Poitiers, Palais épiscopal

Évêque de Poitiers de 1441 à 1449, Guillaume Gouges de Charpaigne s’investit beaucoup dans l’entretien des biens de l’évêché, dans le diocèse comme dans la ville de Potiers. Grand bâtisseur – comme le prouve sa présence dans le « chantier » de la forteresse d’Angle-sur-l’Anglin, commencé par Hugues de Combarel son prédécesseur – à Poitiers il porta son attention sur la cathédrale, pour laquelle il fit fondre deux cloches, et sur le palais épiscopal (Favreau 1965, p. 99).

Poitiers, palais épiscopal, console de l’escalier aux armes de Geoffroy de Saint-Belin.

Ce dernier, d’origine ancienne, jouxtait la cathédrale à nord-ouest, sa porte principale ouvrant directement sur la place de l’église métropolitaine (ibid., p. 99, note 50). Notamment, Guillaume Gouges de Charpaigne fit paver intégralement l’édifice et en 1444 passa un marché avec le verrier Denis Lasne de Bourges pour qu’il installe des vitres blanches dans la grande salle (Fillon 1864, p. 203 ; Favreau 1965, p. 99). L’armoirie de l’évêque apparaissait sur un de ces vitraux comme un dessin de Roger de Gaignières l’atteste (BnF, ms. lat. 17042, p. 377 : Vallière 2008, p. 161) (armoirie 1). Les présences héraldiques dans l’édifice devaient être en tout cas bien plus nombreuses, comme l’indique la présence d’un écusson armorié, plus tardif, aux armes de l’évêque Geoffroy de Saint-Belin (armoirie 2). Sculpté sur une console encastrée au-dessous des marches de l’escalier qui dessert les étages supérieurs de l’édifice, les armes de l’évêques affichent la même composition employée sur son sceau (Sigilla), avec un écu en accolade timbré d’une mitre et accolé à une crosse. À la difference de l’armoirie représentée sur le sceau, dans le relief la crosse est cependant placée dans l’axe de l’écu, qui est soutenu par deux anges. Évêque de Poitiers jusqu’à sa mort en 1611, Geoffroy de Saint-Belin avait fait orner aussi de statues la chapelle Saint-Paul dans le bras sud du transept de la cathédrale où il se fit inhumer dans un tombeau orné de ses armes (Favreau 2006, p. 42), également tenues par deux anges (Paris, BnF, ms. Lat. 17042, fol. 477 : Collecta).

Nous n’avons en revanche pas pu identifier l’armoirie au chevron accompagné de trois colombes qui timbre le linteau d’une porte à l’étage (armoirie 3). Représentée sur un écu en chanfrein dont l’usage s’affirme dans la région à partir des années 1520, cette armoirie pourrait également dater de la deuxième moitié du XVIe siècle.

Auteur : Matteo Ferrari

Bibliographie études

Favreau Robert, « Guillaume Gouge de Charpaignes », Bulletin des Antiquaires de l’Ouest, s. 4, 8, 1965, p. 89-100.

Favreau Robert, La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, Cognac 2006.

Fillon Benjamin, L’art de terre chez les poitevins, suivi d’une étude sur l’ancienneté de la fabrication du verre en Poitou, Niort 1864.

Vallière Laurent, Diocèse de Poitiers, Turnhout 2008 (Fasti ecclesiae gallicanae, t. 10).

Armoiries répertoriées dans ce monument