Lamothe-Fénelon, église Saint-Sixte

Dans le village de Lamothe-Fénelon (Lamothe-Massaut jusqu’au XVIIe siècle), situé dans le nord-ouest du département du Lot, l’église Saint-Sixte est mentionnée en 1253 comme prieuré non conventuel de l’abbaye Sainte-Marie de Souillac à laquelle elle fut semble-t-il rattachée à une époque plus ancienne (Séraphin, Scellès 2011, p. 220). L’église, classée au titre des Monuments Historiques en 1913 (base POP), conserve une abside romane précédée d’une travée droite, qui semble remonter à la seconde moitié du XIIe siècle. Au XIVe siècle, l’édifice est agrandi : la nef est élargie vers l’ouest et deux chapelles sont ajoutées au sud. La façade occidentale est entièrement reconstruite. Imposante, elle est constituée d’un portail en arc brisé à triple voussures, abrité par un porche étroit, surmonté d’une rose quadrilobée. Un rang de mâchicoulis protège l’ensemble et un clocher-mur à fronton triangulaire couronne le tout. Une tour polygonale au nord permet de desservir les niveaux supérieurs.

Lamothe-Fénelon, église Saint-Sixte, détail du décor peint du cul-de-four de l’abside (© E. Moureau).

Au XVe siècle, l’abside a été ornée d’un ensemble de peintures murales, redécouvertes en 1976 et restaurées en 1979, qui représentent l’Annonciation et, sur le cul-de-four, le Christ en majesté entouré du tétramorphe. Un écu désormais vide (armoire 1), inséré dans un quadrilobe à redents, est positionné sur la façade de l’estrade qui soutient le trône du Christ. Il devait porter les armes du commanditaire du décor, dont le nom nous reste malheureusement inconnu. D’autres modifications architecturales ont été réalisées entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe. A cette époque la nef a été couverte par des voûtes. Dans la seconde travée, la clé est encore chargée d’un écu posé sur un réseau de fleurons (armoirie 2) : aujourd’hui lisse, il devait être peint aux armes soit du commanditaire ou du financeur des travaux, soit d’une famille ou d’un individu qui avait des droits dans cette église.

La chapelle nord, consacrée à Notre-Dame-de-Pitié, fut bâtie peu avant 1497. Nous savons en effet qu’à cette date Jean de Salignac († 1502) – dont la famille originaire du village éponyme en Périgord avait acquis la seigneurie de Lamothe-Massaut au cours du XIVe siècle – demanda dans son testament à être enseveli dans l’édifice nouvellement bâti à côté de sa femme, Catherine de Lauzièere (Lainé 1844, p. 23). La chapelle a fait l’objet en 2011 de fouilles archéologiques qui ont permis de découvrir l’antependium du maître-autel primitif de l’église, remployé comme simple dalle dans le pavage de l’édifice. Cet élément rectangulaire, en pierre calcaire, est sculpté d’un réseau complexe de remplages de style gothique flamboyant, à l’imitation de ceux des fenêtres d’églises ou de façades de coffres en bois contemporains. Il semble remonter à la fin du XVe siècle. Au centre de la composition apparaissent, discrètement, les armoiries des Salignac de Lamothe-Fénelon (armoirie 3), preuve qu’ils ont offert ce devant d’autel à l’église Saint-Sixte. Comme cela se produit souvent dans l’héraldique monumentale, l’armoirie ne correspond pas totalement à celle qu’on attribue habituellement à la famille puisqu’il présente un bandé au lieu des trois bandes traditionnelles. A ce jour, il est toutefois impossible d’affirmer si cette armoirie représente une vraie variante ou, comme il nous semble plus plausible, si elle est le produit d’une erreur du sculpteur.

Auteur : Emmanuel Moureau

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