Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain

L’ancienne collégiale de Saint-Germain-les-Belles, aujourd’hui église Saint-Germain, a été construite entre 1364 et 1384 (Andrault-Schmitt 1997) à la place d’un édifice de culte d’époque romane, en application des dernières volonté du cardinal Hugues Roger (1293-1363), frère du pape Clément VI et oncle de Grégoire XI. Inscrite au titre des Monuments Historiques en 1926 (base POP), elle adopte un plan très simple avec un chevet à cinq pans coupés, couvert de croisées d’ogives à filet rayonnant qui retombent sur des faisceaux de trois colonnettes, et une nef unique, formée de deux travées inégales et voûtée d’un grand berceau brisé. L’entrée du sanctuaire est marquée par un imposant arc doubleau supporté par des piles. La façade méridionale s’ouvre vers la nef par un modeste portail en arc surbaissé sculpté d’un tore sur une base prismatique et surmonté d’une grande baie en tiers-point. L’église a fait l’objet de modifications successives : elle a été surélevée à une époque indéterminée (fin du XIVe siècle ?) et pourvue à l’ouest et au-dessus du chevet de mâchicoulis reliés entre eux par un chemin de ronde, tandis qu’une grande chapelle a été ajoutée au sud de la nef au XVe siècle.

Clé de voute aux armes de Hugues Roger. Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain, chœur.

Des éléments armoriés se trouvent à plusieurs endroits de l’édifice. La clé de voûte du chœur est sculptée des armes de Hugues Roger (armoirie 1a), avec une bande accompagnées de six roses et timbrées d’un chapeau de cardinal (Jougla de Morenas 1948, p. 43). Elle était sans doute en dialogue avec le tombeau du prélat, situé au milieu du chœur de l’église jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, quand il fut détruit probablement par les révolutionnaires (Fages 1885, p. 13).

Clé de voute aux armes de Hugues Roger. Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain, tour des chanoines (intérieur).

Une notice dressée vers la fin du XVIIe siècle par un chanoine de Saint-Germain nous permet de nous faire une idée de cette sépulture somptueuse en cuivre émaillé. Le gisant du cardinal était habillé dans des vestes richement ornées, sur lesquelles on pouvait distinguer des saints (Martial et Valérie), une Adoration des mages et des écussons à ses armes timbrées du chapeau de cardinal (armoiries 1b- ?). Un lion était présenté aux pieds du défunt. Le soubassement du tombeau était en revanche orné d’une série de petites statues – probablement des personnifications de vertus – et d’une « plaque » portant les figures de la Vierge, des apôtres, de saint Laurent et d’autres saints et encadrée d’écussons dans les quatre angles. Deux d’entre eux portaient les armes du défunt (armoiries 1c-d), les deux autres un chapeau de cardinal (ibid., p. 12-13) : une référence claire au statut ecclésiastique d’Hugues Roger qui, au lieu de figurer au-dessus de l’écu, fut traitée à l’instar d’un meuble héraldique (au XVe siècle, même les devises seront souvent représentées dans un écu).

Le armes du fondateur de l’église devait parsemer tout l’édifice. Nous les retrouvons en effet aussi à l’intérieur de la tour, dite des chanoines, accolée à la façade méridionale. Elles figurent, timbrées d’un chapeau cardinalice, sur la clé de voûte d’une pièce rectangulaire au rez-de chaussée qui, accessible depuis le chœur, sert aujourd’hui de sacristie (armoirie 1e). La fonction originaire de cet espace, couvert par des voûtes polygonales s’appuyant sur des consoles sculptées à tailloirs polygonaux, reste cependant inconnue. À l’étage, le même principe de décor et les mêmes armes (armoirie 1f) ornent une salle dite des chanoines, desservie par un escalier à vis, dont l’usage demeure également incertain.

Chapiteau aux armes de la famille Pinot. Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain, chapelle latérale.

D’autres armoiries sont ensuite visibles dans la grande chapelle ajoutée au XVe siècle. Voûtée d’ogives toriques retombant sur des culots sculptés, elle porte sur sa clé de voûte les armes parlantes (armoirie 2a) de la famille Pinot (trois pommes de pin) qui se répètent (armoirie 2b) sur un des chapiteaux de la large arcade ouverte vers la nef (Limoges, AD Haute-Vienne, Fichier héraldique, p. 147). Nous pouvons signaler que plusieurs membres de cette famille ont été chanoines à Saint-Germain-les-Belles jusqu’à 1515 au moins (Andrault-Schmitt 1997, p. 324).

Auteur : Emmanuel Moureau

Pour citer cet article

Emmanuel Moureau, Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain, https://armma.saprat.fr/monument/saint-germain-les-belles-eglise-saint-germain/, consulté le 28/04/2024.

Bibliographie sources

Limoges, AD Haute-Vienne, Fichier héraldique. Catalogue des armoiries figurant dans l’armorial de Poncet, le nobiliaire de Simon Descoutures, le fonds Lecler, et le nobiliaire de Nadaud, Limoges 2014.

Bibliographie études

Andrault-Schmitt Claude, « Saint-Germain-les-Belles, église Saint-Germain », dans Limousin gothique. Les édifices religieux, Paris 1997, p. 319-327.

Fages René, Le tombeau du cardinal de Tulle à Saint-Germain-les-Belles, Limoges 1885.

Jougla de Morenas Alphonse, Catalogue général des armoiries des familles nobles de France, t. 6, Paris 1948.

Photographies du monument

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