Jardres, château de Pressec

Situé à une courte distance de la ville de Chauvigny, le manoir de Pressec fut vraisemblablement édifié par Louise Porcheron († après 1562), veuve de René Guillin, échevin de Poitiers, qui avait acquis en 1538 le fief, relevant de la tout proche baronnie épiscopale. Plusieurs actes notariés datant des années 1541-1542 concernent en effet la réalisation des portes et des fenêtres du logis et de son escalier, la construction de la charpente du même logis et de la muraille entourant l’édifice et son jardin (Richard 1980, p. 30). Long d’environ 25 mètres pour 8 mètres de large, le corps de logis présente un plan rectangulaire. Il est coupé au milieu par un couloir s’ouvrant, d’un côté, sur le perron situé au pied de la façade ouest ornée de fenêtres à meneau simple horizontal, de l’autre, sur la tour à vis qui, collée à la façade est, contient un escalier à vis, en bois, permettant l’accès aux étages supérieurs. De cette même période datent les éléments défensifs encore visibles de nos jours : la tour basse à l’angle extérieur nord-ouest et la petite canonnière qui défend le pignon nord. L’ensemble est complété par un petit édifice qui fut ajouté sur le côté sud du logis, certainement avant la Révolution (Durand, Andrault 1995, p. 272).

Jardres, manoir de Pressec, armoiries sculptées au-dessus de la porte d’entrée de la tour (cliché : Charles Henri Rezé).

Deux écussons soigneusement bûchés sont encore de nos jours visibles au-dessus de la porte d’entrée de la tourelle d’escalier du logis (armoiries 1-2). Probablement ajoutés dans un deuxième temps par rapport à la construction de l’édifice et pas nécessairement contemporains l’un de l’autre, comme la forme différente de l’écu semble le suggérer, ils devaient porter les armes de deux parmi les nombreux personnages qui ont détenu le fief et le manoir depuis sa construction (Richard 1980, p. 31-32). Il est désormais impossible de reconnaître l’armoirie qui était sculptée sur l’écusson à dextre, dont nous noterons simplement le profil ondulé du côté supérieur, éventuellement compatible avec la présence d’un ornement extérieur tel qu’une couronne ou une crosse et une mitre (armoirie 1). Même si martelé, l’écu placé à senestre porte en revanche encore la trace d’une armoirie à trois chevrons, que nous pouvons attribuer aux Girard, dont François et son fils Eusèbe eurent le fief de Pressec, qui resta à leur famille jusqu’en 1662 (ibid., p. 31). Puisque la forme ovale de l’écu laisse pencher pour une datation au XVIIe siècle, il nous semble plausible que les armes d’Eusèbe (d’argent à trois chevrons de gueules : BnF, ms. Fr. 32254, p. 247), plutôt que celle de son père (d’azur à trois chevrons d’or : ibid., p. 333) figureraient à cet endroit.

À l’intérieur de l’édifice, un linteau de porte a été remployé pour la cheminée de la cuisine. Il est orné à son milieu d’une accolade encadrant un écusson chargé d’un fascé de six pièces qui nous est parvenu en très bon état puisqu’il a été pendant longtemps recouvert de maçonnerie jusqu’à sa découverte récente (Charles-Henri Rezé, communication orale) (armoirie 3). Il n’a pas été possible pour l’instant d’identifier l’individu ou la famille représentés par cet élément armorié mais, au vu de la forme de l’écusson et de l’accolade, nous ne pouvons pas exclure que ce remploi provienne d’un édifice précédent le bâtiment qui est arrivé jusqu’à nous, dont il pouvait orner la porte d’entrée. Au-dessous de l’écu se trouve un élément en saillie percée d’un canal coudé ouvert vers le bas et vers l’avant : il pourrait avoir servi pour fixer la chaîne d’une enseigne ou bien d’une lanterne.

Auteur : Matteo Ferrari

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