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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Restigné, église Saint-Martin

 

La construction de l’église Saint-Martin à Restigné remonte au début du XIe siècle. De cette époque date la réalisation de la nef, tandis que des extensions ont été apprêtées au cours du XIIIe (le chœur à chevet plat, la base du clocher, la chapelle nord), du XIVe (la chapelle sud, le beffroi du clocher, la tourelle d’escalier) et du XVe siècle (le bas-côté nord) (Ranjard 1986, p. 547). Alors que chœur et les chapelles nord et sud présentent des voûtes d’ogives, la nef est quant à elle pourvue d’une charpente à berceau brisé datant du commencement du XVIe siècle, renforcée par cinq entraits badigeonnés de blanc et terminés par des engoulants à têtes de monstre tels que des loups, des dragons et des lions. La date de 1502 est clairement sculptée en lettres gothiques minuscules (Mill cinq II) sur la face occidentale du quatrième entrait, à la jonction entre celui-ci et le poinçon. Ce même entrait, qui occupe une position stratégique dans l’église en séparant la nef du chœur, est également orné sur sa face orientale, à gauche, d’une tête de femme et, à droite, d’un écu orné de trois fleurs de lis (armoirie 1), que nous pouvons attribuer sans incertitude au roi de France.

Restigné, église Saint-Martin, IVe entrait, détail de la date 1502.

La présence des armes royales dans l’église de Restigné s’explique par la proximité avec l’abbaye-collégiale Saint-Martin de Tours, fondation strictement liée à la couronne de France, depuis le IXe siècle. C’est en effet en 862 que Charles le Chauve confirme la possession de la ville de Restigné par le chapitre de Saint-Martin de Tours et, en 1177, l’église est ainsi effectivement répertoriée parmi les biens de la collégiale (Carré de Busserolle 1883, p. 288). Par ailleurs, les liens entre Saint-Martin de Tours et le pouvoir royal se renforcent au XVe siècle avec l’établissement des rois de France en Touraine, en particulier après que le dauphin Charles VII prête serment au nom de son père dans la collégiale en 1421 (Mesnard 1961, p. 91). À l’époque de réalisation de la charpente, il est donc probable que l’église de Restigné, directement placée sous la protection de la collégiale Saint-Martin par la confirmation des privilèges qui lui avaient été accordés de la part de Louis XII en juillet 1498 (ibid., p. 97), bénéficiait également de la protection du roi.

Buste féminin et écu aux armes de France. Restigné, église Saint-Martin, IVe entrait.

Si la présence des armes de France peut être facilement comprise, celle de la sculpture de la femme à mi-torse, dotée d’une coiffe, qui l’accompagne demeure plus énigmatique. Il serait tentant de rapprocher cette figure à la pratique bien établie pour la période consistant à représenter le commanditaire avec ses armoiries dans l’édifice qu’il construit ou restaure, comme nous pouvons le voir dans la chapelle des chanoinesses de Luynes, contemporaine de l’église de Restigné. Cet édifice, qui présente également une charpente avec des entraits armoriés à engoulants, était orné des portraits de la famille fondatrice sur les vitraux, aujourd’hui disparus. Cependant, en ce qui concerne l’église de Restigné, l’état des sources ne nous permet pas de reconnaître en cette femme une potentielle donatrice et l’absence d’attributs complique davantage l’identification de cette figure qui interpelle en raison aussi de son emplacement : elle se situe en effet à gauche de l’écu, c’est-à-dire en place d’honneur (dextre), position qui, selon les règles du blason, devrait être occupée par l’autorité dominante, autrement dit par les armes de France. Cette disposition suscite des interrogations sur les logiques de distribution des armoiries dans l’espace et sur les subtilités des jeux de hiérarchie (voir Hablot 2013).

Auteur : Sarah Héquette

Pour citer cet article

Sarah Héquette, Restigné, église Saint-Martin, https://armma.saprat.fr/monument/restigne-eglise-saint-martin/, consulté le 30/04/2024.

 

Bibliographie études

Carré de Busserolle Jacques-Xavier, Dictionnaire géographique historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, t. 5, Tours 1883 (Mémoires de la société archéologique de Touraine, 31).

Hablot Laurent, « Aux origines de la dextre héraldique. Écu armorié et latéralisation au Moyen Âge », Cahiers de Civilisation Médiévale, 56, 2013, p. 281-294.

Mesnard Pierre, « La collégiale de Saint-Martin à l’époque des Valois », Revue d’histoire de l’Église de France, 47, 144, 1961, p. 89-100.

Ranjard Robert, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne 1986 (éd. or. 1930).

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Restigné, église Saint-Martin. Armoirie roi de France (armoirie 1)

D’(azur) à trois fleurs de lis d’(or).

  • Attribution : Roi de France
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : IVe entrait ; travée IIIème
  • Support armorié : Entrait
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en bois
  • Période : 1501-1525
  • Dans le monument : Restigné, église Saint-Martin

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