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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l’aumônerie)

 

Peu de vestiges restent du grand bâtiment qui abritait l’aumônerie de l’abbaye, jadis relié aux édifices qui composaient l’aile occidentale du cloître et longeant l’actuelle rue homonyme (Brouillet 1865, pl. 28). Documenté une première fois en 1103, il fut reconstruit au début du XIIIe siècle et puis restauré au XVe-XVIe siècle, comme l’on déduit de l’examen des maçonneries et des éléments architectoniques conservés (Bourgeois 2005, p. 54), mais il fut en fin détruit en 1631. Il en subsiste le porche traversant la rue Saint-Sulpice dont les arcades reposent sur des colonnes (partiellement enfouie par les remblais) ornées par des massifs chapiteaux sculptés de style roman. Il est surmonté par une structure résidentielle à deux étages qui, probablement, étaient desservies par la tourelle adjointe à la fin du Moyen Age sur le front méridionale. Placée à l’ouest du complexe abbatial, cette porte constituait un des accès principaux pour les laïcs (Berger-Wagon et al. 2014, p. 31). En effet, sous la voûte du porche des ouvertures donnaient accès aux salles destinées à l’accueil des pèlerins et des voyageurs (Le patrimoine des communes, I, p. 59).

Des éléments héraldiques marquaient l’édifice et en mettaient en valeur la fonction publique de seuil. Le front de la tour qui donnait en direction de la place devant l’entrée de l’église abbatiale fut alors orné par une grand écu aux armes du roi de France (armoirie 1).

Charroux, abbaye Saint-Sauveur, porte de l’Aumônerie, détail de la fenêtre et de l'armoirie royale.

Charroux, abbaye Saint-Sauveur, porte de l’Aumônerie, détail de la fenêtre et de l’armoirie royale.

Le relief surmonte une grande fenêtre rectangulaire style renaissance qui, à l’origine, devait présenter des meneaux en croix (on reconnait encore les points de départ et d’appui des éléments). Bien que l’armoirie ait été bûchée, bien probablement à l’époque de la Révolution, on y reconnait facilement les trois fleurs de lys – disposées 2 et 1 selon le schéma stablement adopté pour les armes de France depuis 1376 (Hablot 2007, p. 621) – et la couronne qui timbrait l’écu.  Abbaye royale, qui vantait une légendaire fondation par Charles Magne, Charroux a vu ses liens avec la court ses resserrer dans la seconde moitié du XVe siècle, grâce aux dons et privilèges élargis par Charles VII et Louis XI, dans le contexte de la restauration de l’établissement après la guerre de Cent ans (voir, par exemple, De Monsabert 1910, p. 356, doc. CCXXVII, 13 juin 1471). Notamment, Louis XI reconnaît aux abbés de Charroux les droits de justice, de propriété et seigneurie et juridiction de la châtellenie de Charroux (Dom Fontaneau cité par Brouillet 1865, p. 86). Il est donc possible que cette armoirie, bien visible pour ses dimensions et son emplacement sur l’entrée du complexe, indiquait le statut spécial de l’abbaye et, au même temps, montrait l’origine du pouvoir administratif de l’abbé. Le relief daterait alors de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, époque dans laquelle les abbés Jean Chaperon et Louis Fresneau (1481-1504) s’engageaient dans la réhabilitation de l’abbaye.

D’autres éléments armoriés se trouvent à l’intérieur de l’édifice, dans la salle au premier étage. A défaut d’un examen direct de ces témoignages, puisqu’on n’a pas eu accès à la salle, et des documents qui clarifient la fonction et l’évolution architectonique du bâtiment, nous en referons sur la base des descriptions disponibles. Nous apprenons ainsi que le manteau de la cheminée est orné par une armoirie en relief à deux chevrons d’hermine (Brouillet 1865, p. 81) (armoirie 2) qui a été identifiée avec l’armoirie des Richelieu (Le patrimoine des communes, I, p. 59). Cette identification est surement à rejeter, puisque les armes de cette famille étaient bien différentes (d’argent à trois chevrons de gueules) et aucune altération aurait pu les réduire dans la forme visible à Charroux. Par contre, le sol de la salle serait couvert par des carreaux décorés avec des fleurs de lis, des châteaux et des animaux (Le patrimoine des communes, I, p. 59) (des lions ?) : un carrelage très proche, pour les thèmes représentes, à celui qui couvrait les salles du Palais des comtes à Poitiers, dont des éléments sont conservés au Musée Saint-Croix. Il s’agirait donc d’un carrelage datable dans les années d’Alphonse de Poitiers qui aurait pu avoir survécu aux transformation de l’édifice ou avoir été réutilisé dans la salle de la tour.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l’aumônerie), https://armma.saprat.fr/monument/abbaye-saint-sauveur-porte-de-laumonerie-charroux/, consulté le 16/04/2024.

 

Bibliographie études

P. De Monsabert,Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Charroux, Poitiers 1910 (Archives historiques du Poitou, 39).

Le patrimoine des communes de la Vienne, sous la dir. de A. Guihéneuc, R. Toulouse, Paris 2002.

L. Bourgeois,« Charroux (Vienne) », dansLes petites villes du Haut-Poitou de l’Antiquité au Moyen Age. Formes et monuments, t. 2. Angles sur l’Anglin, Argenton-Château, Charroux, Melle, Parthenay, Rom, sous la dir. de Id., Chauvigny 2005, p. 43-75.

L. Hablot, « Sous les fleurs de lis. L’utilisation des armoiries royales comme outil de gouvernement par les Capétiens directs », dans Convaincre et persuader: communication et propagande aux XIIe et XIIIe siècles, études réunies par M. Aurell, Poitiers 2007, pp. 615-648.

I. Berger-Wagon et al., Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (A.V.A.P.). Commune de Charroux (86). Diagnostic, s.l. 2014.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l’aumônerie). Armoirie du roi de France (armoirie 1)

D'(azur) à trois fleurs de lis d'(or), disposées 2 et 1.

Timbre : une couronne.

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Roi de France
  • Position : Extérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Façade ; Tour porche
  • Emplacement précis : Mur nord
  • Support armorié : Cadre
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l'aumônerie)

Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l’aumônerie). Armoirie inconnue (armoirie 2)

De… à deux chevrons d’hermine.

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Position : Intérieur
  • Étage : 1er étage
  • Pièce / Partie de l'édifice : Salle ; Tour porche
  • Emplacement précis : Cheminée
  • Support armorié : Manteau de cheminée
  • Structure actuelle de conservation : Lieu inconnu
  • Technique : Relief en pierre
  • Période : 1476-1500 ; 1501-1525
  • Dans le monument : Charroux, abbaye Saint-Sauveur (porte de l'aumônerie)

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