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ARmorial Monumental du Moyen-Âge
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Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

 

Érigée probablement dans la première moitié du XIIe siècle (Poitiers, DRAC Novelle Aquitaine, CRMH, Étude préalable, p. 2), à la même époque du château et du prieuré proches aujourd’hui disparus, et classée aux titre des Monuments Historiques en 1914 (base POP), l’église Saint-Etienne de Celle-Levescault fut largement remaniée au XIVe et au XVe siècle. De la fin du XIVe siècle dateraient le clocher porche – ajouté contre la façade occidentale conservant l’ancien portail – tandis que la reconstruction d’une partie des voûtes d’ogive qui couvraient l’édifice depuis la fin du XIIème siècle aurait été effectuée en plusieurs reprises pendant le XIVe et le XVe siècle (des massons ont été payés pour des travaux probablement réalisés à l’église en 1444-1445 : Crozet 1942, p. 127, num. 506). L’église, dont l’aspect est conforme aux caractères du gothique angevin, est formée d’une nef unique, divisée en trois travées, et d’un chœur à chevet plat, composé de deux travées et éclairé par un triplet de baies, dont celle au centre est de taille majeure. Une tour clocher surmontait à l’origine la dernière travée de la nef. Dans la nef sont encore visibles des consoles figurées destinées à soutenir les poutres d’une charpente en berceau, peut-être jamais réalisée (Poitiers, DRAC Novelle Aquitaine, CRMH, Dossier de recensement).

Clef de voûte aux armes de Jean du Bellay. Celle-Levescault, église Saint-Etienne, chevet.

L’édifice présente encore de nos jours une belle série de clés de voûte armoriées (armoiries 1-4, 6) et un écusson est aussi sculpté sur la clé de l’arc doubleau qui sépare les deux travées du chœur, du côté de la nef (armoirie 5). Les armories sont traditionnellement attribuées aux évêques de Poitiers qui seraient intervenus dans l’aménagement de l’édifice, et notamment dans la construction des voûtes couvrant la nef et le chevet, réalisées au sein d’un chantier étalé tout au long du XIVe et du XVe siècles. L’église Saint-Etienne de Celle-Lévescaut (Cella episcopalis) était en effet un fondation épiscopale et était le siège d’une collégiale soumise au patronage de l’évêque poitevin (Chamard 1873, p. 436), qui en nommait le prieur présidant, au XIIIe siècle, une communauté de neuf chanoines (Beachet-Filleau 1868, p. 226 ; Chamard 1873, p. 437, note 1 ; Favreau 1988, p. 57-58). Le rôle des évêques de Poitiers comme promoteurs des travaux de réfection de l’église semble prouvé par l’écusson aux armes du Bellay visible sur la clef de la deuxième travée du chevet (armoirie 6). Posé sur une crosse, il identifie incontestablement Jean du Bellay († 1479) (Crozet 1942, p. 147, num. 574b), évêque de Poitiers en 1462-1479 (Bibale ; Vallière 2008, p. 171-174), dont les armes sont connues également par plusieurs attestations monumentales (Paris, BnF, Lat. 17042, f. 401 : Collecta).

Clef de voûte aux armes de l’abbé Guérin Boisseau (Bouesseau). Celle-Levescault, église Saint-Etienne, chevet.

L’identité de l’écu armorié qui précède celui aux armes de Jean du Bellay sur la première travée du chevet apparaît moins evidente (armoirie 4). Posée sur une crosse episcopale, l’armoirie – qui est également reproduite sur la clef de voûte de l’arc doubleau qui sépare les deux travées (armoirie 5), de manière à être vue de la nef – présente trois lions issant d’un boisseau et rappelle celle des Bouesseau (Vaivre 1985), famille de Bourgogne qui ne semble toutefois pas avoir fourni d’évêques au XIVe-XVe siècle ni à Poitiers, ni à d’autres diocèses français. Cependant un Guérin Boisseau (Bouesseau) est connu comme abbé de Saint-Benoît de Quinçay dans les années 1468-1482 (Monsabert 1911-1912, p. 265 ; Fouchier 1862, p. 458) et, surtout, fut vicaire général de Jean du Bellay entre 1466 et 1479 (Vallière 2008, p. 173, 228, 431). Il est donc très probable que Guérin Boisseau, en vertu de son rôle de représentant d’un évêque qui fut rarement présent dans son diocèse, eut un rôle de co-promoteur de la reconstruction du chevet de l’église Saint-Etienne, où il fit représenter ses armes. Pour mettre en exergue son statut de vicaire de l’évêque il aurait donc délibérément échangé la crosse d’abbé avec celle episcopale, même si nous ne pouvons pas totalement exclure la présence d’une erreur de la part du sculpteur qui réalisa les deux clés de voute. La représentation des armoiries de l’abbé de Saint-Benoît de Quinçay permet ainsi de dater la réalisation du chevet de l’église avec une certaine précision aux années 1466-1479.

Bien plus douteuse est l’identification de l’écu armorié figurant sur la voûte de la troisième travée de la nef (armoirie 3), déjà attribué aux évêques poitevins Arnaud d’Aux (1304-1312) ou Fort (ou Fortius) d’Aux (1314-1357) (Crozet 1942, p. 68, num. 280 ; Poitiers, DRAC Novelle Aquitaine, CRMH, Étude préalable, p. 2), son neveu, dont la famille portait des armes à trois roquets (Beauchet-Filleau 1891, p. 190). L’attribution de l’armoirie à ce deuxième personnage demeure la plus plausible. Non seulement la présence d’une étoile en chef laisse penser à une brisure de l’armoiries familiale, qui s’adapterait bien à Fort étant celui-ci le fils cadet de Guillaume d’Aux (ibid.), mais également la forme étirée de l’écu suggère une datation pas antérieure au milieu du XIVe siècle. Malheureusement, puisque l’écu armorié figuré sur le sceau du prélat est presque totalement illisible (Sigilla), nous manquons de documents permettant de confirmer l’identification de l’armoirie. Également inconnue demeure l’identité de l’armoirie figurée sur la voûte de la deuxième travée (armoirie 2), qui présente une roue à huit rayons accompagnée d’une pointe de flèche (ou de lance), tandis qu’aucune armoirie n’apparaît sur l’écusson sculpté sur la clef de voûte de la première travée (armoirie 1) . Si l’authenticité de ces deux dernières clefs de voûte peut paraître douteuse, nous signalerons qu’aucune intervention d’envergure semble avoir intéressé la couverture de la nef aux XIXe-XXe siècles et que la restauration réalisée par Goubert en 1932 se limita au piquetage des enduits des voûtes, au remaillage des fissures et à la réfection des joints de la maçonnerie des voûtains. A cette intervention ou à une phase successive de travaux pourraient remonter les traces de peintures visibles sur l’extrémité gauche de l’écusson sculpté sur la clef de voûte de la première travée (armoirie 1).

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Celle-Lévescault, église Saint-Étienne, https://armma.saprat.fr/monument/eglise-saint-etienne-celle-levescault/, consulté le 16/04/2024.

 

Bibliographie sources

Poitiers, DRAC Novelle Aquitaine, CRMH, 86 Celle L’Evescault, église. Dossier de recensement.

Poitiers, DRAC Novelle Aquitaine, CRMH, Vienne-Celle l’Evescault, église Saint-Etienne. Étude préalable à la restauration générale de l’édifice, octobre 2001.

Bibliographie études

Beauchet-Filleau Henri, De Chergé Charles, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 1, Poitiers 1891.

Beauchet-Filleau Henri, Pouillé du diocèse de Poitiers, Niort-Poitiers 1868.

Chamard François, « Histoire ecclésiastique du Poitou », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 37, 1873, p. 59-492.

Crozet René, Textes et documents relatifs à l’histoire des arts en Poitou (Moyen âge – Début de la Renaissance), Poitiers 1942.

Favreau Robert, « Un siècle d’équilibre », dans Id. (dir.), Histoire du diocèse de Poitiers, Poitiers 1988, p. 53-65.

Fouchier Edouard de, « Un poitevin en Roussillon au XVe siècle », Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, 27, 1862, p. 427-462.

Monsabert Pierre de, « État sommaire des fonds concernant l’histoire monastique conservés dans la série H des archives départementales de la Vienne (suite) », Revue Mabillon, 7, 1911-1912, p. 253-287.

Vaivre Jean-Bernard de, « Un manuscrit ayant appartenu à Nicolas Bouesseau, maître des comptes du duc de Bourgogne », Archivum heraldicum, 99, 1985, p. 38-42.

Vallière Laurent, Le diocèse de Poitiers (Fasti Ecclesiae Gallicanae, t. 10), Turnhout 2008.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie vierge (armoirie 1)

De…

  • Attribution : Armoirie vierge
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : travée Ière ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1351-1375 ; 1376-1400
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie inconnue (armoirie 2)

De… à une roue à huit rayons de… accompagnée en pointe d’un fer de flèche de… tourné vers le haut.

  • Attribution : Armoirie inconnue
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : travée IIème ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1351-1375 ; 1376-1400
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie Fort (Fortius) d’Aux ? (armoirie 3)

D’(or ?) à trois roquets de (sable ?), accompagnés en chef d’une étoile de huit rais de…

  • Attribution : D'Aux Fort (Fortius)
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Nef
  • Emplacement précis : travée IIIème ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1326-1350 ; 1351-1375
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie Guérin Boisseau (Bouesseau) ? (armoirie 4)

De (sable ?) à trois lions d'(argent ?), chacun issant d’un boisseau d'(or ?).

  • Attribution : Boisseau (Bouesseau) Guérin
  • Timbre : Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : travée Ière ; Voûte
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie Guérin Boisseau (Bouesseau) ? (armoirie 5)

De (sable ?) à trois lions d'(argent ?), chacun issant d’un boisseau d'(or ?).

  • Attribution : Boisseau (Bouesseau) Guérin
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : Arc doubleau
  • Support armorié : Clef d'arc
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

Celle-Lévescault, église Saint-Étienne. Armoirie Jean du Bellay (armoirie 6)

D’(argent) à la bande de fusées de (gueules) accompagnée de six fleurs de lys d’(azur) rangées en orle.

  • Attribution : Du Bellay Jean
  • Timbre : Une crosse épiscopale/d'abbé
  • Position : Intérieur
  • Pièce / Partie de l'édifice : Chevet
  • Emplacement précis : travée IIème
  • Support armorié : Clef de voûte
  • Structure actuelle de conservation : In situ
  • Technique : Sculpture en pierre
  • Période : 1451-1475 ; 1476-1500
  • Dans le monument : Celle-Lévescault, église Saint-Étienne

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