Payrac, église Notre-Dame de Camy

L’église Notre-Dame de Camy, située sur la commune de Payrac au lieu-dit éponyme, est bâtie en moellons de calcaire, en partie encore enduits, sur un replat du coteau qui supporte un manoir médiéval et surplombe le ruisseau de Tournefeuille. Elle est mentionnée la première fois en 1108 dans le testament de Géraud de Gourdon (Lacoste 1884), dont la famille possède la seigneurie de Camy dès le XIe siècle (Albe s.d.). Dans l’occasion, Géraud cède au chapitre cathédral de Cahors la moitié de l’église Notre-Dame, sur laquelle possédaient des droits également le chapitre du Vigan (Albe 1905) et surtout le monastère bénédictin féminin de Fongauffier, dans le diocèse de Sarlat, fondé en 1095 par une certaine Embolène, veuve du seigneur de Gourdon, avec le consentement de ses deux fils, Géraud, évêque de Cahors, et Pons.

Payrac, église Notre-Dame de Camy, vue générale de l’intérieur de l’église (© Drac Occitanie).

L’église apparaît comme une construction assez hétérogène. Un premier édifice aurait été édifié dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Avec un chevet aussi large que la nef, qui l’apparentait à d’autres églises quercynoises de ce type (Séraphin 2011), il a été en grande partie reconstruit à la fin de la guerre de Cent Ans. Le chevet a été alors entièrement rebâti à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle, tandis que la nef et les chapelles latérales ont été édifiées vers le premier quart du XVIe siècle. Le nouvel édifice adopte un plan simple : une nef unique, rectangulaire, voûtée en berceau (lattis plâtré) et dépourvue d’ouvertures, avec deux chapelles latérales qui forment un transept et qui précèdent un chœur à chevet plat, plus bas que la nef, voûté d’ogives et à haut mur pignon. Une baie unique, en arc brisé, éclaire le chœur, tandis que sur les murs latéraux du chevet s’ouvrent deux baies en arc brisé. À la croisée du transept, un arc triomphal marque la séparation entre cette dernière et le chœur liturgique. La croisée du transept tout comme les chapelles latérales, sont voûtées d’ogives, avec des croisées de forme prismatique qui retombent sur des culots juste épannelés. Chaque chapelle est éclairée par une baie unique en arc brisé. Un clocher-porche en pierre des Charentes, couvert d’une toiture en pavillon, réalisée en ardoises (alors que le reste des couvertures de l’église, à longs pans, est en tuiles plates) : soutenu par d’étroits contreforts, il précède la nef et s’ouvre par une large porte en arc en tiers point, surmontée de deux baies en plein cintre.

Clé de voute aux armes des Ricard de Gourdon de Genouillac. Payrac, église Notre-Dame de Camy.

Dans l’église, deux écus armoriés sont sculptés à l’entrée (armoire 1a) et sur la clé de voûte de la chapelle sud (armoirie 1b). Visiblement repeints au XIXe siècle sans rapport avec la polychromie d’origine, les deux portent la même armoirie partie de Gourdon (à trois étoiles rangées en pal) et de Ricard (à trois bandes). Cela nous rappelle que Camy était entrée dans le patrimoine des Ricard par le mariage de Pons de Ricard, capitaine de Gourdon en 1352 pour le roi de France, avec Alix, fille de Bertrand II de Gourdon (Racineshistoire, pl. 5), et que les Gourdon, sires de Genouillac, avaient conservé par la suite la seigneurie, jusqu’au mariage, en 1523, de Jeanne de Gourdon de Genouillac, fille de Jacques Ricard de Genouillac (dit Galiot de Genouillac) grand-maître de l’artillerie du roi, avec Charles de Crussol, vicomte d’Uzès, qui fait passer Camy dans le patrimoine de cette illustre famille. Si la présence de ces écus armoriés confirme l’intervention des Ricard de Gourdon de Genouillac dans la reconstruction de l’église et notamment dans l’érection de la chapelle sud-est, il est difficile d’identifier avec certitude le membre de la famille auquel ces armoiries appartenaient. Il semble toutefois plausible qu’elles appartiennent à Galiot de Genouillac lui-même, mort en 1546, puisque les peintures murales et l’architecture des chapelles datent du premier quart du XVIe siècle.

Ecu aux armes des Ricard de Gourdon de Genouillac. Payrac, église Notre-Dame de Camy.

À l’intérieur, des peintures murales médiévales remarquables, peut-être liées au mécénat de la famille des Gourdon de Genouillac, sont visibles dans le chœur et sur l’arc triomphal ainsi que de manière très lacunaire dans les deux chapelles latérales et sur la croisée du transept. Nous pouvons signaler l’existence de trois litres funéraires successives, qui se développent également dans la nef et dans les chapelles latérales.

Auteur : Emmanuel Moureau

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