Vendeuvre-du-Poitou, église Saint-Aventin

Bâtie au XII^ème siècle, l’église Saint-Aventin de Vendeuvre-du-Poitou présentait probablement dès son origine une nef à deux vaisseaux, la nef principale étant côtoyée par un collatéral au sud. Des colonnes couronnées par des chapiteaux sculptés et figurés soutenaient les arcs-doubleaux et formerets. Des modifications furent apportées déjà au cours du XIII^ème siècle : c’est de cette époque qui datent les arcs brisés entre la nef et le bas côté sud et les portails sud et ouest, ainsi que le clocher-porche. Dans la même phase un nouveau chœur à chevet plat éclairé par trois baies hautes et étroites fut ajouté à l’est de la nef romane. Les voûtes du chœur, du type angevin, sont ornées de clefs sculptées et figurées : une Vierge à l’Enfant, sur celle à l’ouest, et un Christ en majesté, sur celle à l’est.

Église Saint-Aventin, Vendeuvre, mise en signe héraldique de la chapelle seigneuriale.

Au XVI^ème siècle une chapelle seigneuriale fut ajoutée en prolongation du bas-côté sud. Formée de deux travées voûtées d’ogives surbaissées, elle communique avec le chœur par le biais de deux larges arcs elliptiques, ouverts dans l’ancien mur gouttereau méridional. À la hauteur de la travée orientale, une porte, condamnée par la suite, permettait d’accéder directement à la chapelle de extérieur. L’héraldique jalonne ce nouvel espace. Des écus ornent les clefs des arcs formeret nord (armoiries 1, 2), du côté du chœur, et celles des arcs-doubleaux (armoiries 3, 5), du côté occidentale : de cette façon, l’identité des titulaires de la chapelle était tout de suite affichée à ceux qui se rendaient dans l’église, sans avoir peut-être accès à cet espace réservé. D’autres écus en forme de chanfrein sont sculptés sur les clefs de voûte couvrant les deux travées de la chapelle (armoiries 4, 6). Aucune trace d’armoirie n’est plus malheureusement visible sur tous les écussons, probablement grattés à la Révolution (l’absence de tout relief laisse croire que les armes étaient peintes).

La forme de l’écu peut toutefois fournir un indice pour identifier le propriétaire de la chapelle. Il s’avère en effet que cette forme d’écu, de dérivation italienne, est plutôt rare dans l’héraldique poitevine et qu’elle est généralement utilisée par des personnages (tels que Pierre d’Amboise, Geoffroy d’Estissac etc.)qui sont soit des mécènes influencés par l’art de la Renaissance italienne, soit des proches de la cour qui en absorbent ou imitent la culture et les usages. Il sera donc plausible d’associer la construction de cette chapelle au nom de Guillaume II Gauffier (Chevallier-Rufigny 1930) qui, après avoir reçu le fief de Bonnivet en 1506, y fit construire le célèbre château renaissant à partir de 1519.

Armoirie en forme de chanfrein. Eglise Saint-Aventin, Vendeuvre, clef de voûte de la chapelle seigneuriale.

Parmi les personnages les plus influents de la cour de François I, nommé amiral et puis gouverneur du Dauphiné, il participa aux guerres d’Italie, trouvant la mort à la bataille de Pavie en 1525. En 1518 il avait obtenu de l’évêque de Poitiers l’érection en châtellenie de son fief, jusqu’à ce moment dépendant de la seigneurie de Vendeuvre, aussi que le droit de haute justice (Guillaume 2006, p. 21-23). Il est donc plausible que son action se traduit aussi dans un investissement dans l’église paroissiale du village, qu’il avait peut-être choisi comme lieu d’inhumation (le corps de l’Amiral fut transféré dans l’église d’Oiron en 1560 par Claude Gouffier, son neveu, qui voulait lui rendre une sépulture digne de son rang ; Guillaume et alii 2000. P. 77-78). D’ailleurs, des donations à l’église de Vendeuvre avaient déjà été accordées par ses prédécesseurs, si en 1442 Aimeri Gauffier confia, dans son testament, à son fils Guillaume de récupérer la rente que son père Jean avait établi en 1411 (Dom Fonteneau ms. 539, f. 332).

Auteur : Matteo Ferrari

Bibliographie études

Chevallier-Rufigny, « L’histoire merveilleuse et tragique du château de Bonnivet en Poitou », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 3^e, 8, 1930, p. 575-619.

F. Ambière, Le favori de François I, Gouffier de Bonnivet amiral de France, Paris 1936.

J. Guillaume et alii, Le château d’Oiron et son cabinet de curiosités, Paris 2000.

J. Guillaume, Le château de Bonnivet, entre Blois et Chambord : le chaînon manquant de la première Renaissance, Paris 2006.

Armoiries répertoriées dans ce monument