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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Buxerolles, église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe

 

Citée pour la première fois en 1226, l’église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe de Buxerolles remonterait à l’époque romane. Une première chapelle, totalement détruite lors de la reconstruction de l’édifice en 1868 (seulement le clocher-porche érigé en 1851 fut préservé) daterait du XIe siècle (Barbier de Montault 1872, p. 469. L’église fut d’ailleurs remaniée à plusieurs reprises (voir pour les détails la notice publiée dans Gertrude) : la nef fut prolongée de deux travées au XIIe siècle, tandis que la première travée fut couverte d’une nouvelle voûte au XVe siècle (Barbier de Montault 1872, p. 471).

Ces derniers travaux ont été attribués à Pierre d’Amboise, évêque de Poitiers de 1481 à 1505 (Vallière 2008, p. 181-184), en raison de la présence d’un fragment sculpté à ses armes. En 1937, François Eygun donna en effet à la Société des Antiquaires de l’Ouest un dessin qui reproduisait « un fragment de sculpture de l’ancienne église de Buxerolles et représentant un écusson palé du XVe siècle en tête de cheval », qu’il proposa d’identifier comme Amboise (Eygun 1936-1938, p. 374) (armoirie 1). Deux ans plus tard, Joseph Salvini affirma que l’écusson aux armes des Amboise avait été remployé dans la nouvelle église (Salvini 1939, p. 106, note 1). Il est probable que le fragment en question soit à identifier avec celui actuellement encastré à l’extérieur d’un bâtiment flanquant l’abside de l’église, juste au-dessus de la porte d’entrée. Sa position couchée (rotation à 90°) indique un remploi et son état de conservation est mauvais. Il présente un écu palé de petite taille (12 cm de haut) en forme de chanfrein, selon la mode du début du XVIe siècle suivie par les commanditaires les plus à jour sur le gout de la Renaissance italienne. Ce fragment n’appartenait sûrement pas à la voûte construite au XVe siècle et écroulée au début des années 1870 (Barbier de Montault 1872, p. 471). Il semble plutôt avoir fait partie d’un pilastre, peut-être attenant à une clôture d’autel.

Buxerolles, nouvelle église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe, fragment (de clôture d'autel ?) aux armes d'Amboise.

Fragment (de clôture d’autel ?) aux armes d’Amboise. Buxerolles, église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe.

En l’absence d’autres documents, l’intervention de Pierre d’Amboise dans la réfection de l’église paraît tout de même plausible. Son activité de bâtisseur et restaurateur dans le diocèse est bien connue. Encore de nos jours elle est attestée par les écussons à ses armes avec lesquels Pierre, comme les autres membres de sa nombreuse fratrie (Hablot 2013), signait systématiquement les œuvres qu’ils avait commanditées. Nous les voyons encore dans le cloître de l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes, à l’extérieur d’une chapelle nord de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers ou sur le sommet de la tour nord de la cathédrale Saint-Pierre. Pierre d’Amboise intervint également pour améliorer les conditions du culte des églises paroissiales du diocèse, du moins celles comprises entre la ville de Poitiers, son siège épiscopal, et Dissay, son lieu préféré de résidence. Ses armes sont encore visibles aujourd’hui dans l’église paroissiale de Dissay, mais elles étaient représentées aussi à la voûte du chœur de l’église Saint-Clément de Chasseneuil.

À l’intérieur de l’église se trouve une pierre ornée de quatre clefs sculptées en relief, disposées en croix et n’ayant qu’un seul anneau en commun. Provenant d’un des contrefort du chevet de l’ancienne église (Barbier de Montault 1872), cette figure a été interprétée comme l’enseigne du chapitre de la cathédrale de Poitiers (Barbier de Montault 1872, p. 472 qui date le relief du XIIe siècle). Toutefois, ce dernier utilisait des simples clefs en sautoir, comme celles reproduites sur le clocher de la cathédrale. Une autre pierre armoriée, bien plus moderne, a été remployée à l’intérieur de l’église (une copie est encastrée dans le mur de clôture de l’ancien presbytère ; notice Inventaire): ornée d’un écu timbré d’un casque aux armes des Lépinay-Richeteau, seigneurs de Buxerolles au XVIIe siècle, elle provient du mur du chevet de l’église (Barbier de Montault 1872, p. 472).

 

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Buxerolles, église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe, https://armma.saprat.fr/monument/buxerolles-eglise-saint-jacques-et-saint-philippe/, consulté le 03/12/2024.

 

Bibliographie études

X. Barbier de Montault, « La Commune de Buxerolle », dans Bulletin monumental, 4e s., 8, 38, 1872, p. 466-

F. Eygun, « Procès-verbaux », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 3e s., 11, 1936-1938, p. 369-388.

J. Salvini, « Les ensembles décoratifs dans le diocèse de Poitiers entre la guerre de cent ans et les guerres de religion », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 3e s., 12, 1939, p. 95- 125.

L. Vallière, Diocèse de Poitiers (Fasti ecclesiae gallicanae, t. 10), Turnhout 2008.

L. Hablot, « L’emblématique de Georges d’Amboise. Expression plurielle du pouvoir », dansGeorges Ier d’Amboise, 1460-1510. Une figure plurielle de la Renaissance, dir. J. Dumont, L. Fagnart, Rennes 2013, p. 31-47.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Buxerolles, église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe. Armoirie Pierre d’Amboise (armoirie 1)

Palé d'(or) et de (gueules) de six pièces.

  • Attribution : Amboise, famille ; Amboise, Pierre d'
  • Position : Inconnue
  • Étage : Inconnu
  • Pièce / Partie de l'édifice : Inconnue
  • Emplacement précis : Inconnu
  • Support armorié : Inconnu
  • Structure actuelle de conservation : Déplacée dans le même monument
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Buxerolles, église Saint-Jacques-et-Saint-Philippe

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