Jaunay-Clan, église Saint-Denis

Consacrée au légendaire évangélisateur de la Gaulle et premier évêque de Paris, l’église Saint-Denis de Jaunay-Clan relevait à l’origine de l’abbaye Saint-Paul de Poitiers, avant de passer, vers la fin du Xe siècle (avant 985 : Métais 1898, p. 6), dans les possessions de celle de Bourgueil en Anjou (Beauchet-Filleau 1868, p. 285-286). De l’église construite au XIe-XIIe siècle, composée de six travées et d’un chevet plat, ne reste que la travée du clocher et la partie inférieure des deux travées occidentales (Eygun 1965, p. 36, 149), qui furent voûtées à l’époque gothique, tandis que le chevet fut totalement reconstruit en formes néogothique en 1871 (Métais 1898, p. 21).

Clef de voûte ornée d’un écu bûché. Eglise Saint-Denis, Jaunay-Clan, II^ème travée.

La première travée repose, du côté du mur pignon ouest, sur deux colonnettes soutenues par deux têtes couronnées (d’un homme, comme d’habitude, à gauche et d’une femme à droite) qui semblent dater de la première moitié du XIIIe siècle. La couverture de la seconde travée est en revanche plus tardive, comme l’indiquent le différent profil des nervures et la forme de l’écu sculpté sur sa clef (armoirie 1), inséré dans un encadrement polylobé et orienté avec la pointe en direction du maître autel. Son profil « ogivé » paraît en effet conforme aux choix formels de la seconde moitié du XIVe siècle.

Totalement bûché, cet écusson arait porté, d’après certain, les armes de la maison d’Orange (Parvis). Nous pensons en revanche que cet écu, déjà illisible en 1875 (Barbier de Montault 1875, p. 210), pouvait porter les armes du roi de France, peut-être afin d’affirmer la fidélité du prieuré à la couronne à la quelle était strictement lié aussi son saint titulaire. Dans la région, à la Révolution furent en effet surtout les armories avec des fleurs de lys à subir les bûchages plus minutieux, même quand elles se trouvaient – comme c’est ici le cas – dans des emplacements difficilement accessibles. Les traces d’une litre funéraire étaient encore visibles à la fin du XIXe siècle sur les murs sud et ouest (Barbier de Montault 1875, p. 210) : elle portait les armes des seigneurs de la tour de Brain qui au XVIIe siècle avaient le « droict de chapelle et ban pour faire nos prières au lieu le plus eminant de laditte esglize, avecq droit de mettre litre et armoiries dedans et dehors » (ibid., p. 222). À la fin du XIXe siècle l’armoirie de la famille était encore visible sur le vitrail de la chapelle de la Vierge (Métais 1898, p. 18).

Auteur : Matteo Ferrari

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