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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Paris, Hotel Le Gendre

 

Longtemps attribué à la famille de la Trémouille, cet hôtel fut construit par Pierre Le Gendre au début du XVIe siècle dans le quartier de Saint-Germain-l’Auxerois, où il était implanté depuis les années 1490. Ce riche bourgeois, qui avait fait fortune grâce au service du roi, était fils de Jean, marchand drapier de Paris qui avait donné le début à la fulgurante ascension sociale de sa famille. Trésorier de guerre de Louis XI et au service de Charles VIII pendant les campagnes militaires contre les Bretons et leurs alliés, Jean avait constitué un patrimoine foncier considérable et acquis la seigneurie de Villeroy, au sud de la capitale (Hamon 2011, p. 125). Son fils Pierre entreprit également une carrière dans l’administration. Cela lui permit de consolider et accroître le patrimoine familial : notaire et secrétaire du roi, trésorier des guerres, trésorier de France pour l’Outre-Seine-et-Yonne, il fut également maître à la Chambre des comptes entre 1498 et 1505 et prévôt des marchands en 1508-1510.

Eugène Violet-le-Duc, L’Hotel de Tremoille (Hotel Le Gendre) à Paris.

Démoli en 1841, l’édifice qu’il avait fait ériger présentait un corps de logis principal, faisant écran entre la cour et le jardin, et était doté d’une chapelle et d’une gallérie. Les étages supérieurs du logis étaient desservis par une tour d’escalier intégrée dans le corps de bâti. Malgré sa disparition, l’édifice est connu grâce aux relevés réalisés notamment par Viollet-le-Duc, auquel, à la suite de nombreuses protestations, les travaux de démolition et la récupération d’un bon nombre de pièces sculptées avaient été confiés (Chastel 1966, p. 132, 152-153). Celles-ci ont été d’abord offertes au Ministère en 1844, puis déposées à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1852 (Müntz 1889, p. 29-30). Les planches de l’architecte donnent l’idée de la richesse de l’ornementation de cet hôtel et notamment de sa façade sur cour. Même si aucun élément parmi ceux qui ont été sauvegardés au moment de la destruction de l’hôtel Le Gendre ne semble porter trace d’armoiries (ibid., p. 34-37), ces relevés et d’autres dessins contemporains documentent la présence de quelques reliefs héraldiques, comme on s’attendrait à en observer dans une bâtisse de ce genre.

A. Martial, Porte sur la cour de l’Hôtel de la Trémouille (Hotel Le Gendre) à Paris en 1840. Paris, Musée Carnavalet, inv. G.38467

L’élément le plus surprenant de cette architecture est sans doute la tourelle placée dans l’angle sud-ouest de la résidence, richement ouvragée comme s’il s’agissait d’une œuvre d’orfèvrerie. On y retrouvait également deux médaillons portant les bustes de deux personnages que l’on a voulu identifier avec Pierre Le Gendre et son épouse (Chastel 1966, p. 160). La structure est reproduite de manière assez fidèle dans une planche de Viollet-le-Duc (Charenton-le-Pont, Medilathèque du patrimoine) et dans une incision réalisée par Alfred Alexandre Delauney, qui donne une image de l’édifice dans son état vers 1830 (Paris, Musée Carnavalet, inv. G.11386 ; Chastel 1966, p. 136). Dans l’angle opposé, une porte donnait accès à l’escalier principal de l’hôtel. Elle était surmontée d’un tympan en accolade culminant dans un fleuron chargé, d’une part et d’autre part, de sculptures, comme l’atteste une eau-forte d’Adolphe Martial (Paris, Musée Carnavalet, inv. G.38467). L’ensemble était placé devant une grande verrière qui éclairait la cage d’escalier. Deux anges soutenaient un écusson armorié, dont la forme très allongée semble compatible avec une datation au début du XVIe siècle (armoirie 1). Il porte des armes écartelées, avec un écusson en cœur, qui nous sont inconnues. Elles ne correspondent ni aux armes des Le Gendre (d’azur à la fasce d’argent, accompagnée de trois têtes de femme de carnation chevelées d’or : Paris, Bibl. Mazarine, ms. 2909, f. 167, Bibale), ni à celles des Neufville-Villeroy (d’azur au chevron d’or, accompagné de trois croix ancrées du même : Paris, BnF, ms. Fr. 10433, Bibale) dont Nicolas II, neveu de Pierre Le Gendre, hérita de cet hôtel à sa mort en 1525 (Hamon 2011, p. 130). Si les armes au chevron que l’on voit en 2 et 3 pourraient bien correspondre à celles des Neufville, celle qui apparaissent au premier quartier (avec un franc canton à senestre ?) et au quatrième (un fretté) ne nous sont pas connues, tout comme l’écu coupé mis en abîme.

Rouargue frères, Ancien hôtel de la Trémouille (Hotel Le Gendre) à Paris. Paris, Musée Carnavalet, inv. G.38468.

S’il est d’ailleurs possible que l’incision nous transmette une image approximative de l’édifice, nous noterons tout de même que c’est sans doute cet écu armorié que Viollet-le-Duc (1863, p. 284, pl. 37) place au-dessus de la même porte dans sa reconstitution de l’élévation sur cour de l’hôtel (nous le reconnaissons notamment par la présence d’un quartier avec des armes au chevron et de l’écusson en cœur). L’ensemble sculpté avait en revanche déjà disparu sans laisser de traces au moment de la réalisation du dessin utilisé pour illustrer, en 1856, la nouvelle édition de l’Histoire de Paris de Dulaure (Paris, Musée Carnavalet, inv. G.38468). Celle-ci, tirée d’un dessin réalisé quand la démolition des parties supérieures de l’hôtel avait déjà commencée, permet toutefois de constater qu’un deuxième écusson était sculpté dans le tympan du portail d’entrée de la résidence côté cour (armoirie 2). L’image n’est hélas pas suffisamment détaillée pour identifier les armes qui étaient reproduites sur cet écu. Nous noterons toutefois que deux éléments en relief étaient disposés des deux côtés de l’armoirie. Il s’agissait probablement de deux tenants, que l’on dirait avoir la forme de sirènes.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Paris, Hotel Le Gendre, https://armma.saprat.fr/monument/paris-hotel-le-gendre/, consulté le 26/12/2024.

 

Bibliographie sources

Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 2909.

Paris, BnF, ms. Fr. 10433.

Bibliographie études

Chastel, André, « Les vestiges de l’hôtel Le Gendre et le véritable hôtel de la Trémoïlle », Bulletin monumental, 124, 2, 1966, p. 129-165.

Hamon, Etienne, Una capitale flamboyante : la création monumentale à Paris autour de 1500, Paris 2011.

Müntz, Eugène, Guide de l’École nationale des beaux-arts, Paris 1889.

Viollet-le-Duc, Eugène, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du Xie au XVIe siècle, t. 6, Paris 1863.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Paris, Hotel Le Gendre. Armoirie inconnue (armoirie 1)

Écartelé : au 1 de… au franc canton senestre de… ; aux 2 et 3 d'(azur ?) au chevron d'(or ?), accompagné de trois croix ancrées d'(or ?) (Neufville-Villeroy ?) ; au 4 de… fretté de… ; à un écu coupé de… et de… en abîme.

Tenant : deux anges.

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Position : Extérieur
  • Étage : Rez-de-chaussée
  • Pièce / Partie de l'édifice : Cage d’escalier
  • Emplacement précis : Porte d'entrée
  • Support armorié : Fleuron
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Paris, Hotel Le Gendre

Paris, Hotel Le Gendre. Armoirie inconnue (armoirie 2)

De …

Tenant : deux sirènes ?

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Position : Extérieur
  • Étage : Rez-de-chaussée
  • Pièce / Partie de l'édifice : Corps de bâtiment sur rue ; Portail
  • Support armorié : Tympan
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Paris, Hotel Le Gendre

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