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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Souvigny, maison dite « Le château »

 

Situé à quelques mètres de distance du prieuré de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, l’ensemble architectural connu sous le nom de « château » à Souvigny est formé par plusieurs corps de bâtiments construits à des époques différentes et remaniés à plusieurs reprises dans le temps. Bien qu’il n’apparaît dans les documents que dans le testament d’Archambaud IX de Bourbon de 1248 (Allier 1833, p. 401-402), des évidences archéologiques montrent que l’implantation d’une structure castrale à Souvigny, bourg de premier plan dans les possessions des seigneurs de Bourbon, remonte à une époque antérieure (Chalmin-Sirot 2019, p. 116), peut-être déjà au XIIe siècle (ibid., p. 127). Siège de la chambre des comptes en 1374 sous Louis II, qui choisit également le prieuré de Souvigny pour sa sépulture, et lieu de résidence privilégié de Anne de Forez, dauphine d’Auvergne, dans la deuxième moitié du XIVe siècle, l’ « hostel » de Souvigny fut régulièrement agrandi et rénové, jusqu’au début du XVIIe siècle, époque de la quelle datent certains plafonds réalisés dans le cadre d’un réaménagement des structures plus anciennes, qui inclut aussi la réalisation de nouvelles cheminées et ouvertures (ibid., p. 120, 123). Déjà en mauvais état lorsque Prosper Mérimée visita Souvigny au cours de son voyage en Auvergne de 1837 (Mérimée 1838, p. 389), le « château » fut partiellement inscrit au titre de Monument Historique en 1931 pour sa façade et sa toiture (base POP).

Joute entre cavaliers. Souvigny, maison dite Le château, grande salle.

Deux portes donnent accès à la cour intérieure du « château » où des différents corps de bâti se juxtaposent (base POP). Alors qu’un bâtiment avec mur pignon et une grande salle sous charpente, datant du XVe siècle, referme le côté est, une maison en retour d’enquerre aux origines bien plus anciennes délimite l’espace au nord. Identifiée par certains avec la maison des Palourdes que Jean de la Loz « bourgeois de Bourges » vend en 1378 à Louis II de Bourbon (Chalmin-Sirot 2019, p. 127), elle présente un mur pignon côté rue percé par une fenêtre à croisée plus tardive, tandis que sa façade occidentale présente encore une baie en plein cintre aux formes romanes (ibid., p. 123-124), dont l’embrasement est orné de peintures datant vraisemblablement de la deuxième moitié du XIIIe siècle (ibid., p. 126). À l’intérieur, au premier étage, l’édifice présentait une grande salle sous charpente, divisée par la suite en son hauteur en deux par un plancher moderne. Des fragments des peintures murales couvrant anciennement les murs de cet espace ont été ainsi préservés et sont actuellement visibles dans les combles de l’édifice (ibid., p. 124).

Joute entre cavaliers, détail du cavalier aux armes des Mercœur. Souvigny, maison dite Le château, grande salle.

Une scène de tournoi ornait le mur pignon ouest de la salle. Sur un fond blanc parsemé de fleurs rouges boutonnées de jaune et orné de cadres polylobés jaunes cernés d’un trait rouge, deux cavaliers s’affrontent armés d’une lance et de boucliers portant leurs armoiries (armoiries 1-2). Le cavalier de gauche présente des armes d’or à deux fasce de gueules que nous n’avons pas réussi à identifier pour l’instant (armoirie 1). Nous pouvons juste observer leur proximité à celles de la famille Chantemerle, qui sont reproduites dans la section de l’armorial de Gilles le Bouvier (vers 1455) consacrée au Bourbonnais (Paris, BnF, ms. Fr. 4985, f. 53r ; Antoine Robin, communication orale). Ils sont seigneurs de Chantemerle (Monétay), de Gondailly et de la Clayette depuis les XIIIe-XIVe siècles (De la Faige, De la Boutresse 1896, p. 28, 296), mais leurs rapport avec Souvigny restent à explorer. Dans l’écu du cavalier de droite nous reconnaissons en revanche les armes des Mercœur (armoirie 2) (Sigilla ; Antoine Robin, communication orale), une des famille parmi les plus importantes d’Auvergne jusqu’au milieu du XIVe siècle, qui se lia aux Bourbon par le biais du mariage entre Béraud VIII (ou VI) de Mercœur († après 1294) et Beatrix († 1274 ou 1281), fille d’Archambaud VIII de Bourbon, célébré en 1238 (Racines & Histoire). Il est cependant impossible d’affirmer si la réalisation de ce décor était en lien avec ce mariage, d’autant plus que nous ignorons si le décor peint comprenait d’autres éléments armoriés. Nous noterons cependant que les peintures murales figurant des cavaliers affrontés représentés joutant et muni de boucliers armoriés sont fréquentes au XIIIe siècle et dans la première moitié du XIVe siècle dans les demeures aristocratiques, notamment dans celles de la moyenne noblesse rurale (Le Deschault de Monredon 2015, p. 117-135 ; id. 2023). Déjà daté entre le dernier tiers du XIIIe siècle et la première moitié du XIVe, par la forme des boucliers (triangulaires, plutôt court et terminant dans une pointe bien prononcée), la peinture du château de Souvigny pourrait avoir été réalisée entre le dernier tiers du XIIIe siècle et le début du XIVe, vraisemblablement donc dans le cadre d’un chantier pictural d’envergure intéressant l’intégralité de la salle.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Souvigny, maison dite « Le château », https://armma.saprat.fr/monument/souvigny-maison-dite-le-chateau/, consulté le 09/10/2024.

 

Bibliographie études

De la Faige Aubert, De la Boutresse Roger, Les fiefs du Bourbonnais. La Palisse, notes et croquis, Paris-Moulins 1896.

Allier Achille, L’ancien Bourbonnais : histoire, monumens, mœurs, statistique, t. 1, Moulins 1833.

Chalmin-Sirot Elisabeth, « Le château de Souvigny, première résidence des seigneurs des Bourbon ? », dans O. Matteoni (dir.), Anne Dauphine (1358-1417), dernière comtesse de Forez, actes du colloque (Montbrison 2017), Montbrison 2019, p. 115-130.

Le Deschault de Monredon Térence, Le décor peint de la maison médiévale. Orner pour signifier avant 1350, Paris 2015.

Le Deschault de Monredon Térence, « Les peintures murales de la tour de Teyssieu (Lot) », dans La peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours, actes du colloque (Toulouse 2022), 2023 (Patrimoine du Sud, 18).

Mérimée Prosper, Notes d’un voyage en Auvergne et dans le Limousin, Pairs 1838.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Souvigny, maison dite « Le château ». Armoirie inconnue (armoirie 1)

D’or à deux fasces de gueules.

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Position : Intérieur
  • Étage : 1er étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Grande salle
  • Emplacement précis : Mur pignon
  • Support armorié : Mur
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Peinture murale
  • Période : 1276-1300 ; 1301-1325
  • Dans le monument : Souvigny, maison dite « Le château »

Souvigny, maison dite « Le château ». Armoirie Mercœur (armoirie 2)

De gueules à trois fasces de vair.

  • Attribution : Mercœur famille
  • Position : Intérieur
  • Étage : 1er étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Grande salle
  • Emplacement précis : Mur pignon
  • Support armorié : Mur
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Peinture murale
  • Période : 1276-1300 ; 1301-1325
  • Dans le monument : Souvigny, maison dite « Le château »

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