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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Civray, commanderie (tombeau de Guy de Meyos)

 

Documentée dès 1184, quand un acte de donation fait par Audouin de Ruffec au monastère de Montazay est dressé « apud Sivraicum, in  domo Templi» (Faye 1849, p. 458), la commanderie de Civray fut construite au-dehors du village, sur un coteau placé sur la rive opposée de la Charente (Semur 1984, p. 286-287). A l’époque de sa construction, elle dépendait de la Maison du Temple d’Ensigné (Deux-Sèvres) et faisait partie du Grand Prieuré d’Aquitaine. Elle passa aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem après la dissolution de l’Ordre du Temple (Brouillet 1865, p. 254 ; Rédet 1881, p. 124 ; Bobe 1935, p. 258-259). Il ne reste de la structure que l’église dont on apprécie le mur pignon oriental (correspondent au chevet), percé par trois baies, hautes et étroites, qui devaient inonder l’intérieur de l’édifice de lumière. Construite vers la fin du XIIIe siècle, elle versait en très mauvais état déjà au milieu du XVIIe siècle et fut enfin transformée en grange après la Révolution (ibid., p. 263).

Plaque funéraire de Guy de Meyos. Paris, Musée du Louvre (inv. OA 7495) (de la Commanderie de Civray).

Plaque funéraire de Guy de Meyos. Paris, Musée du Louvre, inv. OA 7495 (de la Commanderie de Civray).

Cette plaque funéraire (0,32 x 0,20 cm) représente un unicum dans la production limousine, pour sa conception et son iconographie (Taburet-Delahaye 1995-1996). Réalisée en cuivre champlevé, gravé, émaillé et doré, elle fut mise à jour vers 1882 (Galopaud 1944, p. 304-305) sur le terrain de la commanderie par M. Métayer, qui fit réaliser une tranchée-avenue pour relier la maison au chemin en contrebas (Bobe 1935, p. 264 ; Le patrimoine des communes 2002, I, p. 184). Deux autres objets, « ayant forme de petits édifices » (des reliquaires ?) auraient été  récupérés au même temps mais ils ont disparu depuis (Bobe 1935, p. 264). Métayer n’ayant pas reconnu la valeur de la pièce, celle-ci passa rapidement dans la collection de Gaillard de la Dionnerie à Poitiers – membre de la Société des Antiquaires de l’Ouest, qui donna en premier la nouvelle de sa découverte au Congrès des Sociétés Savantes à Paris en 1883 (Molinier 1883, p. 94) – , puis, dans celle de Fréderic Engel-Gros au château de Ripaille en Haute-Savoie, pour être finalement donnée au Musée du Louvre en 1921 par les fils du dernier propriétaire (Dép. Objets d’art, OA 7495). Dans la partie supérieure, la plaque porte une image de dévotion avec deux figures d’applique en cuivre : un personnage habillé en moine avec les mains jointes en prière et, en face de lui, un saint debout, qu’un manteau semé de fleurs de lis et la couronne indiquent comme étant Saint-Louis (Rupin 1890, p. 167).

Plaque funéraire de Guy de Meyos. Paris, Musée du Louvre (inv. OA 7495) (de la Commanderie de Civray), détail de l'armoirie de Guy de Meyos.

Plaque funéraire de Guy de Meyos. Paris, Musée du Louvre (inv. OA 7495) (de la Commanderie de Civray), détail de l’armoirie de Guy de Meyos.

Le roi étend sa main droite en direction de l’homme ageunouillé comme pour l’accueillir dans le royaume des élus. Son geste donne ainsi une plus grande évidence à l’armoirie (d’or à trois lions de gueules, disposé deux et un) (armoirie 1), qui occupe déjà une place d’honneur au milieu de la composition. L’inscription, en lettres majuscules gothiques et distribuée sur sept linges, occupe le tiers inférieur de la plaque et nous informe de l’identité du personnage et de l’emplacement d’origine de l’émail : + OBIIT NOBILIS CLERICUS DOM/INUS GUIDO DE MEYIOS DIE SABB/ATI POST OCCULI MEI ANNO DOM/INI MILLESIMO TRICENTESIMO S/EXTO QUI FECIT CONSTRUI ISTA/M CAPELLAM ET SEPULTUS IACET/ HIC REQUIESCAT IN PACE AMEN (à savoir « le noble clerc, maître Guy de Meyos, est mort le samedi post le dimanche dans lequel on chante « oculi mei » [= troisième dimanche de Carême], l’an du Seigneur 1306 [= 6 mars 1307] ; il a fait construire cette chapelle et il y est enterré. Qu’il repose en paix, amen ») (Taburet-Delahaye 1998, p. 219-220).

La plaque faisait donc partie de l’ornementation de la chapelle funéraire bâtie par Guy de Meyos à l’intérieur de la commanderie de Civray, et notamment de son monument funéraire. Il sera donc intéressant de remarquer qu’en 1849 Faye visita la commanderie dans l’objectif de rechercher le tombeau d’un commandant dont il avait entendu parler, sans toutefois la trouver (Faye 1849, p. 461). Seul témoignage de ce type de production conservé pour la région  (Louis 2006, p. 169), elle fut produite à la veille de l’arrestation des Templiers (13 octobre 1307) et à courte distance de la canonisation de saint Louis (1297), dont elle constitue une des plus anciennes représentations comme saint (Louis 2006, p. 169) : cet élément témoigne de la forte dévotion envers le roi saint dans le territoire de la Vienne pendant le règne de Philippe le Bel.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Civray, commanderie (tombeau de Guy de Meyos), https://armma.saprat.fr/monument/commanderie-civray-tombeau-de-guy-de-meyos/, consulté le 21/11/2024.

 

Bibliographie études

L. Faye, « Notes historiques sur la ville de Sivray », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, s. 1, 5, 1849, p. 385-534.

P.-A. Brouillet, Indicateur archéologique de l’arrondissement de Civray. Canton de Couhé-Vérac, Civray 1865.

L. Rédet, Dictionnaire Topographique du département de la Vienne, Paris 1881.

Gaillard de la Dionnerie, R. de Lasteyrie, « Présentation de spécimens d’émaillerie limousine », dans Bulletin Archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1883, p. 11-12.

E. Molinier, « Supplément au recueil des inscription du Limousin », dans Documents historiques bas-latins provençaux et français concernant principalement la Marche et le Limousin, Limoges 1883, p. 90-120.

De la Rochebrochard, « Études sur quelques commanderies des Templiers d’Aquitaine », dans Revue Poitevine et Saintongeaise, 71, 1889.

E. Rupin, L’œuvre de Limoges, Paris 1890 (réimpression fac-simile Nogent-le-Roi 1977).

French Art 1200-1900, catalogue de l’exposition (Londres, Royal Academy of Arts 1932), Londres 1932, n. 576l.

A. Bobe, Histoire de Civray, Paris 1935.

E. Galopaud, « Un des très beaux objets d’art du Musée du Louvre », dans Bulletin et Mémoires de la Société archéologique de la Charente, 1944 (ou 1948), p. 301-307.

Saint Louis à la Sainte Chapelle, catalogue de l’exposition (Paris, Sainte-Chapelle 1960), Paris 1960, num. 178.

M.-M. Gauthier, « Les inscriptions des émaux champlevés limousins du XIIe au XIVe siècle : essai de classement et de chronologie », dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1976, p. 176-189 : à p. 191.

F. Semur, Abbayes, prieurés et commanderies de l’ancienne France : vers IVe siècle-vers XVIIIe siècle. Poitou, Charente, Vendée, Bannalec 1984.

De Hugues Capet à saint Louis, les capétiens et Senlis, catalogue de l’exposition (Senlis, Musée d’art et d’archéologie 1987), Senlis 1987, num. 11

Portraits du Louvre, catalogue de l’exposition (Tokyo 1991), Tokyo 1991, num. 40.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Civray, commanderie. Armoirie Guy de Meyos (armoirie 1)

D’or à trois lions de gueules.

  • Attribution : Meyos, Guy de
  • Position : Inconnue
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chapelle
  • Emplacement précis : Tombeau
  • Support armorié : Orfèvrerie
  • Structure actuelle de conservation : Paris, Musée du Louvre
  • Technique : Email
  • Période : 1301-1325
  • Dans le monument : Civray, commanderie (tombeau de Guy de Meyos)

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