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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Riom, Palais des ducs d’Auvergne

 

Le palais ducal de Riom est construit sous l’impulsion du duc Jean de Berry († 1416) sur l’emplacement d’une première forteresse, bâtie entre 1241 et 1271 pour Alphonse de Poitiers (Kurmann-Schwarz 2003, p. 339). De cette première structure alphonsine, le duc ne semble avoir conservé que le donjon circulaire, connu sous le nom de tour Bonan, encore visible dans l’armorial Revel mais abattu par la suite en 1830-1840 (Teyssot 1999, p. 355 ; Delmiot 2003, p. 351). Les travaux, bien documentés par les comptes, débutèrent dès 1382 (Teyssot 1999, p. 356) sous la direction du maitre d’œuvre Guy de Dammartin et se poursuivirent jusqu’en 1403, date donnée par l’analyse dendrochronologique de la toiture de la chapelle palatiale, bâtie dans la dernière phase du chantier (Kurmann-Schwarz 2003, p. 339).

Le palais des ducs d’Auvergne à Riom. Paris, BNF, ms. Fr. 22297, Armorial Revel, f. 41 (© Gallica).

Par la suite, le duché d’Auvergne passe aux mains des ducs de Bourbon par un glissement d’apanage à l’occasion de l’union entre Jean Ier de Bourbon († 1434) et de Marie de Berry († 1434) en 1400. Après le rattachement de la principauté bourbonnaise aux possessions de la Couronne en 1531, le palais accueille pendant un certain temps l’administration et la justice royales. Au XIXe siècle, les nombreuses modifications apportées au complexe architectural pour le transformer en l’actuelle cour d’appel effacent presque intégralement l’édifice originel, dont ne subsistent plus que la chapelle palatiale et quelques éléments de murs médiévaux (Whiteley 2003, p. 333).

Les rares représentations du palais nous étant parvenues aujourd’hui ne montrent aucun décor héraldique distinct sur l’extérieur de l’édifice. Il est pourtant probable que celui-ci ait été fortement marqué par l’emblématique du duc de Berry, puis des ducs de Bourbons, suivant une tendance ornementale ordinaire dans les résidences princières de cette période. Nous savons par exemple que le château de Poitiers, érigé de manière parfaitement contemporaine – et par le même maître d’œuvre – exhibait un certain nombre d’éléments armoriés. Un autre édifice bâti pour le prince, le château de Mehun-sur-Yèvre, est également représenté comme abondamment armorié dans le manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry (fol. 161v).

Le château de Mehun-sur-Yèvre. Chantilly, bibliothèque du château, ms. 65, Les Très riches heures du duc de Berry, f. 161v (© Biblissima).

Un document du début du XIVe siècle, conservé aux archives municipales de la ville, confirme par ailleurs l’existence de tels décors. Dans ce texte, un seigneur local, Jean Barre de Bourrassol, se plaint auprès du prince que les consuls de la ville ont « rompuz et ostéz les escussons des verrières de votre palaiz de Riom où estoient voz armes et y laissées les armes du duc de Bourgogne » (Teyssot 1999, p. 358). Ce témoignage nous informe donc de l’existence de verrières aux armes du duc dans son palais (armoiries1a-?), mais également de la présence plus surprenante des armoiries de Bourgogne (armoiries 2a-?), laissées en place par les iconoclastes. Ces armoiries étaient-elles part d’un cycle généalogique armorié illustrant les armes de son frère, Phillipe le Hardi ? Ou s’agissait-il d’un décor collectif, mettant en scène les différentes branches de la maison royale, comme on pouvait le voir sur la porte du château de Nîmes ?

Porte du palais des ducs d’Auvergne à Riom ornée de la devise du cygne de Jean de Berry, dans Ch. Nordier, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Paris 1833, pl. 4.

Il est également plausible que l’intérieur du palais présentait d’autres décors armoriés, sur les portes et sur les cheminées, par exemple, à l’instar de ce que l’on peut voir encore de nos jours dans les palais des comtes de Poitiers. Pourtant, la mention par Marc de Vissac (1888, p. 102) d’une « cheminée monumentale, portant encore l’écu des princes de Bourbon » demeure douteuse, tout comme l’identité de cette armoirie dont nous ne trouvons aucune autre trace documentaire : les armes de Bourbon en question pourraient en effet bien être celles des Bourbons royaux, le palais de Riom devenant brièvement Cour royale à la Restauration.

Nour rappellerons enfin que plusieurs éléments en provenance de l’ancien palais, classés par arrêté du 15 avril 1970 (base POP), sont aujourd’hui conservés au château de Jozerand, au nord de Riom. Parmi ces éléments, achetés par le comte de Chabrol dans les années 1830-1840, une porte monumentale présente un tympan sculpté en haut-relief montrant un cygne tenant un phylactère (Teyssot 1999, p. 359). Ce volatile, devise privilégiée du duc Jean de Berry (Hablot 2001, p. 486-487), apparaissait fréquemment dans son emblématique, sur une grande variété de supports (manuscrits, sceaux, sculptures).

 

 

 

Auteur : Antoine Robin

Pour citer cet article

Antoine Robin, Riom, Palais des ducs d’Auvergne, https://armma.saprat.fr/monument/riom-palais-des-ducs-dauvergne/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie sources

Chantilly, Bibliothèque et Archives du Château, ms. 65, Les Très riches heures du duc de Berry.

Paris, BnF, ms. Fr. 22297, Armorial Revel.

Michel Adolphe, L’ancienne Auvergne et le Velay. Histoire, archéologie, mœurs, topographie IV. Atlas, Moulins 1843.

Nodier Charles, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Paris 1833.

Bibliographie études

Delmiot Franck, « Le palais de Justice de Riom », dans Congrès archéologique de France, 158e session, Basse-Auvergne, Grande Limagne, Paris 2003.

Kurmann-Schwarz Brigitte, « La Sainte-Chapelle de Riom et ses vitraux », dans Congrès archéologique de France, 158e session, Basse-Auvergne, Grande Limagne, Paris 2003, p. 339-349.

Hablot Laurent, La devise, mise en signe du prince, mise en scène du pouvoir, thèse de doctorat, dir. M. Pastoureau, M. Aurell, Université de Poitiers, 2001.

Teyssot Josiane, Riom. Capitale et Bonne Ville d’Auvergne. 1212-1557, Nonette 1999.

Whiteley Mary « Riom : le palais de Jean, duc de Berry », dans Congrès archéologique de France, 158e session, Basse-Auvergne, Grande Limagne, Paris 2003, p. 333-337.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Riom, Palais des ducs d’Auvergne. Armoirie Berry (armoiries 1a-?)

(D’azur à trois fleurs de lys d’or, à la bordure engrêlée de gueules).

  • Attribution : Berry, Jean de
  • Position : Extérieur ; Intérieur
  • Étage : Inconnu
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Baie
  • Support armorié : Verrière
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Vitrail
  • Période : 1376-1400 ; 1401-1425
  • Dans le monument : Riom, Palais des ducs d’Auvergne

Riom, Palais des ducs d’Auvergne. Armoirie Touraine-Bourgogne (armoiries 2a-?)

(Ecartelé, au 1 et 4, d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée de gueules et d’argent [Touraine] ; au 2 et 3, bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules [Bourgogne ancien]).

  • Attribution : Bourgogne, famille de
  • Position : Extérieur ; Intérieur
  • Étage : Inconnu
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Baie
  • Support armorié : Verrière
  • Structure actuelle de conservation : Pièce disparue
  • Technique : Vitrail
  • Période : 1376-1400 ; 1401-1425
  • Dans le monument : Riom, Palais des ducs d’Auvergne

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