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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Clermont-en-Beauvaisis, Hôtel de ville

 

Les origines de l’actuel hôtel de ville de Clermont-en-Beauvaisis remonteraient au XIIe siècle, période à laquelle l’édifice occupait le rôle de halle aux draps (Ansart 1957, p. 73). Il était encore désigné par cette fonction en 1373 dans le dénombrement du comté de Clermont-en-Beauvaisis (Paris, BnF, ms. Fr. 20082) et devint, au fil des siècle, le lieu de nombreuses autres activités : halle aux blés, grenier à sel, auditoire royal, siège de différentes juridictions, etc. (Parmentier 2000, p. 59). Racheté au XIIIe siècle par Philippe-Auguste, le comté de Clermont fut dans un premier temps donné en apanage à son fils Philippe Hurepel, avant de revenir aux possessions de la Couronne sous Louis IX qui le donna à son tour en apanage à son dernier fils, Robert de France († 1317), fondateur de la dynastie des Bourbons. Le comté devint par la suite la possession traditionnelle des fils ainés de la maison de Bourbon, dont ils portaient le titre avant de succéder à leurs pères en tant que ducs.

Tenture de l’Histoire des Gaules, Vue de la ville de Clermont. Ministère de la culture – Inventaire général ; AGIR-Pic. (Cliché : L. Jumel).

C’est à cette période ducale que l’hôtel de ville fut restauré ou agrandi pour la première fois, sous l’impulsion du duc Louis II de Bourbon († 1410), probablement en parallèle de la campagne de fortification de la cité ordonnée par celui-ci (ibid., p. 60). L’édifice fut remanié plusieurs siècles plus tard sur décision de Viollet-le-Duc qui, après l’avoir fait classer aux monuments historiques en 1874 (base POP), ordonna dès l’année suivante une campagne de restauration dirigée par l’architecte des Monuments Historiques Paul Selmersheim (Teillet 1995, p. 171). La lourde rénovation ne laisse aujourd’hui que peu d’éléments d’origine et l’édifice médiéval ne nous est connu que par une maigre iconographie. On peut néanmoins l’apercevoir dans le décor de la tenture de l’Histoire des Gaules (base POP) ou sur une vue de la ville, réalisée par Claude Chastillon en 1644 (Paris, BnF, département Cartes et plans, GE BB-246, XI, 133). Bien qu’aucune source iconographique ne nous renseigne précisément sur son décor, un document judiciaire de la première moitié du XVIe siècle nous informe de la présence d’armoiries en son sein.

Vue de la ville de Claude Chastillon, LA ville et chasteau de Clermont, 1644. Paris, BnF, Département cartes et plans, GE BB-246, XI, 133.

En effet, le 26 juillet 1527, plus de deux mois après la mort du connétable de Bourbon, le Parlement de Paris rend une sentence post mortem à l’encontre de celui-ci, ordonnant l’abolition de sa mémoire, la confiscation de tous ses biens et la destruction de ses armoiries et de ses emblèmes sur l’ensemble de ses territoires (Robin 2021, p. 191-211). Le procès-verbal de cette entreprise, réalisée entre septembre 1527 et janvier 1528, décrit avec précision la démarche des officiers lors de leur expédition à travers le royaume afin d’y faire appliquer la sentence. On apprend ainsi que lors de leur premier passage à Clermont, le 14 septembre, les officiers sont informés de la présence d’armoiries de Bourbon dans l’auditoire de la ville (armoirie 1a- ?). Bien que le document ne livre aucune information spécifique sur leur emplacement dans l’édifice, sur leur support ou sur la technique employée, il est précisé qu’elles furent « faictes du temps de ladicte feu Dame Anne de France » (Paris, BnF, ms. Fr. 18447, f. 96). Cette information nous permet donc de dater la réalisation de ce décor héraldique entre 1488, date d’accession au principat d’Anne de France, et 1522, date de son décès. Cela expliquerait également pourquoi les armoiries échappèrent à la sanction iconoclaste des parlementaires : contrairement aux armoiries et aux devises trouvées sur la maison du receveur de Clermont, les armes réalisées dans l’auditoire, directement associées au mécénat de la défunte duchesse – une princesse de France –, furent jugées sans lien direct avec le connétable et trop précieuses pour être détruites, alors même que le comté de Clermont revenait à la Couronne.

Par ailleurs, bien qu’aucune source n’en documente l’existence, il est permis de spéculer que si les armes ducales figuraient dans l’hôtel de ville, celui-ci, en sa qualité d’auditoire royal, devait également exhiber les armoiries du roi de France.

 

 

Auteur : Antoine Robin

Pour citer cet article

Antoine Robin, Clermont-en-Beauvaisis, Hôtel de ville, https://armma.saprat.fr/monument/clermont-en-beauvaisis-hotel-de-ville/, consulté le 25/04/2024.

 

Bibliographie sources

Paris, BnF, ms. Fr. 18447, Procès criminel du connestable [Charles] de Bourbon et de ses complices (1523-1533).

Paris, BnF, ms. Fr. 20082, Hommages du comté de Clermont-en-Beauvoisis.

Bibliographie études

Ansart Charles, « Origines et vestiges de l’Hôtel de Ville primitif de Clermont-en-Beauvaisis (XIIe siècle) », Comptes-rendus et mémoires de la Société archéologique et historique e Clermont-en-Beauvaisis, 1956 (1957), p. 73-81.

Parmentier René, Clermont-en-Beauvaisis. Monuments, rues, maisons. Etudes historique et archéologique, Paris 2000.

Robin Antoine, « Emblematic iconoclasm. The case of Charles of Bourbon in 1527 », dans S. Thiry, L. Duerloo (dir.), Heraldic hierarchies. Identity, status and state intervention in early modern heraldry, Leuven 2021, p. 191-211.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Clermont-en-Beauvaisis, Hôtel de ville. Armoirie Bourbon (armoiries 1a- ?)

(D’azur à trois fleurs de lis d’or, au bâton de gueules en bande brochant).

  • Attribution : Bourbon famille de
  • Position : Inconnue
  • Étage : Inconnu
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Inconnu
  • Support armorié : Inconnu
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Inconnue
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Clermont-en-Beauvaisis, Hôtel de ville

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