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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Sieuras, château de Nogarède

 

Le château de Nogarède (propriété privée) est bâti sur une colline qui domine la vallée de la Lèze dans la commune de Sieuras, située au nord du département de l’Ariège, à la limite septentrionale avec la Haute-Garonne. Le lieu-dit de Nogarède, rattaché jusqu’en 1841 à la commune de Canens en Haute-Garonne, est connu dès le Xe siècle quand plusieurs dons sont faits en faveur de l’abbaye bénédictine de Lézat (Ourliac, Magnou 1984, p. 573, doc. 783 ; p. 577, doc. 790) tandis qu’un seigneurie établie à cet endroit n’apparaît dans les documents qu’en 1209 lorsque Guillaume, abbé de Lézat, donne pour sa vie durant uniquement la terre de Nogarède à Bernard dit Tarverna (Devic, Vaissete 1875, col. 1783, doc. 379 ; Ourliac, Magnou 1984, p. 414, doc. 553).

Sieuras, château de Nogarède, Vue générale de la façade ouest (© Drac Occitanie).

Inscrit partiellement au titre des Monuments Historiques depuis le 26 octobre 1989 (base POP), le château, construit principalement en briques, se présente sous la forme d’une vaste bâtisse de plan centré, flanquée aux angles de puissantes tours rondes – dont seule celle sud-ouest, haute de 23 mètres, est conservée dans son élévation d’origine – accompagnées sur la façade ouest d’une cinquième tour hexagonale. De nombreuses modifications ont été réalisées dans le temps : les deux tours à l’est, ont été arasées jusqu’au premier niveau ; la tour nord-ouest a entièrement disparu, tout comme une partie du corps de logis nord-ouest ; la partie est du corps central a été amputée des deux derniers niveaux.

Sieuras, château de Nogarède, porte d’entrée de la tour hexagonale (© Drac Occitanie).

Seule la partie ouest du château conserve son élévation d’origine, soit trois niveaux sous combles, chacun souligné par un cordon régnant en pierre de taille, même si elle a tout de même subi des modifications d’une certaine ampleur, concernant notamment les baies du premier étage qui ont été modifiées et agrandies en fenêtres à traverses hautes cintrées. La porte principale d’accès au château est située au rez-de-chaussée de la tour hexagonale, sur la façade ouest. Son encadrement en pierre est sculpté de plusieurs ressauts qui retombent sur des bases prismatiques, avec un arc surbaissé en anse de panier. De part et d’autre, deux fins pilastres à chapiteaux soutiennent un encadrement à double corniches saillantes, qui se terminent aux deux extrémités par des boules. La tour abrite un imposant escalier en vis en pierre qui dessert les deux premiers niveaux du château. Ses murs sont enduits et sa partie supérieure est constituée d’une voûte sexpartite dont les croisées retombent sur des culots en forme de chapiteaux, sculptés de motifs de draperies. La clé de voûte porte des armoiries, étonnamment les seules qui sont actuellement visibles dans cette bâtisse imposante (armoirie 1).

Sieuras, château de Nogarède, voûte de l’escalier de la tour hexagonale, clef aux armes des Plasensac (© Drac Occitanie).

Placées dans un écusson en forme de tête de cheval, encadré par une guirlande de feuillages dans le style de l’art héraldique de la Renaissance italienne, elles appartiennent sans doute à la famille des Plasensac, comme le prouve la présence d’une armoirie identique dans la frise héraldique figurant dans l’enluminure de Cosme et Charles Pingault qui, dans les Annales de la ville de Toulouse, reproduit l’entrée du dauphin François II, le 30 juillet 1533 (Toulouse, AM, ms. BB 274, fol. entre p. 8 et 9). Elles y identifient Simon de Plasensac († janvier 1536), représenté sous les traits d’un homme âgé, qui tient l’un des bâtons du dais d’honneur sous lequel se trouve le fils du roi. Connus à Toulouse dès le milieu du XVe siècle, les Plasensac sont une dynastie de marchands et plusieurs membres de la famille ont été élus capitouls (Brémond 1863, t. 2, p. 271) ou ont occupé une stalle au chapitre cathédral de la ville (Pasquier 1895-1896). Il est certain qu’à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle un membre de la famille des Plasensac est entré en possession de seigneurie de Nogarède, dont les possesseurs après la fin du XIIIe siècle ne sont pas connus à ce jour, faute de sources (Marandet 2006). Au vu de son importance de et de son rang de bourgeois de Toulouse, il nous semble opportun d’attribuer à Simon Plasensac la construction de l’actuel château de Nogarède, certainement dans les années 1520-1530.

Cosme et Charles Pingault, Entrée de François II dauphin de Viennois à Toulouse le 30 juillet 1533, dans Toulouse AM, Annales de la ville de Toulouse,  ms. BB 274, fol. entre p. 8 et 9 (© Ville de Toulouse).

Malgré l’absence d’autres éléments armoriés, il n’est pas exclu que d’autres armoiries étaient figurées à d’autres endroits du château, notamment dans les salles situées au premier et au deuxième étage. Au premier étage, le grand couloir, à plafond à poutres et solives avec traces de badigeon, distribue quatre pièces, dont seule celle située au sud-ouest est conservée. Elle comporte un imposant plafond à solives et poutres dont les abouts sont de forme prismatique. Des traces de plusieurs couches de couleurs successives sont visibles. La vaste cheminée en pierre adopte un manteau rectangulaire souligné par une double corniche saillante, porté par des colonnes engagées à chapiteaux ioniques. Il est peint en rouge vermillon. La tour d’angle est voûtée d’ogives dont les croisées retombent sur des culots en pierre sculptés en partie bûchés. La clé de voûte, badigeonnée, est lisse.

Au second niveau, le couloir conserve en partie seulement son plafond à poutres et solives, entièrement peints de motifs décoratifs (oves, cartouches végétaux, feuillages) traités en grisaille, identique à celui qui couvre la grande salle, souligné sur la partie supérieure des murs par une large bande décorative avec des rinceaux végétaux. La cheminée monumentale présente un manteau en pierre assemblée à crossettes, porté par des colonnes engagées avec chapiteaux doriques qui supportent un entablement orné de rectangles verticaux cannelés avec gouttes et larges métopes couronné par une corniche saillante. La hotte est en brique avec un arc de décharge, dont le remplissage verse en partie vers l’intérieur. L’ensemble est enduit et peint en grisaille de rinceaux végétaux et couronnes de lauriers.

Auteur : Emmanuel Moureau

Pour citer cet article

Emmanuel Moureau, Sieuras, château de Nogarède, https://armma.saprat.fr/monument/sieuras-chateau-de-nogarede/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie études

Brémond Alphonse, Nobiliaire Toulousain, t. 2, Toulouse 1863.

Devic Claude, Vaissete Joseph, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives, t. 5, Toulouse 1875.

Marandet Marie-Claude, Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Age (1380-début du XVIe siècle), Perpignan 2006.

Ourliac Paul, Magnou Anne-Marie, Cartulaire de l’abbaye de Lézat, Paris 1984.

Pasquier Félix, « Monitoire à Toulouse en 1540 à propos de la nomination d’un chanoine à la cathédrale de Toulouse », Bulletin de la société archéologique du Midi de la France, 17-18, 1895-1896, p. 57-66.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Sieuras, château de Nogarède. Armoirie Simon de Plasensac (armoirie 1)

D’(argent) au chevron d’(azur) accompagné de deux tourteaux de (gueules) en chef et de trois roses de (même), tigées et liées de (sinople) en pointe, à la bordure de (gueules).

  • Attribution : Plasensac Simon de
  • Position : Intérieur
  • Étage : Dernier étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Tour ; Tourelle d'escalier
  • Emplacement précis : Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Sieuras, château de Nogarède

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