ArmmA

ARmorial Monumental du Moyen-Âge
Afficher la recherche

Rechercher dans le site

Recherche héraldique

Minihy-Tréguier, calvaire

 

Établi sur la rive gauche du Jaudy, Minihy-Tréguier était autrefois l’une des paroisses de la cité épiscopale de Tréguier, située à environ un kilomètre et demi au sud de la cathédrale. À la fin du Moyen Âge, elle profita largement du culte fervent voué à saint Yves Hélory, dont le berceau familial était sis sur son territoire au manoir de Kermartin. Au milieu du XVe siècle, pour accueillir le cénotaphe du saint, une importante chapelle de dévotion fut « somptueusement construite, toutte batie de taille au dehors et couverte d’ardoise et le sommet de plomb » (Rioult 2018, p. 660). La relecture attentive d’un procès-verbal de prééminences de 1601 a récemment permis de préciser l’important décor héraldique qui ornait l’édifice et d’en identifier tous les protagonistes, composés des membres les plus influents du chapitre cathédral et des seigneurs de Kermartin (ibid.). Le monument ne subit pas de modification majeure jusqu’à la réédification des parties occidentales en 1820. Sous l’impulsion du comte Aymar de Roquefeuil, maire, l’afflux des dons permit d’installer un riche mobilier dont la plus belle pièce est un superbe maître-autel commandé en 1872 et réalisé en kersanton par le maître-sculpteur morlaisien Yann Larhantec.

Détail du crucifix et des armes de Troguindy alias de Trolong, vers la fin du XVe siècle, Minihy-Tréguier, cimetière, calvaire.

On supposa que « c’est sans doute au même Jean Larhantec qu’il faut attribuer la très belle croix du cimetière, qui porte les armes de la famille de Roquefeuil et de ses alliés » (ibid., p. 678). L’examen de ce calvaire établi dans le cimetière un peu en avant de la façade montre cependant qu’il est plus ancien et remonte à la fin du Moyen Âge. Outre une altération trahissant une exposition de plusieurs siècles en extérieur, il ne présente pas d’analogie avec les autres productions du sculpteur, généralement plus imposantes et au décor très refouillé. Le style de la sculpture fait davantage songer à une réalisation de la deuxième moitié du XVe siècle ou du tout début du XVIe. Plusieurs cartes postales anciennes attestent par ailleurs que le monument n’avait pas bougé d’emplacement. Sur un soubassement carré en pierres de tailles et un socle portant un fût octogonal, il est coiffé d’un petit crucifix sur un chapiteau à feuilles de choux établi dans une pierre sombre, kersanton ou métahornblendite. À l’avers, le Christ en croix est encadré par la Vierge et saint Jean, et au revers une Vierge à l’Enfant est entourée d’une Sainte Femme et d’un saint évêque. Trois écussons en bannière sont sculptés, l’un sous les pieds du Christ (armoirie 1), les deux autres tenus par un ange aux extrémités des bras de la croix (armoiries 2-3).

Le premier montre neuf besants ou tourteaux posés 3, 3, 3 (armoirie 1) dont le nombre est sans doute cause de la confusion avec les armes de Roquefeuil, d’azur à neuf nœuds en lacs d’amours d’or. Ce sont en réalité les armes de l’une des deux familles de Troguindy, qui blasonnait de gueules à sept ou neuf besants d’or (Le Borgne 1667, p. 282 ; Potier de Courcy 1993, 2, p. 625), ou de Trolong d’argent à dix besants de sable (Le Borgne 1667, p. 282 ; Torchet 2003, p. 250), sans pouvoir trancher. Toutes deux étaient possessionnées dans les paroisses immédiatement voisines, notamment à Penvénan et Camlez pour les premiers, Hengoat, Langoat et Trédarzec pour les seconds.

Détail du montant gauche de la Croix et des armes écartelées de Troguindy alias de Trolong et du Tertre, Minihy-Tréguier, cimetière, calvaire, (c) Inventaire général.

Les écussons aux extrémités du montant horizontal de la croix montrent une même alliance de ces armes. À la main gauche du Christ, elles sont écartelées aux deux et trois d’un lambel à quatre pendants, une figure employée de manière rarissime comme meuble isolé du blason (armoirie 2). Ce sont les armes de la famille du Tertre (Le Borgne 1667, p. 271-272 ; Torchet 2003, p. 244-245), dont les fiefs principaux étaient à Lanvézéac et Servel, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest. Sur l’écu à main droite du Christ (armoirie 3), les quartiers sont inversés, les armes du Tertre figurant aux un et quatre. Cette particularité ici n’est pas signifiante et doit être mise sur le compte d’un jeu esthétique, qui s’observe en d’autres cas analogues. Si les généalogies des Trolong et des Troguindy sont à peu près connues pour les branches aînées, en revanche celle du Tertre est très lacunaire, et l’alliance n’est pas documentée.

Auteur : Paul-François Broucke

Pour citer cet article

Paul-François Broucke, Minihy-Tréguier, calvaire, https://armma.saprat.fr/monument/minihy-treguier-cimetiere-calvaire/, consulté le 03/12/2024.

 

Bibliographie études

Le Borgne, Guy, Armorial breton, Paris 1667.

Potier de Courcy, Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, Mayenne 1993 (rééd.).

Rioult, Jean-Jacques, « L’église Saint-Yves de Minihy-Tréguier », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 96, 2018, p. 659-678.

Torchet, Hervé, Réformation des fouages de 1426. Diocèse ou évêché de Tréguier, Paris 2003.

« Minihy-Tréguier, le bourg : calvaire du cimetière », Gertrude, Inventaire, 2018.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Minihy-Tréguier, calvaire. Armoirie de Troguindy alias de Trolong (armoirie 1).

De… à neuf besants alias tourteaux de…, posés 3, 3 et 3.

  • Attribution : Troguindy famille de ; Trolong famille de
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Cimetière
  • Support armorié : Croix ou calvaire
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Minihy-Tréguier, calvaire

Minihy-Tréguier, calvaire. Armoirie de Troguindy alias de Trolong-du Tertre (armoirie 2).

Écartelé, aux 1 et 4 : de… à neuf besants alias tourteaux de…, posés 3, 3 et 3 (de Troguindy alias de Trolong) ; aux 2 et 3 : de (gueules) au lambel d'(argent) (du Tertre).

Tenant : un ange.

  • Attribution : du Tertre famille ; Troguindy famille de ; Trolong famille de
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Cimetière
  • Support armorié : Croix ou calvaire
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Minihy-Tréguier, calvaire

Minihy-Tréguier, calvaire. Armoirie du Tertre-de Troguindy alias de Trolong (armoirie 3).

Écartelé, aux 1 et 4 : de (gueules) au lambel d'(argent) (du Tertre) ; aux 2 et 3 : d’… à neuf besants alias tourteaux d’… posés 3, 3 et 3 (de Troguindy alias de Trolong).

  • Attribution : du Tertre famille ; Troguindy famille de ; Trolong famille de
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Cimetière
  • Support armorié : Croix ou calvaire
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500 ; 1501-1525 ; 1526-1550
  • Dans le monument : Minihy-Tréguier, calvaire

Recherche

Menu principal

Haut de page