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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond

 

Située à proximité de la route qui relie Saint-Lô à Bayeux et de l’ancien chemin qui menait vers Caen, l’église Saint-Ébremond de la Barre-de-Semilly, située autrefois dans le diocèse de Bayeux, appartenait à l’abbaye d’Aunay. À l’origine, l’abbé de l’abbaye Sainte-Croix de Saint-Lô y avait également des honneurs en tant que seigneur tréfoncier de la Barre-du-Vieil-Semilly (Lepignard 1899, p. 28) jusqu’au début du XIVe siècle : en 1290 une dispute sur la possession de cette terre éclata entre l’abbaye Sainte-Croix et le chapitre de la Sainte-Chapelle de Paris, auquel le roi la donnera en fief vingt ans plus tard (Melot 1966, p. 302). Construite à l’époque romane, aux environs de l’an 1100 (ibid., p. 307) ou au premier quart du XIIe siècle (Beck 1981, p. 89-90), et remaniée au XVe siècle, l’église Saint-Ébremond nécessitait de travaux de restauration à la fin du XVIIe siècle : décidés en 1691, ils furent effectivement réalisés six ans plus tard. Préservée durant la Révolution mais endommagée durant le débarquement et l’avancée des alliés en 1944 (Guibert 2010, p. 295), l’église, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1946 (base POP), fut rapidement restaurée à la fin de la guerre (réfection de la charpente, de la toiture et des fenêtres romanes déformées) (Melot 1966, p. 303). Seul le clocher ne sera réparé qu’en 1957-1958 (De Gerville 2000, p. 18).

Le plan de l’église Saint-Ébremond, dont les murs sont essentiellement construits en opus spicatum de pierres de schiste, est très simple. Il se compose d’une nef, dépourvue de bas-côtés, couverte par une charpente voûtée. Elle est suivie d’un chœur formé de deux travées voûtées d’ogives. Celle qui est la plus à l’est, constituant le sanctuaire proprement dit, est percée d’un triplet et couverte par une voûte, réalisée dans une phase de construction ultérieure après 1140 (Baylé 1997, p. 66), qui repose sur huit nervures retombant sur des demi-colonnes surmontées de chapiteaux sculptés, encastrés directement dans les murs du chevet plat.

La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond, vue de l’intérieur de l’édifice.

La travée qui précède l’arc triomphal, en revanche, a été visiblement construite lors d’un réaménagement partiel de l’édifice au XVe siècle (Melot 1966, p. 303). Elle est placée sous le clocher roman, dont la structure carrée et massive culmine dans un toit pyramidal soutenu, à l’extérieur, par des consoles sculptées d’époque romane. Les arcs d’ogive de la voûte se croisent en correspondance d’une clef chargée d’un écusson portant deux lions adossés (Baylé 1997, p. 66) accompagnés de trois coquilles (armoirie 1). Elle a échappé aux marteaux des révolutionnaires qui, en application de la loi du 21 avril 1791, détruisirent un grand nombre d’armoiries sur les tombeaux, les bancs seigneuriaux, les voûtes et les autels de nombreuses églises de la région (Guibert 2010, p. 45-46). Dans l’écu armorié en question, nous reconnaissons les armes de Jean de Clamecy (Sigilla), maître d’hôtel du duc de Bourgogne, vivant en 1385 (Coulon 1912, p. 138, num. 830), que l’on trouve reproduites également dans certains armoriaux du XVe siècle. Aucun lien entre Jean de Clamecy ou l’un de ses descendants et l’église de la Barre-de-Semilly ne semble cependant établi.

La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond, clef de voûte armoriée.

Par conséquent, nous ne pouvons pas exclure que l’armoirie sculptée dans l’église Saint-Ébremond appartienne à un individu ou à une famille possessionnés dans la région. Il ne s’agirait en tout cas pas des Semilly, seigneurs du lieu – qui portaient de gueules à l’écusson d’argent en abîme, accompagné de six fermaux d’or, posés 3, 2 et 1 (Le Hardy 1897, p. 47) –, ni des Essars, qui entrèrent en possession de Semilly à la suite du mariage, vers 1479, entre Louise de Saint-Mard, fille de Jeanne de Semilly et de Jean de Saint-Mard avec Jean des Essars : si celui-ci portait des armes à une bande fuselée accompagnée d’un lambel ou à trois molettes (De Saint-Marc 1890, p. 102, note 1), les Essars utilisaient une armoirie à trois croissants ou au chevron (Racines et histoire). Il nous semble également possible d’exclure que l’armoirie appartenait à un abbé d’Aunay ou de Sainte-Croix de Saint-Lô : à ces dates, l’écusson armorié aurait été en effet certainement timbré par les insignes de fonction du religieux.

Nous rappellerons aussi que, dans le mur nord du chœur se trouve l’épitaphe de Gires Lecuqu, mort en 1485 (base POP ; De Gerville 2000, p. 14), dont les armes ne sont malheureusement pas connues. On y lit : « Cy devant guist venerab(l)e et discret / p(er)sonne missire Gires Le Cuqu natif de / ceste parrouaisse et vicaire de ciens / l’espace de XLVI ans lequel trespassa / l’an mil CCCC IIIIxx V le XVIIIe jo(u)r de dece(m)b(re) / Dieu luy face pardon A(men) P(ate)r n(oste)r ».

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond, https://armma.saprat.fr/monument/la-barre-de-semilly-eglise-saint-ebremond/, consulté le 03/11/2025.

 

Bibliographie études

Baylé Maylis, « Structures murales et voûtements dans l’architecture religieuse normande », dans L’architecture normande au Moyen Age. Regards sur l’art de bâtir, actes du colloque (Cerisy-la-Salle 1994), Caen 2001, p. 49-78.

Coulon Auguste, Inventaire des sceaux de la Bourgogne, Paris 1912.

De Gerville Charles, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), t. 2, Arrondissement de Saint-Lô, éd. M. Guibert, Saint-Lô 2000.

De Saint-Marc C., « Les premiers ingénieurs ou directeurs et surveillants des travaux du Havre (1516-1571) », Recueil des publications de la Société Havraise d’études diverses, 57, 4, 1890, p. 95-108.

Guibert Michel, Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820, II-1, Ancien arrondissement de Saint-Lô. Cantons de Saint-Lô, Marigny, Tessy-sur-Vire et Torigny-sur-Vire, Saint-Lô 2010.

Le Hardy Gaston, Étude sur la baronnie et l’abbaye d’Aunay-sur-Odon, Caen 1897.

Lepingard Édouard, « L’église de la Barre-de-Semilly », dans La Normandie monumentale et pittoresque. Manche, t. 1, Le Havre 1899, p. 27-28.

  1. Melot , « La Barre-de-Semilly », Congrès archéologique de France, 124, Cotentin et Avranchin, Paris 1966 , p . 300-307.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond. Armoirie de Clamecy ? (armoirie 1)

De… à deux lions adossés de…, accompagnés de trois coquilles de…, deux en chef et une en pointe.

  • Attribution : De Clamecy famille
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chœur ; Travée sous clocher
  • Emplacement précis : Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1401-1425 ; 1426-1450 ; 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : La Barre-de-Semilly, église Saint-Ébremond

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