Mouilleron-Saint-Germain, église Saint-Hilaire

L’église Saint-Hilaire de Mouilleron-en-Pareds, dans la commune de Mouilleron-Saint-Germain, est mentionnée pour la première fois le 15 avril 1158, dans une bulle confirmant les possessions de l’abbaye Saint-Ruf de Valence (Valence, AD Drôme, 2 H 3), mais la localité elle-même est déjà citée dans une charte des environs de 1059-1060 (Brusseau 2020, vol. 2, p. 6). L’édifice a fait l’objet de plusieurs reconstructions et restauration, à la suite notamment des pillages subis pendant la guerre de Cent Ans, au début des guerres de Religion (et même dès 1554) et au début de la guerre de Vendée (Delhommeau 1967).

Presque totalement reconstruite en 1858 sous la direction de l’architecte Segrétain (Delhommeau 1967, p. 58), l’église du XVe siècle est néanmoins connue grâce à un plan de 1856 (Audé 1856, p. 199) et à des mentions antérieures. Elle présentait deux nefs à sept travées, terminées par un chevet plat, tandis que le mur périmétral sud n’était curieusement pas droit. Seul le clocher quadrangulaire survit de l’édifice originaire : situé au milieu de la nef nord et fortifié en son sommet par des mâchicoulis et des échauguettes, ajoutés au XVe siècle, il conserve aussi des éléments romans (des modillons en particulier). Les trois travées occidentales, ruinées par les pillages des guerres de Religion, furent définitivement rasées pour construire le presbytère en 1750 (Dubin s.d., p. 25). Les travaux de 1858 ont surtout consisté en l’ajout d’une troisième nef au sud, d’un chœur en abside flanqué de deux absidioles et surmontant une « crypte » à l’est, et à la reprise des voûtements sur croisées d’ogives et des maçonneries.

Mouilleron-Saint-Germain, église Saint-Hilaire, vue de l’intérieur vers la paroi intérieure de la façade. .

L’extérieur de l’église, en-dehors du clocher fortifié, est sobre et sans aucun décor. À l’intérieur, la très grande majorité des décors héraldiques sont modernes voire contemporains. Sur les piliers faisant face au cœur, par exemple, on retrouve les armes de la famille du maréchal de Lattre de Tassigny (1889-1952), né dans la commune dont son père a été maire pendant des décennies, et les vitraux portent les armoiries des familles qui en ont financé la réalisation dans les années 1860. Deux pierres tombales déposées sous le clocher portent l’une les armes du sieur David Arnault (1682-1751), l’autre celles de sa veuve, née Fleury (morte en 1764). Dans la quatrième travée de la nef nord, le mur est orné par les armes de Macé Bertrand, seigneur engagiste de Vouvant-Mervent et de Mouilleron au milieu du XVIIe siècle.

Des éléments ornementaux plus anciens se trouvent dans le clocher, où a était également réuni un dépôt lapidaire regroupant des modillons, des chapiteaux et d’autres sculptures de provenance inconnue, comme des éléments retirés de l’église lors des travaux du XIXe siècle. En ce qui concerne plus directement la « mise en signe » de l’édifice médiéval, nous noterons que le pilier sud-ouest du clocher porte un écusson vierge sur son chapiteau côté nef (armoirie 1) et, plus haut, un écu armorié déjà attribué à Jean de Dunois (armoirie 2) (Audé 1856, p. 201 ; Bousseau 1993).

Mouilleron-Saint-Germain, église Saint-Hilaire, chapiteau orné d’un écu aux armes d’Orléans-Longueville.

Aujourd’hui visible que depuis la tribune de l’orgue, mais à l’origine située au milieu de la nef sud, cette armoirie permet de préciser davantage la date des travaux de reconstruction de l’église Saint-Hilaire dans la seconde moitié du XVe siècle. C’est en effet en 1458 que le bâtard d’Orléans devient seigneur de Mouilleron, quand il se voit remettre par le roi la baronnie de Vouvant-Mervent (Géron 2022). Ainsi, comme il l’a fait dans les églises de Mervent et de Vouvant, Jean de Dunois – ou plutôt son fils François d’Orléans-Longueville qui remplace la cotice en barre, signe de bâtardise, par une cotice en bande plus valorisante (Hablot 2016) comme nous le voyons ici – marque son implantation dans ses nouveaux domaines par l’héraldique, comme nous pouvons encore le constater dans d’autres églises dont il n’est pas le patron mais qui relèvent de sa baronnie (Réaumur, Cheffois).

Auteur : Clément Brusseau

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