L’église Saint-Pierre de Hanvec a été édifiée de 1875 à 1877 sur les plans de l’architecte diocésain Joseph Bigot, avec un clocher de 1879 (Peyron, Abgrall 1912, p. 366 ; Le Guennec 1981, p. 569). Sans grand caractère, elle « comprend une nef de cinq travées avec bas-côtés, un transept et un chœur profond d’une travée droite avec chevet à trois pans » (Couffon, Le Bars 1988, p. 130).
L’édifice remplace une église plus ancienne, totalement disparue, dont le plan de masse seul est connu par un relevé cadastral de 1825 (AD du Finistère, 3 P 81/1/5). Assez vaste, elle présentait un plan irrégulier, attestant plusieurs phases de construction imbriquées. De ce que l’on croit pouvoir en comprendre, elle devait compter une nef à trois vaisseaux donnant sur un chœur à trois pans peu profond, et doublée au sud par une vaste chapelle qui devait être prolongée par une sacristie à plan en demi-sphère. À l’ouest s’élevait une tour de clocher, un porche s’accrochait au flanc sud, enfin la paroi des premières travées au nord, en excroissance, devait résulter d’une autre campagne.
Hanvec, église Saint-Pierre, porte armoriée en réemploi au pignon oriental de la première travée du chevet au nord.
L’église actuelle conserve de l’ancienne quelques pièces de mobilier, un retable, des statues, un porche d’assez belle facture daté de 1625, ainsi que deux entourages de porte armoriés en kersanton réinsérés aux murs orientaux des travées droites du chœur. On ignore la situation d’origine de ces dernières. Malgré leur ressemblance et une très probable simultanéité d’exécution aux environs de 1500 d’après le style, elles ne présentent pas la même forme d’arc, ce qui fait suspecter qu’elles ouvraient sur deux espaces différents, l’une peut-être à la tour de clocher, l’autre au bas-côté nord ou à la chapelle au sud, sans certitude.
La porte aujourd’hui remontée au sud est à deux rangs de voussures surmontées d’un archivolte orné de choux et coiffé d’un écusson. L’écu, à la sculpture nette, montre un mi-parti au premier d’un sautoir engrêlé accompagné de quatre lionceaux et au second, d’un bar en pal sur un champ billetté (armoirie 1). On y reconnaît aisément les armes des Kerliver (Le Borgne 1667, p. 143), seigneurs dudit lieu en Hanvec avec une fille Guyomarc’h, sires de la Petite Palue en Landerneau (ibid., p. 221). Cette alliance est connue par une note de Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac, qui mentionne le contrat de mariage signé le 1er avril 1478 au manoir de la Palue entre « nobles escuyers Hervé Guymarch et Ysabeau de Lannorgant sa compagne, et Olivier Seigr de la Palue et Jehanne Guymarch sa compagne fille aisnée principale h(eritiè)re presomptive et expectant auxdits Hervé et sa dite compagne d’une part et nobles escuyers Alain de Kerlyver seigr dudit lieu de Kerlyver et Jehan de Kerlyver son fils aisné principal héritier présomptif et Catherine Guymarch fille puisnée desdits Hervé et Ysabeau d’autre » (Rennes, AD d’Ille-et-Vilaine, 2 ER 201).
Armes en alliance de Jehan de Kerliver et Catherine Guyomarc’h, vers la toute fin du XVe siècle, Hanvec, église Saint-Pierre.
Les Kerliver sont cités dès 1379 par Jehan Kerliver, écuyer dans une montre « faite à la Bastille de Saint Gueznou prest de Brest » (Dom Morice 1742, col. 187) et par Pierre, écuyer de mademoiselle de Rohan en 1430 et écuyer tranchant de la duchesse Isabeau en 1451 (Dom Morice 1742, 2, col. 1232, col. 1606). Le manoir de Kerliver est daté du premier quart du XVIe siècle (Gertrude 2013), et a été construit par le couple Jehan de Kerliver et Catherine Guyomarc’h, comme l’attestent leurs armes au fleuron de la porte d’entrée, dont les figures sont martelées mais les contours reconnaissables.
L’autre porte, remontée au nord, compte deux rangs de voussures sans chapiteau surmontées d’un archivolte à choux. Partageant des formes identiques avec la précédente (culots, bases, choux), elle est également datable de la toute fin du XVe ou du début du XVIe siècle, d’après le détail du fleuron très allongé, alors à la mode. La longue aiguille à la pointe de l’archivolte est ornée d’un écusson d’une forme assez moderne, à pointe en accolade, dont les armes sculptées ou peintes d’origine sont inconnues, car la surface a été retaillée en creux (armoirie 2). La reprise porte les armes des Quélen de Kerohan, burelé d’argent et de gueules de dix pièces, et doit remonter à la première moitié du XIXe siècle.
Porte au pignon oriental de la travée droite au sud du chœur, vers la toute fin du XVe siècle, armoiries retaillées vers le XIXe, Hanvec, église Saint-Pierre.
Après une première succession collatérale en 1617, les Kerliver tombèrent avant 1663 en quenouille, après le décès sans hoir de Jean, baron de Kerliver. Son patrimoine fut recueilli par Philibert de Carné vicomte de Trouzilit, du fait de son épouse Suzanne de Kerlec’h, cousine de Jean de
Kerliver (Nantes, AD de Loire Atlantique, B 1157, B 1719), et demeura aux Carné jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. À la Restauration, les Quélen de Kerohant – un autre manoir de Hanvec –, dont la généalogie est connue avec précision depuis le XVIIe siècle (Frotier 1922, 4, p. 521-525), entrèrent en possession de Kerliver. Marquant la vie locale dans la première moitié du XIXe siècle, ils vendirent le manoir en 1850 aux Deshaies de Montigny, qui le léguèrent ensuite à la commune, laquelle le transforma en école de laiterie, devenue de nos jours école d’agriculture (Gertrude 2013 ; Le Guennec 1981, p. 573).
Auteurs : Marc Faujour, Paul-François Broucke
Pour citer cet article
Marc Faujour, Paul-François Broucke, Hanvec, ancienne église Saint-Pierre, https://armma.saprat.fr/monument/hanvec-eglise-saint-pierre/, consulté
le 23/11/2024.
Bibliographie sources
Nantes, AD de Loire Atlantique, B 1719, Aveux et dénombrements pour la paroisse de Trézilidé.
Nantes, AD de Loire Atlantique, B 1157, Aveux et dénombrements pour la paroisse de Saint-Ségal.
Quimper, AD du Finistère, cadastre napoléonien, Hanvec, section B1 de l’église, 3 P 81/1/5, 1825.
Rennes, AD d’Ille-et-Vilaine, 2 ER 201, Fonds de Sébastien de Rosmadec marquis de Molac, XVIIe siècle.
Couffon, René, Le Bars, Alfred, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper 1988 (rééd.).
Frotier de La Messelière, Henri, Filiations bretonnes, 4, Saint-Brieuc 1922.
Le Guennec, Louis, Le Finistère monumental, 2, Brest et sa région, Quimper 1981.
Morice, Hyacinthe (Dom.), Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, 2, Paris 1742.
Peyron, Paul, Abgrall, Jean-Marie (chanoines), « Hanvec », Bulletin de la commission diocésaine d’architecture et d’archéologie, 12, 1912, p. 361-372, 13, 1913, p. 17-32.
Mi-parti, au 1 : d'(azur) au sautoir engrêlé d'(or) accompagné de quatre lionceaux de (même) (de Kerliver) ; au 2 : de (sable) semé de billettes d'(argent), au bar de (même) brochant en pal (Guyomarc’h).
Attribution : Kerliver Jehan de ; Guyomarc'h Catherine
Position : Extérieur
Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
Emplacement précis : Inconnu
Support armorié : Fleuron
Structure actuelle de conservation : Déplacée dans le même monument