés par les sources n’avaient pas été déplacés depuis leur mise en place.

L. Boudan, Mausolée de Charles d’Evreux, comte d’Etampes. Oxford, Bodleian Library, Gough drawings Gaignières 1, f. 16 (Collecta).

Le sanctuaire et le chœur de l’église étaient sans surprises les lieux le plus prisés, en raison de leur proximité avec la partie la plus sacrée de l’édifice, mais aussi par la présence de tombeaux de la famille royale, comme celui de Blanche de France, fille de Louis IX. Dans le côté droit du sanctuaire, sous une chapelle placée sous la seconde arcade (Raunié 1901, p. 288), se trouvait ainsi le mausolée de Charles d’Evreux, comte d’Etampes († 1336). Le monument funéraire est documenté par deux dessins de la collection de François Rogier de Gaignières. Le premier nous en donne une vision d’ensemble, avec le sarcophage en marbre noir surmonté par le gisant du défunt, sculpté en marbre blanc, le tout placé dans une chapelle couverte par deux voûtes soutenues par six piliers et ornés de gables et d’une sorte de balustrade ouvragés (Oxford, Bodleian Library, Gough drawings Gaignières 1, f. 16). Le deuxième dessin, toujours sorti de la plume de Louis Boudan, donne le détail du gisant, de nos jours conservé dans la basilique Saint-Denis (Oxford, Bodleian Library, Gough drawings Gaignières 1, f. 18). La tête placée sur un dais, sur lequel est gravé son épitaphe, habillé d’une cotte de maille et portant une épée à la ceinture et des éperons aux pieds (signes de son rang), il s’accompagne aussi d’un grand bouclier suspendu à son épaule par une guige (armoirie 1).

Gisant de Charles d’Evreux, comte d’Etampes. Paris, basilique Saint-Denis.

Celui-ci est orné par les armes du défunt qui, de manière assez surprenante, ne semblent pas avoir été représentées à d’autres endroits du mausolée. Seule la voûte de la chapelle était peinte d’azur semé de fleurs de lys d’or (armorie 2). Le décor faisait sans doute référence aux armes de la maison royale, Charles étant neveu du roi Philippe III. Nous nous demandons tout de même si les nervures de la voûte, que l’on voit colorées en rouge dans le relevé de Boudan, ne pouvaient pas être componées de rouge et d’hermine pour évoquer la composition de l’armoirie du défunt.

L. Boudan, Monument funéraire de Pierre Filhol aux Cordeliers à Paris. Paris, Bnf (Collecta).

Derrière le maître-autel, dans la chapelle Sainte-Catherine, l’enfeu de Pierre Filhol († 1540), archevêque d’Aix, occupait la première arcade sur le côté droit (Raunié 1901, p. 295). Le mausolée était somptueux, réalisé en marbre noir et blanc et en pierres coloriées d’or et d’azur (Paris, BnF, ms. Lat. 17021, f. 90 : Collecta). Le sarcophage était orné sur le flanc par les statuettes des douze apôtres, placées dans des niches en style Renaissance, tandis que le gisant du prélat, disposé sur le couvercle, était habillé des habits pontificaux avec crosse et mitre. Aux pieds du gisant, la statue d’une Vierge à l’Enfant veillait le prélat. Elle était posée sur une console encastrée dans le mur, qui était ornée des armes du défunt timbrées d’un chapeau (armoirie 3). L’entablement qui surmontait la sépulture était chargé d’un Calvaire, dans lequel le défunt, accompagné par son saint patron, était représenté à genoux devant un prie-Dieu orné d’un écu à ses armes placé sur une crosse (armoirie 4).

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Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Paris, couvent des Cordeliers (sépultures), https://armma.saprat.fr/monument/paris-couvent-des-cordeliers-sepultures/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie sources

Oxford, Bodleian Library, Gough drawings Gaignières 1.

Paris, BnF, ms. Lat. 17021.

Bibliographie études

Raunié, Emile, Epitaphier du vieux Paris, t. 3, Chartreux – Saint-Etienne-du-Mont, Paris 1901.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Paris, couvent des Cordeliers (sépultures). Armoirie Charles d’Evreux d’Etampes (armoirie 1)

D'(azur) semé de fleurs de lys d'(or) à la bande componée d’hermine et de (gueules).

  • Attribution : Evreux d'Etempes Charles de ; Evreux
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : Côté sud ; travée IIème
  • Support armorié : Gisant ; Monument funéraire
  • Structure actuelle de conservation : Paris, basilique Saint-Denis
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1326-1350
  • Dans le monument : Paris, couvent des Cordeliers (sépultures)

Paris, couvent des Cordeliers (sépultures). Armoirie roi de France (armoirie 2)

D’azur semé de fleurs de lys d’or.

  • Attribution : Roi de France
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : Côté sud ; travée IIème ; Voûte
  • Support armorié : Monument funéraire
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Peinture murale
  • Période : 1326-1350
  • Dans le monument : Paris, couvent des Cordeliers (sépultures)

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