Chiré-en-Montreuil, château

Placé sur un éperon rocheux surplombant le village, à la confluence de l’Auxances et de le Vendelogne, le château de Chiré-en-Montreuil n’apparaît dans la documentation qu’à partir de 1351, même si le site pourrait avoir été fortifié dès le XIIe siècle (Evrard 1995). Formé par plusieurs corps de bâtiment disposés autour d’une cour centrale, le château était autrefois complété par une enceinte fortifiée. Cinq tours en assuraient la protection. Deux d’entre elles encadraient le châtelet d’entrée, jadis équipé d’un pont levis à flèches desservant un pont dormant (ibid.).

Chiré-en-Montreuil, château, bretèche du châtelet d’entrée.

Une bretèche sur mâchicoulis protégeait l’entrée principale, ouverte dans le châtelet qui, construit vers le milieu du XVe siècle, avait été fortement endommagé en 1574, quand tous les éléments défensifs du château furent rasés pour ne pas offrir un refuge potentiel à des Huguenots (Bouvart et al. 2005, p. 356). Entre 1574 et 1583, Marc de Péréfixe fut l’auteur d’une première campagne de reconstruction qui porta sur la remise en état de l’enceinte et sur la reconstruction de la façade du châtelet, pendant laquelle des pierres de taille et des bois de charpente furent réutilisés (Bouvart et al. 2005, p. 356). Il avait acquis la seigneurie de Chiré par le biais de son mariage, en 1576, avec Judith de Vandel, fille d’Adrien de Vandel et de Renée Vigeron (Vigouroux, Gaudichon 1979) et probablement nièce de Jacques Vigeron (Bouvart et al. 2005, p. 343). La date 1583 gravée au dessus du portail principal témoigne donc de cette intervention, tout comme l’écu armorié qui la surmonte (armoirie 1). Très abîmé, probablement par les agents atmosphériques plus que par une action intentionnelle de bûchage, celui-ci semble en effet avoir porté une armoirie au chevron dans laquelle nous pouvons reconnaître les armes des Péréfixe. Plus en haut, dans la bretèche, est en revanche encastrée une autre pierre sculptée qui porte deux écussons chargés des armes à deux fasces vivrées des Vigeron (armoirie 2a-b), qui furent seigneurs du lieu à partir du début du XVe siècle et jusqu’au milieu du XVIe siècle (ibid.). Si ce deuxième relief armorié pourrait donc avoir été récupéré et remployé au moment des travaux réalisés à la fin du XVIe siècle, leur association avec l’écusson aux armes présumées de Marc de Péréfixe ne semble pas être fruit du hasard. La mise en signe de la bretèche, véritable lieu de présentation du propriétaire du lieu comme c’est le cas, par exemple, du logis de l’abbaye de Fontaine-le-Comte, aurait ainsi proposé une sorte de généalogie de la seigneurie de Chitré, présentant les Péréfixe comme les héritiers des Vigeron en vertu du mariage déjà mentionné entre Marc de Péréfixe et Judith de Vandel.

Écus aux armes des Vigeron. Chiré-en-Montreuil, château, bretèche du châtelet d’entrée.

À l’intérieur de l’enceinte, juste derrière le portail d’entrée, la porte d’entrée au bâtiment résidentiel principal de la forteresse, réaménagé dans les années 1640-1650 (Bouvart et al. 2005, p. 359), est surmontée d’une pierre armoriée (armoirie 3) et inscrite portant le millésime 1644 et le nom de Jean Jacques. La pierre fait sans doute reference au fait qu’en 1644 Jean partagea avec son frère les successions de leurs parents et de leurs tantes, Abignée de Vandel et Louise de Péréfixe, rentrant ainsi en possession de Chiré (Beauchet-Filleau 1965, p. 177). Nous doutons en revanche que l’écusson désormais illisible portait les armes de la famille du nouveau seigneur (d’azur à trois coquilles d’or). Le collier de l’ordre de saint Michel qui encadre jadis l’écu armorié et que Jean Jacques ne semble avoir jamais reçu, le soin avec lequel celui-ci a été martelé et la présence originaire d’un timbre le surmontant (une couronne ?) laissent plutôt penser que la pierre portait les armes du roi de France, à savoir donc de Louis XIV.

Auteur : Matteo Ferrari

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